De Guindos (BCE) : La récession seule ne réduira pas l’inflation. Comment comprendre quand le marché baissier prendra fin

Economie & Finance

La zone euro pourrait connaître une récession au cours de l’hiver, mais cela ne suffira pas à réduire l’inflation, qui était de 9,1 % en août, sans de nouvelles hausses de taux. “Les marchés pensent que le ralentissement économique peut à lui seul réduire l’inflation”, a déclaré Luis de Guindos, vice-président de la Banque centrale européenne. “En réalité, c’est incorrect. La politique monétaire doit apporter sa contribution”, a-t-il précisé.

Les marchés s’attendent à ce que le taux de dépôt dépasse 2,5 % au printemps 2023.

La BCE a promis des hausses de taux à chacune de ses prochaines réunions (la première le 27 octobre) et les marchés s’attendent à ce que le taux de dépôt dépasse 2,5 % d’ici le printemps prochain, contre le niveau actuel de 0,75 %. M. De Guindos a ajouté que les données récentes indiquent un ralentissement substantiel de l’économie et que les prévisions de la BCE concernant la stagnation de la croissance pendant les mois d’hiver risquent de s’aggraver. Pas seulement ça. L’inflation est “très, très” élevée et dépasse largement l’objectif de 2 % de la BCE jusqu’en 2024, selon M. De Guindos, et la prolongation potentielle de la guerre en Ukraine devrait maintenir ce taux élevé plus longtemps.

Le 8 septembre dernier, lorsque la BCE a relevé ses taux de 75 points de base, les techniciens de Francfort ont sensiblement revu à la hausse les estimations de l’inflation dans la zone euro : à 8,1 % en 2022, 5,5 % en 2023 et 2,3 % en 2024. Il y a trois mois, ils prévoyaient une inflation de 6,8 % cette année, de 3,5 % en 2023 et de 2,1 % en 2024. La révision à la baisse des estimations du PIB de la zone euro est également pertinente : 3,1% en 2022, 0,9% en 2023, 1,9% en 2024.

La BCE n’est pas moins belliqueuse que la Fed.

La BCE n’est donc pas moins belliciste que la Fed, qui relèvera ses taux (de 75 ou 100 points de base ?) ce soir à 20 heures pour juguler une inflation qui, bien qu’en baisse en août par rapport à juillet (8,3% contre 8,5%), est supérieure aux attentes du marché et de la Banque centrale américaine elle-même. Surtout, l’inflation de base a été élevée (0,6 % sur une base mensuelle contre 0,3 % en juillet et 6,3 % sur une base annuelle), ce qui indique que la croissance des prix, déduction faite des composantes les plus volatiles (énergie et alimentation), est désormais généralisée, ce qui la rend plus difficile à contrôler. “Les marchés s’attendent à des hausses cumulées entre 175 points de base et 200 points de base entre septembre et décembre, ce qui poussera inévitablement le système économique vers la récession. La première des augmentations aujourd’hui pourrait être de 100 points de base, étant donné la résistance à la baisse de l’inflation”, a prédit Antonio Tognoli, responsable de l’analyse macro chez Cfo Sim.

La probabilité d’une récession aux États-Unis est passée à 78 %.

La probabilité d’une récession aux États-Unis est passée à 78 % (elle était de 60 % en août). “Les effets d’une récession sont différents en fonction de la profondeur et de la durée de la récession, ainsi que de la période historique dans laquelle on se trouve. Il s’agit notamment d’une baisse de la production, d’une augmentation de l’inflation et d’une forte volatilité sur les marchés financiers. Même sortir d’une récession implique différentes solutions en fonction de la façon dont on y est entré et de la gravité de la situation : réduire les dépenses courantes, réduire les taux d’intérêt, augmenter la demande de biens et de services”, a expliqué M. Tognoli.

Le meilleur moment pour acheter des actions ? Lorsque le début de la récession est annoncé

L’entrée et la sortie d’une récession s’accompagnent d’une augmentation de la volatilité sur les marchés financiers. La question est donc la suivante : quel est le meilleur moment pour acheter des actions ? Tognoli regarde les statistiques. Historiquement, le meilleur moment pour acheter des actions est lorsque le National Bureau of Economic Research annonce le début d’une récession, car il faut au moins six mois pour décréter son début. Étant donné que la récession moyenne de l’après-guerre dure 11,1 mois, le bon moment serait souvent celui où la fin de la récession est déjà proche, a suggéré M. Tognoli.

Les investisseurs ont tendance à anticiper le début de la reprise bien plus tôt que ne le fait le National Bureau of Economic Research, et les actions commencent donc à augmenter en même temps que le véritable redressement économique. La dernière grande récession, par exemple, a été officiellement annoncée le 1er décembre 2008, en fait un an après son début. La récession a pris fin en juin 2009, mais le marché baissier s’est terminé trois mois plus tôt, le 6 mars 2009. M. Tognoli a également rappelé que le marché haussier qui a suivi a duré plus d’une décennie, sans doute grâce à l’action conjointe de plusieurs composantes positives.

Tognoli (Cfo Sim) : le marché baissier pourrait se terminer en janvier/février 2023.

Si l’on suit les statistiques, cela signifie que si la récession a commencé en juin 2022 avec la publication de la baisse du PIB au deuxième trimestre 2022, elle pourrait se terminer en mai 2023, soit 11 mois plus tard”, a estimé M. Tognoli. “Si l’effet d’anticipation était similaire à celui de la dernière récession (trois mois), cela signifierait que le marché baissier pourrait se terminer en janvier/février 2023. Puis si la paix éclate…”. (reproduction restreinte)