Voici pourquoi le relèvement de la limite des paiements en espèces n’affectera pas les volumes de Nexi

Economie & Finance

La Ligue a déposé à la Chambre un projet de loi visant à porter la limite des paiements en espèces à 10 000 euros. Et dans son discours au Sénat, la première ministre, Giorgia Meloni, a confirmé son intention de modifier le plafond d’encaissement. Selon les dernières rumeurs, le niveau le plus probable pourrait être un retour à 3 mille, la valeur en vigueur jusqu’au 1er juillet 2020, date à laquelle le seuil a été abaissé à 2 mille. En fait, les réglementations en Europe ne sont pas homogènes : certains pays n’imposent aucune limite, tandis que dans les pays qui imposent une limite aux paiements en espèces, l’éventail est large : 500 euros en Grèce, 15 000 euros en Croatie/Slovaquie, 1 000 euros en France/Espagne.

La proposition de la Ligue d’instaurer un plafond de 10 000 euros en espèces continue de susciter des discussions

La proposition continue de susciter des débats. Selon le président de la région du Latium et député Pd, Nicola Zingaretti, “la droite s’acharne sur les pauvres qui prennent, en moyenne, 500 euros par mois et veut autoriser les achats en espèces jusqu’à 10 000 euros, favorisant le blanchiment d’argent, les évadés fiscaux et les mafias. C’est ça le populisme : parler du peuple pour aider les puissants”. Pour Francesco Boccia, sénateur PD, “il est anti-historique” de relever le plafond de l’argent liquide, “nous sommes dans la société numérique et dire qu’avoir des liasses de billets dans la poche est utile est un mensonge et une contrefaçon”. La droite fait une fois de plus un clin d’œil à l’immergé, qui est un fléau italien qui se réinscrivait lentement dans un parcours culturel très difficile en Italie”.

Paiements numériques : +22% au premier semestre de cette année

L’Observatoire des paiements innovants a fait état d’une croissance de 22 % des transactions de paiements numériques au cours du premier semestre de cette année, estimant que d’ici la fin de l’année, les paiements numériques pourraient représenter plus de 40 % du total des dépenses effectuées par les Italiens, les espèces passant désormais sous la barre des 50 %. Le rapport “Cashless 2022” de The European House-Ambrosetti indique que l’Italie reste l’avant-dernier pays d’Europe en termes de nombre de transactions par habitant.

Consommation à but non lucratif : la limitation de l’argent liquide n’enrichit que les banques

Il n’en manque pas, comme Consumerismo No Profit, qui soutient de tout cœur la proposition d’augmenter le plafond d’utilisation de l’argent liquide : “les limites sur l’argent liquide ne contribuent pas à la lutte contre l’évasion, elles profitent aux banques et nuisent aux sections les plus faibles de la population”, a expliqué le président Luigi Gabriele. En particulier, les frais de gestion des cartes et des distributeurs automatiques de billets et les commissions sur les paiements électroniques “enrichissent les caisses des établissements de crédit au détriment des utilisateurs et des commerçants”. L’argent électronique exaspère une consommation et un marketing de plus en plus agressifs et alimente le risque de graves violations de la vie privée, mais surtout d’escroqueries télématiques, un phénomène qui n’est pas en augmentation par hasard”, a noté Gabriele, qui est convaincu que la grande majorité des consommateurs italiens sont favorables à l’augmentation des limites d’argent liquide et qu’utiliser l’excuse de l’évasion pour imposer des limites aussi strictes aux citoyens est une instrumentalisation qui n’a pas porté ses fruits jusqu’à présent.

Impact limité pour Nexi

Il convient de rappeler que la limite des paiements en espèces a été abaissée de 3 000 à 2 000 euros à compter du 1er juillet 2020, avec un nouvel abaissement en vertu du décret Milleproroghe (gouvernement Draghi) à 1 000 euros à compter du 1er janvier 2023. Dans l’éventualité d’un retour de la limite à 3 mille ou même plus, certains analystes estiment que l’impact pour Nexi pourrait être négatif mais limité ; en effet, les segments auxquels le groupe est le plus exposé sont caractérisés par une réception moyenne nettement inférieure (habillement et détail, épicerie, telco, services publics, médias), avec une très faible incidence des secteurs à forte réception moyenne tels que le luxe (qui représente environ 1% des revenus d’acquisition).

Bien que la nouvelle soit négative dans la forme pour les paiements numériques, sur le fond les experts d’Equita ont vu que lorsqu’en 2016 la limite d’encaissement est passée de 1 000 à 3 000 euros dans les années suivantes il n’y a pas eu de ralentissement de la tendance à l’augmentation de la pénétration des paiements numériques car le ticket moyen des transactions numériques reste inférieur à 50 euros et donc il importe peu, selon les analystes de la Sim, que la limite supérieure soit de 2 000 ou 3 000.

Equita et Mediobanca Securities confirment leur note d’achat sur le titre Nexi.

Pour les analystes de Mediobanca Securities, une limite plus élevée pour les paiements en espèces ne change pas non plus la donne pour Nexi “et nous ne nous attendons pas à ce que la mesure ait un impact significatif sur sa croissance en volume en Italie, car le passage de l’argent liquide au numérique est une tendance séculaire, induite par de nouvelles habitudes de consommation qui se sont accélérées pendant la pandémie”, note-t-on à la banque d’investissement. En effet, le reçu moyen de Nexi en Italie est de 63 € (contre 87 € en 2015 et contre 35 € sur les marchés non italiens), ce qui montre clairement que le principal moteur de la croissance des volumes est l’utilisation accrue des outils numériques pour les petits paiements, une tendance qui ne devrait pas être affectée par une augmentation de la limite des paiements en espèces. Les experts d’Equita ont donc confirmé une note d’achat et un prix cible de 14 euros et ceux de Mediobanca Securities une surperformance et un prix cible de 13 euros sur l’action Nexi, qui perd toutefois 0,75% à 8,728 euros sur Piazza Affari. ()