Mps, la hausse commence : les droits s’effondrent (-88%), les obligations se stabilisent. Tous les risques de l’opération

Economie & Finance

Le jour du lancement de l’augmentation de capital de 2,5 milliards d’euros, le lundi 17 octobre, le cours de l’action Mps, qui a subi de fortes baisses la semaine dernière, est suspendu à une hausse théorique de 11% avant de passer dans le rouge (-2,6% à EUR 2,009). À l’inverse, le droits a chuté de 88 %, passant de sa valeur initiale de 7,837 euros à 0,915 euros. Au cours des deux premières heures de négociation, 168 000 droits ont été échangés, soit 0,16 % du capital avant augmentation. La possession de trois droits permet la souscription de 374 nouvelles actions au prix de 2 euros chacune.

Pendant ce temps, le obligation subordonnée à échéance 2028, l’obligation la plus liquide de 750 millions d’euros, a vu son prix augmenter légèrement à 73,51, tandis que le rendement du call, à échéance 2023, a évolué latéralement à 143,94 % après avoir touché 370 % en raison des craintes du marché que la banque ne parvienne pas à achever son renforcement de capital.

Mps ne peut pas se permettre de souscrire, même partiellement, à l’augmentation de capital hyper-dilutive. Dans ce cas, en effet, la banque siennoise risquerait de rencontrer des scénarios très pénalisants pour les actionnaires et les obligataires, jusqu’à celui de partage des chargesc’est-à-dire la réduction ou l’annulation de la valeur nominale des actions et obligations subordonnées. C’est ce qui ressort de l’étude BCE à la banque concernant la transaction en cours qui Consob publié le vendredi 14.

Les modalités de l’augmentation

La transaction aura lieu sous forme divisible. Un maximum de 1 249 665 648 actions ordinaires seront émises pour être offertes en option aux actionnaires existants de Mps au prix de 1,5 million d’euros. prix de 2 euros, à raison de 374 actions nouvelles pour 3 actions Mps détenues.. Le prix de souscription comprend une décote de 7,79 % par rapport au prix théorique ex-droit (appelé Terp) des actions de Monte, calculé sur la base du cours de clôture officiel de la bourse le 11 octobre 2022.

Le titre, qui s’échangeait avant les détails de la hausse autour de 26 euros, a chuté de 42,11 % vendredi, 33 % la veille. Mps, qui avant les dernières chutes capitalisait 250 millions, doit procéder à une recapitalisation de 2,5 milliards, soit dix fois plus.

Lundi, le Analystes d’Intesa Sanpaoloqui ont suspendu leur notation de Mps, jugent “positive la possibilité de réaliser l’augmentation de capital, qui est essentielle pour permettre à la banque de mener à bien son plan d’affaires et de renforcer sa solidité”.

Le risque pour les détenteurs d’obligations

Le risque de l’opération est résumé dans le prospectus approuvé le vendredi 14 octobre par la Consob.. “En cas de violation des niveaux d’orientation ou des exigences en matière de fonds propres, l’autorité de surveillance peut imposer des mesures correctives spécifiques, y compris exiger de l’émetteur qu’il présente un plan de rétablissement des niveaux de fonds propres proportionnel, en termes de gravité et de calendrier, à l’ampleur de la violation en termes d’écart par rapport aux exigences”, explique le prospectus.

Qui continue : Veuillez noter qu’en cas de dépassement du niveau du Tscr (les ratios imposés par la décision sur les fonds propres, ndlr), des mesures telles que l’activation de la répartition des charges et la recapitalisation de précaution peuvent être imposées en dernier recours”, souligne la banque. A la fin du mois de juinle document précise, le total des engagements pertinents aux fins de la répartition des charges est de 1,75 milliard d’euros, soit le montant total des emprunts subordonnés émis.

Dans le document publié vendredi, la BCE souligne que le coût de l’augmentation de 2,5 milliards est de 1,5 milliard d’euros. 132 millions d’euros, dont 125 millions sont requis par le consortium de banques placeuses (Mediobanca, BofA, Credit Suisse et Citi) et Algebrisqui a souscrit à la non-prise en charge. Un prix qui aura un effet négatif sur les objectifs Tier 1 de la banque de 15 points de base en 2024 et de 13 points de base en 2026.

Les deux inspections de la BCE

Dans certaines conditions, la dotation en capital peut s’avérer insuffisante, même en tenant compte de l’augmentation : “il existe un risque, indique le prospectus, qu’à l’issue de l’inspection de la BCE, l’autorité de surveillance puisse juger nécessaire d’imposer des exigences supplémentaires, en termes de Rwa, que ceux déjà envisagés par les modèles internes du groupe, si ceux-ci ne sont pas jugés satisfaisants. Dans ce cas, il est possible que le groupe fonctionne en dessous du niveau d’orientation même si l’augmentation est entièrement mise en œuvre.“.

Le Mps annonce en effet qu’il fait l’objet d’un double examen.. D’une part, une inspection de la modèles internes de notationpour lequel l’autorisation est attendue au troisième trimestre 2022. Dans ce cas, le risque est que “la BCE identifie des changements dans les modèles proposés par l’émetteur qui se traduisent par un Rwa plus élevé que prévu”.

