Le dollar rebondit. Les craintes concernant l’arrêt du gaz russe pourraient ramener le taux de change contre l’euro vers la parité

Economie & Finance

L’indice du dollar américain, qui mesure la performance du billet vert par rapport à un panier d’autres grandes devises, a légèrement augmenté de 0,59% à 106,98 dans les échanges mardi 26 juillet. Après avoir atteint un sommet de plusieurs décennies au début du mois, atteignant la parité avec l’euro pour la première fois depuis 2002, le dollar a perdu un peu de sa vigueur lorsque les investisseurs ont intégré la possibilité que la Fed annonce une hausse des taux de 100 points de base le 27 juillet, et non de 75 points de base. En cours de redressement : croisement euro/dollar à 1,0135 (-0,75%). Les experts sont divisés : il y a ceux, comme Ing, qui pensent que la perspective d’une hausse des taux américains de 75 points de base peut protéger le dollar de toute faiblesse des données macroéconomiques américaines et ceux, comme FXTM, qui sont convaincus qu’une hausse de 75 points de base des taux américains pourrait ne pas être suffisante pour maintenir le dollar soutenu.

“Un tel mouvement doit être complété par des commentaires fermement agressifs du président de la Fed, Jerome Powell, alimentant les spéculations sur des hausses plus agressives cette année”, indique Lukman Otunuga, analyste chez FXTM, cité par l’agence de presse Mf-DowJOnes. “Si la Fed décide d’un
une hausse des taux plus faible que prévu, le dollar pourrait s’effondrer et un Powell prudent ajouterait la dérision à la blessure”.

Le scénario est donc que le président Powell annonce une hausse des taux de 75 points de base, l’attention des marchés étant désormais focalisée sur le ton qu’adoptera le président de la Fed : “restera-t-il pleinement engagé dans la maîtrise de l’inflation ou se montrera-t-il plutôt préoccupé par les perspectives de croissance de l’économie américaine ?”, s’interroge Ricardo Evangelista, analyste senior chez ActivTrades pour qui la direction donnée par le président de la Fed lors de ses déclarations mercredi déterminera la performance du dollar dans les prochaines semaines.

La crainte d’un arrêt du gaz russe pourrait ramener le taux de change euro/dollar vers la parité.

Sur le front des nouvelles, la plus pertinente, qui a également pu faire bouger les taux de change, a été la décision de Gazprom de fermer un autre moteur du gazoduc Nord Stream 1. Le 27 juillet, elle réduira le flux de gaz vers l’Allemagne via Nord Stream 1 à 33 millions de mètres cubes par jour, soit environ la moitié du flux actuel, qui est déjà réduit à 40% de la capacité normale. Entre-temps, les pays de l’UE ont approuvé le plan d’urgence visant à réduire la demande de gaz, après être parvenus à un compromis visant à limiter les réductions pour certains États (certains s’étaient opposés à la proposition initiale de l’UE d’imposer une réduction contraignante de 15 % pour tous). Mais les prix européens du gaz restent élevés : +9,8% à 194 euros par mégawattheure. “La menace d’un arrêt complet des livraisons de gaz russe à l’Europe devrait limiter tout redressement de l’euro par rapport au dollar et éventuellement déclencher une nouvelle baisse vers la parité”, prévoient-ils à Ing. “Le risque perçu d’un arrêt complet des flux russes par le gazoduc Nord Stream a augmenté une fois de plus. Un tel scénario est devenu une menace constante et tangible, qui pourrait continuer à limiter l’intérêt d’achat pour les devises européennes.”

Mais à quelle vitesse le ralentissement de l’activité économique entraînera-t-il une baisse de l’inflation ?

Si la hausse surprenante de 50 points de base de la BCE a eu, contre toute attente, peu d’impact sur la monnaie commune, elle a bénéficié de l’affaiblissement général du dollar américain. Les monnaies liées aux matières premières, qu’il s’agisse des pays du G10 ou des marchés émergents, ont enregistré de bonnes performances cette semaine grâce à la stabilisation des prix des matières premières, souligne l’équipe d’Ebury, qui, outre la Fed du mercredi 27 juillet, surveille également les rapports sur l’inflation aux États-Unis et dans la zone euro, tous deux attendus le vendredi 29 juillet.

“La question clé que se posent les marchés est de savoir à quelle vitesse le ralentissement de l’activité économique, évident dans la plupart des zones économiques, entraînera une baisse de l’inflation. Ce sera la principale question que la Réserve fédérale devra poser lors de sa réunion du 27 juillet”, ajoute l’équipe d’Ebury, convaincue que des hausses de taux aussi importantes appartiennent désormais au passé “et qu’il faudra revenir à 25 ou 50 points de base pour la Fed après la réunion de juillet, ce qui pourrait limiter les gains du dollar.” Toutefois, si l’on se réfère aux précédents historiques, a prévenu Nadège Dufossé, responsable mondiale du Multi-Asset chez Candriam, plus nous nous rapprochons d’une récession, plus le dollar américain pourrait s’affaiblir face au yen, à l’euro et au franc suisse. ()