Le Credit Suisse sous pression après la double sanction de S&P et Moody’s

Economie & Finance

Le Credit Suisse reste sous pression à Zurich après le double coup de hache des agences de notation S&P et Moody’s. L’action a perdu 1,9 % à 4,12 francs suisses, se rapprochant du plus bas de 3,8 francs suisses atteint fin septembre, portant la perte sur 12 mois à 58 %. L’intervention de Moody’s et S&P est intervenue alors que le groupe a fixé au 23 novembre l’assemblée de ses actionnaires pour examiner l’augmentation de capital de 4 milliards de francs suisses lancée par le nouveau PDG Ulrich Koerner la semaine dernière dans le cadre d’un plan stratégique visant à renforcer la banque, qui est dans le rouge depuis 12 mois, et à relancer ses activités en mettant l’accent sur la vente au détail, la gestion de fortune et la restructuration de la banque d’investissement, tout en réduisant les coûts. Le jour de l’annonce du plan, le 27 octobre, le cours de l’action a chuté de 18 %.

Les mouvements de S&P

S&P a abaissé la note à long terme de la banque de BBB- à BBB, soit un cran seulement au-dessus de la note de pacotille (junk ou speculative grade) qui commence à BB, avec une perspective confirmée stable. “Nous voyons des risques d’exécution substantiels dans un environnement économique et de marché qui se détériore et qui est volatile, alors que certains détails sur les ventes d’actifs restent flous. Les résultats du troisième trimestre du Credit Suisse indiquent que son activité de gestion de fortune s’est avérée moins résistante que prévu, comme en témoignent les sorties de fonds des clients et une base de coûts peu flexible”, expliquent les analystes de S & P. Alors que “la perspective stable reflète un risque limité de rétrogradation à un niveau de notation inférieur, dans l’hypothèse où la banque maintient un solide volant de capitaux, soutenu par une augmentation de capital qui ajoutera environ 140 points de base à Cet1. Il reflète également notre hypothèse selon laquelle le tampon de liquidité sera fort à travers le groupe et que le groupe mettra en œuvre le plan de restructuration’. ajoute S&P.

Les choix de Moody’s

Dans le même temps, Moody’s a confirmé la notation de la dette senior non garantie du groupe (Credit Suisse Group Ag) à Baa2, tandis qu’elle a abaissé la dette senior non garantie de Credit Suisse Ag de A2 à A3, la perspective restant négative pour les deux. Selon Moody’s, “le plan stratégique annoncé comporte un risque d’exécution en raison de son ampleur et de sa complexité”. Bien que, selon l’agence, “ces développements stratégiques puissent être positifs à long terme et conduire à une banque nettement plus efficace et simplifiée, avec un effet de levier nettement plus faible et une moindre dépendance à l’égard des marchés de capitaux plus volatils et des revenus de la banque d’investissement”, Moody’s estime que la complexité associée à la restructuration “nécessitera un long calendrier et comportera un risque élevé de perte de talents et de clients”, avec des défis supplémentaires “liés à l’exécution de ce plan dans un marché et un environnement macroéconomique qui se détériorent”. Ces facteurs sont en partie atténués par la solide capitalisation de l’entreprise, qui est encore renforcée en quantité et en qualité par l’augmentation de capital annoncée de CHF 4 milliards, portant le ratio Cet1 pro-forma à 14%, ce qui devrait renforcer la confiance du marché malgré l’incertitude et la longueur du calendrier de restructuration. Ce sont les principaux facteurs qui justifient le repositionnement de la note et les perspectives négatives”, conclut Moody’s.

Double augmentation

L’augmentation de 4 milliards d’euros est divisée en deux. Une première émission de 462 millions de nouvelles actions est destinée aux investisseurs institutionnels, dont la Saudi National Bank, tandis que le second volet de la recapitalisation s’adresse aux actionnaires existants. Les nouveaux investisseurs du Moyen-Orient, qui s’ajouteront à la Qatar Investment Authority, le fonds souverain de Doha qui en détient déjà environ 5 %, recevront un paquet de 307,5 millions d’actions, soit 9,9 % du capital, ce qui fera de la Saudi National Bank le premier actionnaire de l’institution, aux côtés des Américains de Harris Associates. Selon des rumeurs dans le Financial TimesLe Qatar Investment Authority envisage d’augmenter sa participation dans la banque suisse, conjointement avec la Saudi Arabian National Bank. (reproduit confidentiellement)