La dette de Fincantieri s’améliorera même si la livraison des navires est reportée, mais le cours de l’action baissera. Une augmentation de capital est à craindre

Economie & Finance

Réveil brutal pour les actions de Fincantieri à Piazza Affari. Suspendu dans un premier temps au lendemain de résultats semestriels inférieurs aux attentes des analystes avec une forte baisse de l’ebitda ajusté et une dette nette supérieure à 3 milliards (3,296 milliards contre -2,238 milliards fin 2021) et qui ne devrait que légèrement baisser d’ici la fin de l’année, le titre, qui a repris sa cotation, a plongé de 6,73% à 0,5265 euro, le marché craignant une augmentation de capital. Lors de la conférence téléphonique organisée le 27 juillet pour commenter les comptes, la direction de Fincantieri a confirmé que la position financière nette devrait s’améliorer légèrement d’ici la fin de l’année, avec la livraison de cinq navires de croisière au second semestre, comme l’a souligné le PDG Pierroberto Folgiero, garantissant des économies et une discipline opérationnelle pour faire face à la hausse des prix des matières premières et à une inflation élevée.

Légère amélioration de la dette prévue même si la livraison du navire est reportée

Une légère amélioration de la dette est également attendue en cas de report de la livraison des navires, a déclaré le Cfo, qui s’attend à de nouvelles commandes dans le secteur naval dans un avenir proche, mais il est trop tôt pour dire quand. Le PDG a ensuite précisé que Fincantieri ne souhaite pas concurrencer Leonardo dans le secteur de la défense, même si le premier et le plus important client sera la marine italienne.

Les analystes sont déçus non seulement par une dette supérieure à 3 milliards

Fincantieri a clôturé le premier semestre avec un chiffre d’affaires de 3,510 milliards d’euros (+16% en glissement annuel), un ebitda ajusté de 90 millions d’euros (-59% en glissement annuel) avec une marge de 2,6% (6,7% au 1S2021) et un bénéfice déclaré de -230 millions d’euros (6 millions d’euros au 1S2021). Les résultats sont inférieurs aux attentes des analystes d’Equita Sim, pénalisés par la révision à la baisse des marges sur les commandes dans le secteur des infrastructures, une activité qui n’est plus stratégique pour la société, par la dépréciation de certains actifs financiers et par les pertes de valeur sur le goodwill de Vard et de USA Fincantieri Marine Group (107 millions d’EUR au total).

Réduction significative des estimations consensuelles de l’ebitda attendue

Sur une note plus douloureuse, la dette nette, explique Sim, a atteint 3,3 milliards d’euros au premier semestre, se dégradant de 1,1 milliard d’euros depuis le début de l’année, principalement en raison du fonds de roulement (le calendrier prévoit la plupart des livraisons au second semestre 2022). Pour 2022, la dette nette ne s’améliore que légèrement par rapport aux 3,3 milliards du premier semestre 2022 (Equita estime 2,4 milliards), le chiffre d’affaires devrait croître par rapport à 2021 (+12% sur un an est l’estimation actuelle d’Equita), et la marge d’ebitda devrait s’améliorer mais moins que les 7,4% de 2021 (7,2% est l’estimation d’Equita). À titre préliminaire, la société s’attend à une révision à un chiffre, de moyenne à élevée, de l’ebitda pour 2023-2024. “Notre préoccupation reste la durabilité de la structure financière”, a conclu Equita, qui maintient donc sa note “hold” et son prix cible en euros sur l’action Fincantieri.

Des inquiétudes subsistent quant à la viabilité de la structure financière

Comme Banca Akros (cote neutre et prix cible à 0,80 EUR). Même en supposant que la dette s’améliore pour atteindre environ 3 milliards d’euros d’ici la fin 2022, “les nouvelles prévisions impliquent une détérioration d’environ 0,6 milliard d’euros, soit 0,35 euro par action, par rapport aux anciennes prévisions”. Nous pensons que le marché va se demander si Fincantieri n’a pas besoin d’une augmentation de capital et nous nous attendons à ce que l’action réagisse très négativement aujourd’hui’ sur le marché boursier comme il l’a fait. “Nous pensons que la forte baisse de l’ebitda de la société est décevante et est susceptible de raviver les inquiétudes des investisseurs quant au besoin potentiel d’une augmentation de capital, étant donné le niveau élevé de la dette nette de la société”, indique également Mediobanca Securities (note neutre et objectif de cours à 0,64 €), saluant toutefois la révision de la stratégie initiée par la nouvelle direction et le recentrage du cœur de métier de la société. En novembre 2021, il avait été question d’une augmentation de capital d’un milliard d’euros si Fincantieri rachetait Oto Melara et Wass à Leonardo.

Il est certain, selon le bureau de recherche d’Intesa Sanpaolo, qu’il y aura une “révision significative à la baisse” des estimations du consensus (30-40% pour l’année 2022) au niveau de l’ebitda. D’autre part, le bureau d’études d’Intesa Sanpaolo souligne que les actions mises en œuvre par la société donnent une idée de la proactivité du nouveau PDG et de la direction dans la mise en œuvre de la révision stratégique des activités non essentielles (telles que les infrastructures) et dans la résolution des problèmes qui sont apparus dans le scénario macroéconomique actuel. “Sans exclure d’autres actions à l’avenir, ces mouvements laissent une marge de manœuvre pour mieux poursuivre la croissance structurelle de la société dans son cœur de métier, à savoir la construction de navires militaires et de croisière”, souligne le bureau d’études d’Intesa Sanpaolo, qui va réviser ses estimations pour l’exercice 2022 et a mis sous revue sa note et son objectif de cours sur le titre. ()