Pétrole, la Russie répond au plafonnement des prix de l’UE : réduction de la production jusqu’à 7 % au début de 2023. Brent au-dessus de 83 dollars

Economie & Finance

Il n’a pas fallu longtemps pour que La réponse de la Russie aux plafonds de prix fixés par l’Europe après l’invasion de l’Ukraine. Moscou pourrait réduire sa production de pétrole de 5 à 7% début 2023 en guise de contre-mesure aux plafonds fixés par les Occidentaux sur son brut et ses produits raffinés et cesser ses ventes aux États qui les soutiennent, a annoncé le vice-Premier ministre Alexandre Novak, soulignant que les réductions pourraient atteindre 500 000 à 700 000 barils par jour.

Le Brent s’envole au-dessus de 83 dollars, mais le timing est un peu suspect.

On craint une baisse de l’offre de pétrole brut russe et le prix du pétrole Brent a grimpé de 2,73 % à 83,19 $ le baril (+2,32 % à 79,29 $ le baril pour le Wti), les traders prêtant également attention à la vague de gel arctique qui s’annonce et qui compromet les voyages de vacances (plus de 4 400 vols ont été annulés aux États-Unis en deux jours) et la consommation d’essence. Pour Stephen Innes, de Spi Asset Management, la menace russe survient alors que les États-Unis font face à un intense… tempête hivernalelaissant certains traders sceptiques quant à la réalité de l’avertissement ou à une tentative de faire monter les prix du pétrole. “Le timing n’est pas passé inaperçu auprès des négociants en pétrole”, a noté M. Innes. M. Novak a poursuivi en affirmant que, malgré les sanctions européennes, les exportations énergétiques de la Russie sont demandées dans le monde entier, notamment parce que Moscou a diversifié ses acheteurs. En outre, il reste convaincu qu’il est difficile d’assurer le développement économique mondial sans l’énergie russe.

La Chine, le plus grand joker du marché pétrolier

Le plus grand atout du marché pétrolier est la Chine, et l’optimisme est toujours de mise quant à la poursuite de la réouverture et à l’augmentation de la demande de brut, a déclaré Edward Moya, analyste chez Oanda, qui estime que l’Opep+ devrait avoir la tâche facile au cours des deux prochains mois, car il reste agile et prêt à s’adapter à la trajectoire de la demande d’or noir. Pour l’expert d’Oanda, le pétrole brut Wti semble avoir un plancher au niveau de 70 $ le baril et une résistance initiale à 80 $ le baril, à 83,50 $ le baril par la suite.

Les enjeux de l’UE

Il est rappelé que l’Union européenne, le G7 et l’Australie ont instauré un plafonnement du prix du pétrole à 60 dollars le baril le 5 décembre dernier, en plus de l’embargo de l’UE sur les importations de pétrole brut russe par voie maritime et des engagements similaires de la Grande-Bretagne, du Canada, du Japon et des États-Unis. Ce n’est que plus tard, après de nombreux allers-retours, que l’Europe a mis en place un système d’alerte. un plafonnement du prix du gaz naturel européen. Un plafond qui pourra être activé pendant vingt jours, à partir du 15 février prochain, si le prix de gros dépasse 180 euros par MWh pendant trois jours ouvrables et sera supérieur de 35 euros au prix du gaz naturel liquéfié sur les marchés mondiaux.

Medvedev : plafonnement des prix du gaz européen stupide

Un plafonnement du prix du gaz que le numéro deux du Conseil de sécurité russe, Dmitri Medvedev, a qualifié de “stupide” pour deux raisons. D’abord, comme pour le pétrole, elle n’est pas dictée par une logique économique, “mais par une haine zoologique de la Russie fondée sur la thèse maniaque : les Russes sont responsables de tout”. Autrement dit, “il s’agit d’une mesure non marchande”. Medvedev, sur sa chaîne Telegram, s’est dit convaincu qu’entre réserves et nombreuses exceptions, “ne fonctionnera pas sérieusement“. Deuxièmement, “c’est le résultat de l’impuissance de l’UE à influencer la situation” et enfin, a conclu M. Medvedev, “les prix du gaz resteront à un niveau très élevé pour les consommateurs européens”. Mais ce n’est pas le cas puisque, aujourd’hui encore, le prix du gaz naturel européen chute de 9,45 % pour atteindre 83,25 euros par MWh, restant ainsi inférieur à 100 euros par MWh. ()