En Allemagne, les prix à la production n’ont jamais été aussi élevés. Les craintes d’une récession augmentent

Economie & Finance

Nouvelles préoccupations en provenance d’Allemagne. Dans la première économie d’Europe, le Les prix à la production ont augmenté de 5,3% sur une base mensuelle en juilletbien au-dessus du consensus de 0,6 pour cent, et par 37,2 % en glissement annuel. “Les perspectives économiques du pays restent sombres en raison de la flambée des coûts énergétiques et des perturbations de la chaîne d’approvisionnement”, a déclaré le ministre allemand des finances, Christian Lindner. Ce sont les les plus fortes augmentations jamais enregistrées depuis le début de l’enquête statistique en 1949.

Nouveau record pour les prix à la production en Allemagne

Selon l’agence de statistiques Destatis, le chiffre s’est accéléré par rapport à juin, où il s’élevait à +32,7 % en glissement annuel, dépassant le consensus des économistes qui s’attendaient à un ralentissement à 31,5 %. Le 11 août, le chancelier allemand Olaf Scholz a promis un nouveau plan d’aide face à la flambée des prix, réaffirmant son engagement à revenir à la rigueur budgétaire l’année prochaine en limitant le déficit public à 0,35 % du PIB. Interrogé sur le montant de cette éventuelle aide, M. Lindner a estimé qu’il s’agissait d’un “petit chiffre à deux chiffres, de l’ordre de plusieurs milliards d’euros”.

Pour Ralph Solveen, économiste principal de la Commerzbank, l’augmentation de la production est “uniquement imputable à une nouvelle hausse des prix de l’énergie”. En fait, les prix de la fourniture d’énergie ont bondi de 14,7 % en glissement annuel jusqu’en juin 2022, enregistrant un bond à trois chiffres (+105 %) par rapport aux valeurs de juillet 2021, principalement en raison de la hausse des prix du gaz naturel (+163,8 % en glissement annuel) et de l’électricité (+125,4 % en glissement annuel). En excluant ce secteur, la hausse des prix à la production en juillet dernier n’a été que de +0,4% en glissement annuel et de +14,6% en glissement annuel. “La pression sur les prix à la production de base semble donc s’atténuer progressivement”, a souligné l’économiste, “sans pour autant marquer la fin de la période de taux d’inflation élevés”.

L’indice Zew baisse moins que prévu

L’indice Zew des anticipations économiques en Allemagne s’est également établi à -55,3 points en août, contre -53,8 en juillet, ce qui est inférieur au consensus des économistes de -56,9 points, tandis que l’indice des conditions économiques actuelles en Allemagne a chuté à -47,6 points, contre -45,8 en juillet. Comme l’a souligné Mateusz Urban, économiste à Oxford Economics, ce chiffre constitue une preuve supplémentaire qu’après la stagnation du PIB au deuxième trimestre, l’activité de la première économie de la zone euro a encore ralenti au cours de la troisième période de 2022.

“Le rythme des baisses (des composantes de l’indice Zew, ed.) a ralenti, mais les deux indicateurs sont à des niveaux très bas. Nous prévoyons de forts vents contraires économiques, qui pourraient conduire à une récession plus tard cet hiver”, préviennent également les économistes de Morgan Stanley. Enfin, pour Andrew Kenningham, économiste en chef de Capital Economics pour l’Europe, “une récession est inévitable au second semestre de cette année, car l’impact des prix élevés de l’énergie sur les ménages et l’industrie se fait sentir”.

Schnabel : récession probable mais non prolongée

Malgré le coût élevé de la vie et la baisse des indicateurs tels que la confiance des consommateurs et des entreprises, selon le membre du directoire de la Banque centrale européenne, Isabel Schnabel il n’y aurait pour l’instant aucun signe d’une récession prolongée ou profonde. “Ce à quoi nous assistons est un choc du côté de l’offre”, a expliqué M. Schnabel à l’agence de presse Reuters. “Les pressions inflationnistes vont probablement persister pendant un certain temps, même avec la normalisation en cours de la politique monétaire”. En juillet, la Banque centrale européenne a relevé tous ses taux d’intérêt de 50 points de base dans le sillage du resserrement monétaire imposé par la Réserve fédérale. Nous étions préoccupés par les perspectives d’inflation”, a expliqué M. Schnabel. “Si je regarde les données les plus récentes, les inquiétudes que nous avions en juillet ne se sont pas apaisées. Je ne pense donc pas que les perspectives aient beaucoup changé.”

Alarme sur le stockage du gaz en Allemagne

Mais pour le gouvernement d’Olaf Scholz, les soucis ne sont pas terminés : à défaut de gaz russe, l’Allemagne risque de ne pas atteindre ses objectifs de stockage pour l’hiver, fixés à 95 %. Cette valeur est supérieure de cinq points de pourcentage à ce que Bruxelles exige des États membres, mais pour l’autorité allemande de l’énergie, elle est irréaliste. Actuellement, les réserves du pays sont remplies à 75%, un niveau atteint avec deux semaines d’avance, mais pour le chef de l’autorité fédérale, Klaus Muller, la situation n’est pas encore résolue. Il y a deux hivers à risque et le second pourrait être encore plus difficile”, a déclaré l’expert. Nous devons économiser beaucoup de gaz pour au moins une année supplémentaire”, a-t-il ajouté. Pendant ce temps, à Ttf, le gaz européen se négocie en hausse de 2 % à 246 € par mégawattheure, proche des sommets de l’été. ()