La BCE est prête à réduire ses taux en juin. Lagarde craint l’inflation mais il y a des risques pour la croissance de la zone euro

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La BCE s’oriente vers une baisse des taux en juin, mais des risques subsistent sur la croissance en raison d’une approche qui considère principalement les risques d’inflation à la hausse. La présidente Christine Lagarde a déclaré à la fin du Conseil des gouverneurs, qui a laissé les taux inchangés, que la désinflation progresse mais que davantage de données seront nécessaires : “Nous sommes plus confiants quant au retour de l’inflation à 2 %, mais pas encore suffisamment”.

Les mots de Lagarde

Mme Lagarde a également souligné que les données décisives, notamment sur les salaires, seront disponibles “dans les prochains mois. Nous en saurons plus en avril et beaucoup plus en juin”. Sauf surprise, on peut donc supposer que la baisse interviendra en milieu d’année. Le président de la BCE a déclaré qu’hier, au sein du conseil, la discussion sur la réduction du resserrement “vient de commencer”.

Lagarde a ainsi confirmé les attentes du marché qui, selon le président, “semblent converger” vers la ligne de la BCE. Hier, la Piazza Affari a augmenté de 0,16% et les taux des obligations d’État ont légèrement baissé. Les nouvelles projections macroéconomiques, publiées hier, ont à nouveau corrigé à la baisse les prévisions de PIB et d’inflation. Depuis quelque temps, Francfort surestime la résistance de l’économie et sous-estime la baisse de l’inflation.

Projections de la BCE

La BCE prévoit désormais que l’inflation reviendra à 2 % en 2025 (et à 1,9 % en 2026), le chiffre de base excluant l’énergie et les denrées alimentaires étant légèrement plus élevé (2,1 % l’an prochain, 2 % en 2026). “Une banque centrale tournée vers l’avenir, qui prévoit de ramener l’inflation à son niveau cible en 2025, devrait réduire ses taux dès maintenant”, note Frederik Ducrozet, responsable de la recherche chez Pictet Wealth Management.

Pourquoi alors attendre le mois de juin ? Selon Mme Lagarde, il manque une pièce à l’édifice : l’atténuation des pressions inflationnistes intérieures, qui sont principalement alimentées par les services et les salaires. La prudence de la BCE est vraisemblablement aussi liée à l’inflation de février, en baisse mais légèrement supérieure aux attentes (2,6 % pour l’ensemble et 3,1 % pour l’essentiel, avec une certaine résistance de la part des services).

Commentaires des économistes

Cependant, les salaires augmentent en raison du rétablissement du pouvoir d’achat des travailleurs après des années d’inflation : nous ne voyons pas de risque de spirale prix-salaires. De plus, les salaires ne sont qu’une composante des prix finaux, qui sont comprimés par une faible demande qui limite les bénéfices des entreprises. Les prévisions d’inflation à moyen terme sont ancrées à 2 %. Quoi qu’il en soit, Francfort veut être aussi prudent que possible en ce qui concerne les salaires et les services.

Cette prudence, selon Citi, conduit la BCE à se concentrer sur des indicateurs tournés vers le passé plutôt que vers l’avenir. De plus, la banque centrale fait preuve d’une orientation asymétrique puisqu’elle semble accepter davantage une inflation inférieure à 2 % (plutôt que supérieure), ce qui va à l’encontre de l’objectif fixé.

La BCE pourrait réduire ses taux dans un délai similaire à celui de la Fed (qui devrait agir en juin ou juillet), malgré des perspectives économiques bien plus défavorables. Le PIB des États-Unis a augmenté de 3,1 % en 2023, tandis que celui de la zone euro est resté pratiquement inchangé. L’une des deux banques centrales pourrait donc se tromper de calendrier.

La faiblesse de l’économie

Le début des réductions de la BCE en juin au lieu d’avril ne changerait pas le scénario macroéconomique, mais l’accent mis sur une inflation plus élevée pourrait freiner la croissance de la zone euro. Les dernières données sur les commandes de l’industrie allemande (-11 % en janvier) ont confirmé la faiblesse de l’économie.

Certains analystes considèrent toujours que les nouvelles projections de la BCE pour la croissance de la zone euro sont optimistes. Francfort a abaissé son estimation pour cette année de +0,8 à +0,6 %, tandis que +1,5 % a été confirmé pour 2025. La banque centrale a également reconnu les “risques de baisse” des projections de croissance.

Par ailleurs, la BCE est prête à définir son nouveau cadre opérationnel, qui devrait être basé sur la demande de liquidités des banques. Mme Lagarde a déclaré qu’elle s’attendait à ce que le travail soit terminé le 13 mars. Francfort a également publié hier un texte visant à accélérer le lancement de l’Union des marchés de capitaux.