La zone euro connaîtra une croissance de 3,1 % en 2022. Mais la récession est au coin de la rue, selon S&P.

Economie & Finance

“La zone euro s’attend à un ralentissement imminent”. L’avertissement vient des analystes de S&P, selon lesquels la détérioration sans précédent des termes de l’échange ces dernières semaines a soutenu la montée de l’inflation, tout en pesant sur la confiance des consommateurs. Pour l’instant, les économies du Vieux Continent semblent se maintenir mais, comme l’explique S&P, ce n’est qu’une question de temps.

L’économie européenne réagit avec deux à trois trimestres de retard

Alors que les prix des produits de base importés augmentent à un rythme rapide, la croissance de la zone euro reste solide, au-delà des attentes des analystes, et l’emploi n’a jamais été aussi élevé. S&P a même revu à la hausse ses prévisions de croissance du PIB de 2,6 % à 3,1 % pour 2022.. L’offre ne manque pas sur le marché du travail, poursuivent les analystes : “Depuis l’apparition de la pandémie, 2,9 millions d’emplois ont été créés.dont plus de 605 000 pour le seul deuxième trimestre de 2022, tandis que le taux de chômage (6,6 % en juillet) est à un niveau historiquement basprobablement en dessous de l’équilibre”.

Comment cela est-il possible ? Selon S&P, l’économie européenne réagit avec deux à trois trimestres de retard aux chocs commerciaux.comme l’envolée des contrats à terme sur l’énergie à laquelle nous assistons depuis le début de la guerre en Ukraine. C’est pourquoi les analystes estiment que le continent est “au bord d’un fort ralentissement, au point que l’on ne peut exclure une véritable récession” : un fort ralentissement est imminent au second semestre de l’annéeavec une contraction sévère des dépenses de consommation au quatrième trimestre de 2022 et au premier trimestre de 2023″. La véritable question à ce stade est de savoir quelle sera la durée et la profondeur de la récession et quel sera son impact sur l’emploi.

Bond de l’inflation en août

Un premier signe du canon est visible dans le bond de l’inflation, qui a atteint 9,1 % dans la zone euro en août, contre 8,9 % en juillet. À court terme, les analystes affirment que les perspectives d’inflation sont entourées d’un nuage d’incertitude. Une grande partie est entre les mains des programmes d’aide conçus par les gouvernements pour contenir les effets de la hausse des prix sur les ménages et les entreprises. En effet, alors que l’assouplissement du bouclier qui protégeait les consommateurs allemands contre les hausses des prix de gros du gaz conduit S&P à revoir à la hausse ses prévisions d’inflation, le plafonnement du gaz ou de l’énergie déjà imposé par d’autres États membres pousse les estimations des analystes dans l’autre sens. Peser les deux forces opposées, S&P estime désormais que l’inflation pourrait atteindre 8,2% en 2022 (et non plus 7 %), puis ralentir à 5,2% l’année prochaineloin des 3,4 % prévus dans les dernières analyses. Le retour à l’objectif de la Banque centrale européenne (environ 2 %) devra attendre 2024.

Nouvelles hausses de taux à venir

La résilience de l’économie européenne, l’inflation loin des objectifs de la BCE et, surtout, les déclarations bellicistes de la Banque centrale européenne. Christine Lagarde conduisent les analystes de S&P à penser que le resserrement monétaire n’est pas encore terminé. Pour l’agence de notation le taux terminal des dépôts pourrait atteindre 2 % à la fin du premier trimestre de 2023contre les 1,5 % prévus dans le dernier rapport. “Un taux de dépôt de 2 % se situerait dans la fourchette haute des estimations actuelles du taux neutre, ce qui signifie que la politique monétaire sera légèrement restrictive l’année prochaine, mais pas très stricte”, explique-t-on chez S&P. Le taux, poursuivent les analystes, pourrait revenir autour de la médiane de 1,5 % au début de 2024, lorsque “l’inflation pourrait tomber rapidement en dessous de la cible.” (reproduction restreinte)