Credit Suisse perd 4 milliards et lance une augmentation de 4 milliards : Saudi Bank aura 9,9%. Le cours de l’action s’effondre

Economie & Finance

Credit Suisse a été emporté par une vague de ventes à Zurich (le cours de l’action à l’ouverture a chuté de plus de 10% à 4,25 francs suisses, revenant proche de son plus bas historique de 3,97 francs fin septembre) après que la banque a enfin levé le voile sur ses comptes du troisième trimestre et surtout sur son plan de relance tant attendu qui prévoit, entre autres mesures, une augmentation de capital de 4 milliards de francs suisses soutenue par la Saudi National Bank, qui s’est engagée à souscrire 1,5 milliard en devenant actionnaire à hauteur de 9,9%. Cette restructuration est au centre de l’attention du marché depuis l’annonce en juillet d’une révision de la stratégie par le nouveau PDG Ulrich Körner, suite aux difficultés bien connues du groupe qui ont fait sombrer le titre. La banque a enregistré une perte de 4 milliards de francs suisses pour la période juillet-septembre, contre un bénéfice de 434 millions de francs suisses pour la même période un an plus tôt, avec des revenus en baisse de 30 % à 3,8 milliards de francs suisses. Sur les neuf premiers mois de 2022, le rouge s’élèvera à 5,9 milliards. Le consensus compilé par la société prévoyait une perte nette de CHF 413 millions pour le troisième trimestre sur des revenus de CHF 3,99 milliards. L’institution a terminé le trimestre avec un ratio Common Equity Tier 1 (Cet1), une mesure clé de la solidité du bilan, de 12,6 pour cent, contre 14,4 pour cent en septembre 2021. La vaste restructuration annoncée en même temps que les comptes comprend non seulement une augmentation de capital de 4 milliards d’euros, à laquelle la Saudi National Bank participera à hauteur de 9,9 %, mais aussi la restructuration des activités de banque d’investissement et la vente de l’unité de produits titrisés (Securitised Products Group, basée à New York), afin de réduire les risques. Ces derniers jours, le groupe, qui a été emporté par les scandales d’Archegos et de Greensill en 2021 et se trouve aujourd’hui en situation de stress financier, a encaissé quelque 327 millions de dollars grâce à la vente de la totalité de sa participation de 8,6 % dans Allfunds, la société de distribution de fonds cotée en bourse à Amsterdam.

Réduction de 9 000 emplois

Selon le PDG Körner, la mise à jour de la stratégie permettra de “restructurer fondamentalement la banque d’investissement, de renforcer le capital et d’accélérer la transformation de nos coûts”. Il s’agit d’un changement profond, a expliqué la banque dans une note, qui comprend des changements profonds dans la banque d’investissement et d’autres segments, dans le but d’accélérer les réductions de coûts. L’institution vise une réduction des charges de 2,5 milliards, soit 15 %, d’ici 2025. À cette date, 9 000 emplois seront supprimés. D’ici 2025, l’objectif du Credit Suisse est d’allouer deux tiers du capital du groupe aux divisions de gestion de fortune, de gestion d’actifs et de banque en Suisse, au détriment de la banque d’investissement, qui passera d’un tiers actuellement à un cinquième.

Renforcement du capital

L’augmentation de capital destinée à renforcer la solidité de l’entreprise, qui s’élève à 4 milliards d’euros, comprend une double opération : l’émission de nouvelles actions à destination d’investisseurs qualifiés pour un montant de 1,85 milliard d’euros et, pour la partie restante de 2,15 milliards d’euros, une offre d’option aux actionnaires existants, sous réserve de l’approbation de l’assemblée générale des actionnaires du 23 novembre. Dans le cadre de la première tranche, la Saudi National Bank s’est engagée à souscrire 1,5 milliard pour atteindre 9,9 %. Cette intervention en capital, qui permettra de diversifier l’actionnariat du groupe, devrait favoriser une augmentation du ratio Cet 1 pro-forma à 14%.

Accord avec Apollo et Pimco

En outre, la réduction de l’exposition aux produits titrisés et d’autres cessions prévues, ainsi que la diminution de Rwa et de l’effet de levier vont, selon le groupe, soutenir l’exécution de la transformation stratégique. Le Credit Suisse a annoncé à cet égard qu’il avait conclu un accord-cadre et un accord d’exclusivité pour transférer une partie importante de ses activités liées aux produits titrisés et d’autres actifs financiers connexes à un groupe d’investisseurs dirigé par Apollo Global Management et Pimco. En conséquence, la banque prévoit de maintenir un ratio Cet 1 pré-réforme de Bâle III d’au moins 13 % tout au long de la période 2023-2025, avec un ratio Cet 1 pré-réforme de Bâle III prévu pour 2025 de plus de 13,5 %. Enfin, le Credit Suisse a nommé Nina Patel, qui a travaillé dans le domaine de la conformité chez Goldman Sachs au cours des 18 dernières années, au poste de Chief Compliance Officer. M. Patel rend compte au PDG Körner et succède à Rafael Lopez Lorenzo, qui a décidé de démissionner pour des raisons familiales.

Premiers commentaires des analystes

“L’augmentation de capital de 4 milliards était déjà pricée par le marché, notre principale préoccupation est l’objectif faible de Rote pour 2025, qui semble manquer d’ambition”, indique Citi. D’ici 2025, l’objectif est d’atteindre un Rote (rendement des capitaux propres tangibles) du groupe d’environ 6 %, contre un consensus de 6,4 %. “La réaffectation des capitaux vise en partie à relancer la rentabilité, mais cela ne peut pas aller bien loin si les perspectives de rendement restent aussi faibles. Le titre semble bon marché, même après dilution, mais il est probable qu’il y ait un risque d’exécution significatif dans les mois à venir, donc cela reste un investissement à haut risque”, commente Citi, qui réitère néanmoins sa note d’achat avec un prix cible de 6 CHF. ()