Aggravation des prévisions d’inflation parmi les consommateurs de la zone euro, la BCE confirme qu’elle est prête à relever à nouveau ses taux.

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La BCE confirme qu’elle est prête à relever à nouveau ses taux lors des prochaines réunions et s’inquiète de la volatilité accrue du spread Btp/Bund, reflet de la crise politique en Italie. Après la hausse des taux d’intérêt de 0,50 point décidée en juillet, il conviendra de poursuivre la normalisation des taux d’intérêt lors des prochaines réunions du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne. Mais le fait d’avoir anticipé la sortie des taux négatifs en juillet permet au Conseil des gouverneurs de “passer à une approche où les décisions de taux sont prises au cas par cas”, a rappelé la BCE dans son bulletin économique. Bien entendu, l’évolution future des taux directeurs continuera à dépendre des données et contribuera à la réalisation de l’objectif d’une inflation de 2 % (8,9 % en juillet dans la zone euro, ndlr) à moyen terme.

BCE : plus qu’une ombre au tableau des perspectives pour le second semestre de 2022 et au-delà

Il est également vrai que l’activité économique dans la zone euro “ralentit”, la guerre en Ukraine représentant “un frein persistant à la croissance”, tandis que l’impact d’une inflation élevée sur le pouvoir d’achat, les contraintes persistantes du côté de l’offre et l’incertitude accrue exercent un “effet modérateur sur l’économie”. En outre, selon l’institution monétaire, les entreprises continuent à faire face à des coûts plus élevés et à des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement, “bien qu’il y ait des signes timides d’un allègement de certains goulets d’étranglement”. Ensemble, ces facteurs jettent “plus qu’une ombre sur les perspectives pour le second semestre de 2022 et au-delà”, a averti Eurotower. Mais dans le même temps, l’activité économique continue de bénéficier de la réouverture de l’économie, de la vigueur du marché du travail et du soutien apporté par les politiques budgétaires.

L’inflation restera au-dessus des niveaux souhaitables pendant un certain temps.

En ce qui concerne l’inflation, en raison des pressions continues exercées par les prix de l’énergie et des produits alimentaires et des tensions inflationnistes le long de la chaîne de formation des prix, le Conseil des gouverneurs s’attend à ce que l’inflation reste à des niveaux supérieurs à ceux souhaités pendant un certain temps. L’augmentation des pressions inflationnistes résulte également de la dépréciation du taux de change de l’euro. À plus long terme, cependant, en l’absence de nouvelles perturbations, “les coûts de l’énergie devraient se stabiliser et les goulets d’étranglement du côté de l’offre devraient s’atténuer”. Et ces aspects, ainsi que la normalisation en cours de la politique monétaire, devraient contribuer au retour de l’inflation vers l’objectif fixé par l’Institut central européen.

Les conditions sur le marché du travail restent également solides. En mai, le chômage est tombé à un niveau record de 6,6 %. Les offres d’emploi dans de nombreux secteurs ont montré qu’il existait une forte demande de main-d’œuvre. La croissance des salaires, également sur la base des indicateurs avancés, a continué d’augmenter progressivement au cours des derniers mois, tout en restant globalement modérée, a encore noté la BCE dans son Bulletin économique. Et à terme, le renforcement de l’économie et certains effets de rattrapage devraient favoriser une croissance plus rapide des salaires.

Avec la crise politique, la volatilité de l’écart Btp/Bund a augmenté.

Le bulletin économique de la BCE ne pouvait manquer d’inclure une référence à l’Italie à la lumière de la crise politique et des élections du 25 septembre. Si, d’une part, l’écart de rendement des obligations d’État à dix ans pour l’Italie a diminué de 8 points de base au total au cours de la période comprise entre le 9 juin et le 20 juillet, d’autre part, sa volatilité a augmenté vers la fin de la période sous revue, reflétant la crise politique qui se déroule dans le pays, a indiqué la BCE, selon laquelle, dans les derniers jours de la période de référence, les écarts de rendement des obligations d’État dans la zone euro “sont revenus à des niveaux plus élevés à mesure que la crise politique en Italie se développait”.

Le Pepp reste la première ligne de défense, puis le Tpi

La flexibilité dans le réinvestissement du capital remboursé sur les titres arrivant à échéance dans le portefeuille du programme d’achat d’urgence en cas de pandémie (Pepp) reste la “première ligne de défense afin de contrer les risques pour le mécanisme de transmission associé à la pandémie”. L’Italie compte toutefois beaucoup sur le nouveau mécanisme anti-fragmentation de la BCE, le Tpi, le bouclier anti-fragmentation, sur les achats de titres publics, qui représente un instrument supplémentaire à la disposition du Conseil des gouverneurs, “qui peuvent être activés pour contrer les dynamiques de marché injustifiées et désordonnées qui compromettent gravement la transmission de la politique monétaire dans l’ensemble de la zone euro”, a réitéré la BCE, précisant que l’ampleur des achats de Tpi dépendra “de la gravité des risques pesant sur la transmission de la politique monétaire” et que ces achats “ne sont pas soumis à des restrictions ex ante”.

Les prévisions d’inflation des consommateurs de la zone euro se dégradent

Entre-temps, cependant, les prévisions d’inflation des consommateurs dans la zone euro continuent d’augmenter. En général, ils s’attendent à ce que la croissance de leurs revenus reste inchangée, mais que les dépenses nominales augmentent beaucoup plus que les revenus. Ils s’attendent à un affaiblissement de la croissance économique et à une hausse du chômage, à une légère baisse des prix de l’immobilier et à une poursuite de la hausse des taux hypothécaires, selon l’instantané pris par la nouvelle enquête sur les attentes des consommateurs également compilée par la BCE. Un suivi que l’Eurotower publiera désormais sur une base mensuelle et qui concerne 6 pays de la zone euro : Belgique, Allemagne, France, Italie, Pays-Bas et Espagne, qui représentent 85% du PIB de la zone et 83,8% de la population. En particulier, le taux d’inflation perçu s’élève à 7,2% en moyenne sur les 12 derniers mois, contre 6,6% dans l’enquête de mai. La prévision médiane d’inflation pour les 12 prochains mois est restée pratiquement inchangée à 5 %, tandis que pour les trois prochaines années, elle est passée de 2,5 % en mai à 2,8 %. Les niveaux souhaitables restent éloignés. ()