Le Credit Suisse rebondit à Zurich, pourquoi il n’est pas Lehman Brothers selon Citi

Economie & Finance

Les actions de Credit Suisse rebondissent après un lundi noir dû aux inquiétudes sur sa santé financière. L’action a repris +3,63% à CHF 4.082, mais la veille, en intraday, elle est venue perdre 12%, glissant vers un nouveau plus bas historique à EUR 3.758 (depuis le début de l’année, la capitalisation s’est effondrée de CHF 30 milliards à CHF 10 milliards). Et le swap sur défaillance de crédit (cds) à cinq ans s’est élargi à 325 points de base (+48% le mois dernier). L’aveu ce week-end par le PDG, Ulrich Körner, à ses employés que la banque traverse un “moment critique”, avec la promesse de mises à jour périodiques jusqu’à la présentation du nouveau plan stratégique le 27 octobre, a alimenté la méfiance envers le géant bancaire suisse, déficitaire et impliqué dans de graves scandales, comme ceux d’Archegos et de Greensill. Le report au quatrième trimestre, en raison de la volatilité du marché, de l’augmentation de capital du Credit Suisse Real Estate Fund Green Property n’a pas aidé non plus.

Le marché prévoit déjà une augmentation de capital d’au moins 4 milliards de francs suisses.

Il est urgent de faire une cure d’amaigrissement avec des cessions d’actifs et des réductions de personnel pour ramener les coûts de 19 milliards de francs en 2021 à 15,5 milliards, mais le marché escompte déjà dans les cours (-57% depuis le début de l’année) une augmentation de capital avec laquelle financer la restructuration. Les analystes de la Deutsche Bank et de Kwb tablaient sur une recapitalisation de 4 milliards de francs. Certes, selon Citi, à court terme, l’élargissement des écarts de crédit peut exacerber les craintes du marché, provoquer une couverture médiatique négative et nuire à la confiance des contreparties, tout en augmentant les coûts de financement. Mais à plus long terme, plus le cours de l’action baisse, plus toute augmentation de capital est dilutive (et vice versa), ce qui limite l’ampleur de toute restructuration de la banque d’investissement que le Credit Suisse peut entreprendre.

C’est pourquoi le Credit Suisse ne peut être comparé à Lehman Brothers en 2008 ou à la Deutsche Bank en 2016.

Mais que l’on ne dise pas que l’on est en 2008, que Citi a expliqué, que Credit Suisse n’est pas Lehman Brothers. “Nous ne voudrions pas faire de parallèle avec les banques en 2008 ou la Deutsche Bank en 2016. Le Credit Suisse a un ratio de capital Cet1 de 13,5 pour cent, ce qui est élevé par rapport à ses concurrents, et impliquerait un excédent de capital d’environ 2,5 milliards de francs suisses par rapport à un ratio de 12,5 pour cent, qui est le niveau que nous pensons atteindre après l’abandon des produits titrisés”, a noté la banque d’investissement.

Liquidité OK, attention aux coûts de financement

Par ailleurs, le ratio de couverture des liquidités (LCR) (un ratio qui vise à garantir qu’une banque maintient un niveau adéquat d’actifs liquides de haute qualité non grevés pouvant être convertis en liquidités pour répondre à ses besoins de liquidités), qui s’établit à 191 %, est l’un des meilleurs de sa catégorie, avec un portefeuille d’actifs liquides de haute qualité (HQLA) de 235 milliards de francs suisses, de sorte que la position de liquidité est très solide. Plutôt qu’un problème de liquidité, Citi considère le mouvement actuel du spread comme un inconvénient pour les coûts de financement, avec une augmentation pouvant atteindre 0,3 milliard de francs suisses, et pour la banque privée, où il existe un risque de nouvelles sorties de fonds”, a prévenu Citi, qui a analysé les options de restructuration de la banque d’investissement, à laquelle elle a d’ailleurs déjà appliqué une valeur négative dans son évaluation de la somme des actions de Credit Suisse.

Citi : Le Credit Suisse est un achat pour les courageux

“Selon nous, une sortie des produits titrisés est plausible sans qu’il soit nécessaire de procéder à une augmentation de capital. Cependant, une sortie plus large, par exemple de la finance à effet de levier et du crédit, pourrait s’avérer plus coûteuse et pousser la banque à avoir besoin de plus de capital”, a déclaré Citi. Le débat ne porte donc plus sur le Rote (taux de rendement des capitaux propres tangibles, ndlr) que le Credit Suisse peut atteindre (taux à un chiffre pour Citi d’ici 2024, bien en dessous de l’objectif de 10 pour cent), mais le marché semble plutôt évaluer la capacité de la direction à restructurer la banque d’investissement. “Le marché semble plutôt tabler sur une augmentation de capital hautement dilutive. Nous ne pensons pas qu’il s’agisse d’une fatalité, et nous pensons donc que le Credit Suisse est un “buy” (note d’achat et prix cible de 6 CHF, ndlr) pour le courageux à ces niveaux de prix, mais le flux de nouvelles est susceptible de rester négatif et nous voyons un risque d’exécution significatif pour tout nouveau plan stratégique”, a ajouté Citi. En effet, pour de nombreux analystes, le Credit Suisse est “trop gros pour faire faillite” et si le CEO Körner ne réussit pas la restructuration, la banque suisse pourrait également être renflouée par le Conseil fédéral. ()