D’autre part, une inspection sur le risque de crédit a été conclue “pour lesquels la réunion de sortie habituelle a déjà eu lieu et dont le rapport final est attendu au troisième trimestre 2022”. Dans ce cas, le risque – précise le prospectus – est que “les critères de classification soient révisés et, par conséquent,…”, dispositions relatives aux portefeuilles soumis à inspection avec pour conséquence un impact négatif sur le capital du groupe”.

Risque de crédit

Le prospectus rappelle que “dans le cadre de la décision Srep 2021, la société La BCE a souligné qu’en l’absence d’une augmentation de capital, le groupe est destiné à ne pas respecter les exigences en matière de fonds propres, et que ce manquement se poursuivra les années suivantes. En outre, même dans l’éventualité d’une mise en œuvre complète de l’augmentation de capital, les marges supérieures au niveau d’orientation resteraient minces, même à la lumière de l’augmentation de capital. les objectifs industriels ambitieux du plan“.

Dans le document, une attention particulière est également accordée à la question du crédit. À ce jour, explique le prospectus, Mps ” est en ligne avec les objectifs de couverture des PNE fixés dans la décision Srep 2021 “. Cependant, il est rappelé que dans le Srep, “la BCE a souligné comment les clients confiés par le groupe Mps ont bénéficié de manière significative des mesures de soutien gouvernementalestant en termes de moratoires que de garanties émises, et que l’émetteur est donc exposé au risque que la qualité du portefeuille de prêts se détériore de manière significative lorsque ces mesures sont retirées”.

Le risque de crédit est toujours considéré comme un facteur de risque face au “retard dans la mise en œuvre du système d’interception de la détérioration de la solvabilité, aux lacunes de gouvernance dans les changements apportés aux modèles de risque de crédit utilisés pour le calcul des exigences de capital, et aux incertitudes générales liées aux impacts de la pandémie, de la guerre en Ukraine et de l’évolution des conditions macroéconomiques”.

Risques du marché

Dans ce domaine, la casuistique couverte par le prospectus est large. “Le risque de marché, explique le document, peut être généré par des changements dans la tendance générale de l’économie et des marchés financiers nationaux et internationaux, par les politiques monétaires et fiscales, par la liquidité du marché à l’échelle mondiale, par la disponibilité et le coût du capital, par les interventions des agences de notation, par les événements politiques au niveau local et international, par les conflits de guerre et les actes de terrorisme, par la propagation d’épidémies ayant un impact sur la santé publique et l’économie”. Dans le contexte actuel, ce risque peut également se manifester en raison de l’augmentation globale de l’inflation et des prix des matières premières due, entre autres, à la poursuite des hostilités en Ukraine, ainsi que de la nouvelle hausse attendue des taux d’intérêt qui pourrait être mise en œuvre par la BCE, ce qui est déjà évident dans les attentes du marché dès le premier trimestre de l’année”, conclut le prospectus.

Les participations du consortium

L’accord avec le consortium sur la garantie a été le tournant de l’opération qui débutera le lundi 17. Le prospectus s’attarde également sur les conditions de cet accord, rappelant que le contrat prévoit la possibilité pour les institutions “de le résilier de manière anticipée, à défaut de s’engager à souscrire les actions restantes dans certains cas”. Ces cas “incluent la publication d’un supplément au prospectus” qui entraîne un nombre substantiel de “retraits effectués par les preneurs fermes pendant la période d’offre” ou un “impact négatif sur la demande pendant le déroulement de l’offre d’échange est tel, selon le jugement de bonne foi des coordinateurs globaux conjoints (après consultation de la société dans la mesure où la société est facilement disponible pour participer à cette consultation), qu’il porte un préjudice significatif au succès de l’augmentation de capital”.

A l’heure actuelle, cependant, plusieurs observateurs considèrent qu’un tel risque est éloigné. Surtout à la lumière des engagements formels et informels recueillis la semaine dernière par le PDG Luigi Lovaglio et le pool de placers dirigé par Mediobanca, BofA, Credit Suisse et Citi. Un demi-milliard des quelque 900 millions de nouveaux capitaux à trouver sur le marché étant déjà réservé (les 1,6 milliard restants sont garantis par l’actionnaire du Trésor), la confiance règne quant à la réalisation de l’opération.

Mps, 2 milliards d’augmentation de capital par an au cours des 15 dernières années

Mps, qui a commencé son histoire à Piazza Affari en 1999 à un prix d’environ 3,85 euros, valait jusqu’à vendredi 23 septembre 0,3 euro pour 300 millions de capitalisation après une série d’augmentations qui ont anéanti la valeur dans les mains des investisseurs. En effet, au cours des 15 dernières années, la banque siennoise a renforcé ses actifs de 5 milliards d’euros en 2008, et en 2009 d’un autre milliard souscrit par l’État par le biais des obligations Tremonti. De nouveau, en 2011, 2,15 milliards d’euros supplémentaires, en 2013 c’était 4 milliards souscrits par l’État (les Monti Bonds). En 2014, c’était encore 5 milliards, en 2015 3 milliards, en 2017 8,3 milliards, dont 5,4 milliards versés par l’État au titre de la recapitalisation de précaution et les 2,9 milliards restants au titre de la conversion des emprunts subordonnés. Avec l’augmentation de 2,5 milliards en 2022, on arrive à 31,5 milliards, soit environ 2 milliards par an.o. (reproduit confidentiellement)