Si le Brent dépasse les 100 dollars, l’Iran dispose de 93 millions de barils prêts à être exploités par l’Europe.

Economie & Finance

L’accord sur le nucléaire iranien entre dans sa phase finale. Selon le journal Haaretz, la signature devrait être imminente : si aucun problème de dernière minute ne survient, l’Iran devrait répondre aux réserves américaines d’ici le week-end. L’accord donnera à l’Iran l’accès à plus de 100 milliards de dollars actuellement gelés sur des comptes bancaires dans le monde entier et lui permettra de vendre 50 millions de barils de pétrole au cours des 120 premiers jours, pour atteindre 2,5 millions de barils par jour, soit 1,5 million de plus que ce qu’il vend actuellement. Selon Al-Jazeera, qui a publié ces détails il y a 10 jours, les sanctions seront levées pour 17 banques et 170 institutions financières dès le premier jour.

Un long processus en quatre étapes

La signature de l’accord ne dispense pas les États-Unis et les autres pays occidentaux de la nécessité d’examiner deux stratégies contrastées. L’une d’entre elles est de savoir comment réagir si l’Iran viole l’accord ou ne respecte pas les conditions provisoires de sa mise en œuvre. La seconde est de savoir comment se préparer et faire face à l’impact de l’accord sur le marché pétrolier, l’économie mondiale et l’équilibre des forces au Moyen-Orient. Il s’agira d’un long processus de plus de cinq mois, avec quatre phases, à l’issue duquel l’accord entrera en vigueur, explique Haaretz. À ce moment-là, l’Iran devrait transférer tout l’uranium enrichi vers d’autres pays et démanteler les centrifugeuses activées en violation de l’accord. En parallèle, les États-Unis supprimeront par étapes toutes les sanctions imposées à l’Iran par l’administration Trump, accompagnées d’un engagement écrit à ne pas se retirer de l’accord tant que Joe Biden sera président.

Biden peut contourner une éventuelle opposition du Congrès.

Mais la plus grande réussite de l’Iran, outre la levée des sanctions, est la volonté de M. Biden de soumettre l’approbation de l’accord au Congrès, répondant ainsi, du moins en partie, à la demande iranienne de garantie que les États-Unis ne se retireront pas de l’accord. Il n’est pas certain que le Congrès l’approuvera, mais M. Biden pourrait opposer son veto à une résolution négative et contourner l’éventuelle opposition du Congrès en approuvant l’accord avec le soutien des deux tiers des membres du Congrès. D’où l’urgence d’approuver l’accord avant les élections de mi-mandat.

Accord séparé entre l’Iran et l’AIEA sur les sites nucléaires non déclarés

Un autre problème concerne les sites nucléaires non déclarés où des traces d’uranium ont été trouvées, ce qui pourrait confirmer la conduite d’expériences à des fins militaires. L’Iran insiste pour que cette enquête, menée par l’Agence internationale de l’énergie atomique, soit close. Les États-Unis et l’Agence s’y opposent. Toutefois, les médias arabes et iraniens ont récemment rapporté que les États-Unis avaient transféré la question à l’AIEA, qui devrait conclure un accord distinct avec l’Iran concernant la surveillance de ces sites et recevoir des informations satisfaisantes de la part de l’Iran sur les activités menées sur ces sites. Si l’AIEA annonce qu’elle a conclu un tel accord avec l’Iran, Washington “encouragera” les responsables de l’agence à fermer les dossiers associés à ces sites.

Téhéran possède 93 millions de barils prêts à être exploités par l’Europe.

Les progrès réalisés en vue d’un accord sur le nucléaire iranien ont braqué les projecteurs sur les énormes stocks de pétrole brut de Téhéran, qui pourraient être expédiés rapidement aux acheteurs si un accord était conclu. Selon la société de suivi des navires Kpler, citée par Bloomberg, quelque 93 millions de barils de brut et de condensat iraniens sont actuellement stockés sur des navires dans le golfe Persique, au large de Singapour et près de la Chine, tandis que Vortexa a estimé le stock à 60-70 millions de barils. En outre, il existe des stocks plus petits dans les réservoirs terrestres. “L’Iran a accumulé une flottille importante de cargaisons qui pourraient arriver sur le marché assez rapidement”, a déclaré John Driscoll, stratège en chef chez JTD Energy Services Pte. Toutefois, il faudra peut-être “un certain temps” pour résoudre les problèmes d’assurance et d’expédition, ainsi que les ventes au comptant et à terme après les sanctions.

L’éventuelle réadmission de l’Iran sur le marché mondial du brut, avec la levée potentielle des sanctions américaines, intervient à un moment complexe pour les négociants en pétrole. Les investisseurs sont aux prises avec le compte à rebours du renforcement par l’Union européenne des limites imposées aux flux de pétrole brut russe à partir de décembre, dans le cadre des sanctions imposées à Moscou en raison de la guerre en Ukraine. En outre, la vente massive de pétrole par la réserve stratégique de pétrole de l’administration Biden prendra fin en octobre.

À long terme, une fois qu’un accord aura été conclu et que les réserves offshore seront épuisées, l’Iran tentera de reconstruire sa production et d’augmenter ses ventes à l’étranger. Goldman Sachs, sceptique quant à une percée à court terme, a déclaré que même si un accord était conclu, les ventes ne commenceraient pas avant 2023. Si l’Iran pourrait chercher à combler le vide laissé par la Russie en Europe, notamment en Espagne, en Italie, en Grèce et même en Turquie, il pourrait également tenter de regagner des parts sur le marché asiatique, très prisé, même au prix d’un assouplissement des conditions. En 2017 et 2018, l’Europe a consommé en moyenne 748 000 barils et 528 000 barils par jour de pétrole iranien, respectivement, tandis que l’Asie a pris 1,2 million et près de 1 million de barils par jour, selon les données de Kpler.

Le Brent dépasse les 100 dollars le baril

Dans l’attente de nouvelles sur ce front et des données du 31 août sur les stocks hebdomadaires de pétrole aux Etats-Unis (précédent : -3,282 millions de barils à 421,672 millions), le prix du Wti a augmenté de 1,31% à 94,28 dollars le baril et le Brent de 1,23% à 100,23 dollars le baril. ()