Villeroy (BCE) : les banques commencent à rembourser les 2 100 milliards d’euros de LTRO qui rapportent 25 milliards d’euros de bénéfices sans risque.

Economie & Finance

Taux et réduction du bilan à un moment où l’inflation en Europe atteint 10 % et continue de grimper, alors que l’économie souffre énormément de la crise énergétique. Il s’est exprimé sur ces questions le mardi 18 octobre François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France et membre du conseil des gouverneurs de la BCE, l’institution qui fixe les taux dans la zone euro.. Aujourd’hui, le Ftse Mib a bien progressé, gagnant 1,4 %, tandis que le Btp à dix ans a vu son rendement passer de 4,63 % à 4,69 %.

Interviewé par le Financial Times, M. de Galhau a rappelé que la BCE a relevé ses taux dans une fourchette de 0,75 à 1,25 % au cours de l’été pour lutter contre une inflation record de 10 %, soit cinq fois l’objectif de 2 % de la Banque centrale européenne, et qu’elle prévoit d’augmenter le coût des dépôts de 0,75 point de pourcentage supplémentaire pour atteindre 1,5 %.jeudi prochain.

Villeroy : la BCE ne veut pas envoyer l’économie en récession

Le président français Emmanuel Macron, a déclaré aux Echos dans une interview publiée lundi qu’il craignait que la demande en Europe ne soit “détruite” par un resserrement monétaire agressif “pour mieux contenir l’inflation”. Villeroy a refusé de commenter les préoccupations de M. Macron. Mais a exprimé son irritation à l’idée que la BCE risque de pousser l’économie en récession, en disant que cette façon de penser “passe à côté de l’essentiel”. Le risque “dominant” n’est pas la hausse des taux, mais la crise énergétique.

La BCE continuerait à “procéder rapidement” à la hausse des taux jusqu’à ce que le taux de dépôt atteigne le niveau de l’euro. 2 pour cent à la fin de l’année. C’est ce que l’on appelle taux d’intérêt neutrecaractérisé par le fait qu’il ne stimule ni ne freine l’économie. Toute augmentation au-delà de ce point entraînerait une “un rythme plus souple et plus lent” a ajouté Villeroy de Galhau. Cela pourrait signifier qu’une fois que la BCE aura atteint 2 % en décembre, elle pourrait cesser de relever le loyer de l’argent à ce niveau. Pour l’instant, les économistes de Bloomberg estiment toutefois que la série de hausses se poursuivra au moins jusqu’en mars pour atteindre le niveau de 2,25 %.

Villeroy : les 2,1 trillions du LTRO rapportent 25 milliards de bénéfices

Notamment parce qu’une fois la hausse des taux d’intérêt terminée, la BCE entend commencer à réduire le bilan de 9 000 milliards d’euros qui a gonflé pendant la pandémie, une fois que les taux seront neutres. M. Villeroy a déclaré qu’à partir de la fin de cette année, la banque pourrait cesser de remplacer une partie des obligations arrivant à échéance dans le cadre de son programme d’achat d’actifs (APP, programme d’achat d’actifs) de 3,26 milliards d’euros.

Avant ce processus, appelé Resserrement quantitatifune manœuvre financière ayant un effet restrictif, banques, a ajouté Villeroy de Galhau, devraient être encouragés à rembourser les 2,1 trillions d’euros de prêts les prêts ultra-avantageux accordés par la BCE dans le cadre de ses opérations ciblées de refinancement à long terme (Tltro).

Les opérations de refinancement à long terme ont été conçues pour encourager les prêteurs de la zone euro à continuer de prêter aux entreprises et aux particuliers pendant la phase difficile de la pandémie en leur fournissant des financements à un taux de -1 %, la BCE rémunérant ainsi effectivement les banques tant qu’elles prêtaient de l’argent à l’économie réelle. Toutefois, les taux sont de nouveau positifs après dix ans et les banques sont sur le point de… tirent des bénéfices sans risque de plus de 25 milliards d’euros de l’opération de refinancement à long terme.

La semaine dernière, Steven Maijoor, président de l’Esma et membre du conseil d’administration de la BCE, s’est exprimé sur la répartition des fonds propres des banques sur le site de la Commission européenne. dividendes et le rachat d’actions dans la perspective d’une récession accélérée par la fermeture du gaz russe, les garanties de prêts s’érodent progressivement, risquant de se détériorer et de devenir des NPL. M. Maijor a demandé aux groupes financiers d’être prudents et de ne pas se montrer trop généreux sur le front des rémunérations aujourd’hui, car les temps sont complexes.

Et la réduction du bilan de la BCE doit encore commencer, a souligné le gouverneur français en clôture mardi, une manœuvre qui sera soigneusement gérée : “Nous commençons clairement mais prudemment, puis nous accélérons progressivement”. ()