Cette phrase qui énerve Israël

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Décevant ; compromis à la baisse ; inutile. Les commentaires qui ont suivi la décision de la Cour internationale de justice de La Haye ont mis l’accent sur ses faiblesses plutôt que sur ses forces. C’est un fait que la Cour n’a pas eu envie d’ordonner un cessez-le-feu comme elle l’avait décidé dans des affaires précédentes. Cela signifie que les civils palestiniens resteront sous la menace des bombes et que la liste des victimes continuera de s’allonger. Ce n’est pas un hasard si, à Gaza et en Cisjordanie, la décision a été accueillie avec une profonde déception, car on ne voit pas ce qui différencie cette situation de celle du Myanmar ou de l’Ukraine, où la sollicitude de la Cour avait été bien plus musclée. Mais essayons de voir le verre à moitié plein : c’est la première fois qu’Israël, qui a toujours bénéficié d’une immunité et d’une impunité inébranlables, est concrètement soupçonné d’avoir commis des actes qui ne sont rien d’autre qu’un génocide.

Faire tomber le masque

Un État qui s’est constitué sur la base d’une rançon pour un génocide perpétré contre son peuple est jugé prima facie susceptible de recevoir des injonctions d’un tribunal international parce qu’il est potentiellement coupable d’avoir lui-même commis un génocide. En fait, d’ici un mois, Israël devra présenter à la Cour un compte rendu détaillé de ce qu’il fait pour supprimer et prévenir les actes susceptibles de relever de ce crime international odieux.

Vous me direz si le coup porté à la légitimité d’Israël dans cette guerre n’est pas sévère. Elle l’est en effet, à tel point que les réactions officielles de son gouvernement ont été cinglantes, allant de l’outrance à l’antisémitisme, accusation dont on abuse systématiquement dès que l’on met en cause le bien-fondé du comportement de Tel-Aviv. Mais attention : désormais, les dirigeants et les forces armées israéliennes devront se montrer pour le moins plus prudents s’ils ne veulent pas se retrouver un jour sur le banc des accusés. Dans ces conditions, le résultat est d’une importance capitale, créant un précédent et nous rappelant que le droit international n’est pas (encore) devenu lettre morte.

Les pays du Sud ne veulent plus d’une politique de deux poids deux mesures

Mais il y a plus qui s’est perdu dans la brillance de l’histoire, à savoir le rôle de l’Afrique du Sud, qui a pris l’initiative de porter l’affaire devant la Cour de La Haye. Le message ne pourrait être plus clair : le Sud, sa périphérie, en a assez de l’hypocrisie et des doubles standards de l’Occident. Le fait est que l’Afrique a une très longue mémoire qui se souvient de 2011, lorsque la Libye a été attaquée sous un prétexte dérisoire, laissant derrière elle un chaos qui dure encore aujourd’hui. Mais elle se souvient aussi d’épisodes et d’événements plus lointains sur lesquels la conscience des Européens et des Américains a étendu un voile d’omertà pudique. La traite des esclaves, le colonialisme, le déracinement des cultures locales ne sont pas un passé en Afrique, mais un présent parfaitement actuel. S’il veut retrouver du crédit, l’Occident doit donc changer de cap. Et ce n’est certainement pas en se comportant en bon petit soldat atlantique, comme l’Italie s’obstine péniblement à le faire, sans même savoir que des négociations se déroulent en coulisses et que l’ordre de marche pourrait bientôt changer, la laissant isolée dans son extrémisme. ()

*Professeur à la Faculté de droit de Florence