Le choc géopolitique provoqué par l’invasion de l’Ukraine par la Russie et ses conséquences macro-financières immédiates ont accru les incertitudes quant à l’évolution de l’économie et des marchés financiers et augmenté les risques pour le secteur bancaire. C’est dans ce contexte que la supervision de la Banque centrale européenne a redéfini les priorités stratégiques des banques pour faire face à cette évidence l’année prochaine et pour les deux prochaines.
Supervision : les banques surveillent les risques structurels. Focus sur les provisions
Selon Francfort, les institutions supervisées ont globalement enregistré de bonnes performances au premier semestre, soutenues par le rebond économique consécutif à l’assouplissement progressif des restrictions Covid-19 et à la normalisation graduelle des taux d’intérêt. Les banques ont donc enregistré des ratios de fonds propres solides et des tampons de liquidité abondants tout au long de la période, ce qui témoigne de la forte résilience du secteur, tandis que les volumes de prêts douteux ont continué à diminuer. Toutefois, les autorités de surveillance préviennent que des risques et des vulnérabilités plus structurels nécessitent encore une attention adéquate de la part des banques et des autorités. Ils continueront à surveiller et à examiner l’adéquation et la solidité des pratiques de provisionnement et des positions de capital des banques, ainsi que leurs projections et leurs plans de distribution, dans le cadre de leurs activités normales de surveillance.
Les trois priorités de la supervision bancaire pour les trois prochaines années
1. Renforcer la résilience aux chocs macro-financiers et géopolitiques immédiats
Afin de se renforcer pour faire face aux chocs financiers, les banques devront faire preuve de prudence dans l’élaboration et la planification de leurs stratégies commerciales et concentrer leurs efforts sur la gestion des risques. Il s’agit notamment d’élaborer des plans de capital, de liquidité et de financement solides et crédibles qui tiennent compte des perspectives incertaines actuelles et sont prêts à s’adapter à l’évolution du paysage des risques de manière souple et rapide. Dans ce contexte, la vulnérabilité prioritaire selon la supervision concerne les déficiences dans la gestion du risque de crédit, y compris les expositions aux secteurs vulnérables. Pour cela, les banques devront remédier efficacement aux déficiences structurelles de leur cycle de gestion du risque de crédit, depuis l’octroi de prêts jusqu’à l’atténuation et la surveillance des risques, et traiter rapidement tout écart par rapport aux exigences réglementaires et aux attentes des autorités de surveillance. Les autorités de surveillance devront également être en mesure d’identifier et d’atténuer rapidement toute accumulation de risques dans leurs expositions à des secteurs plus sensibles à l’environnement macroéconomique actuel, notamment les secteurs touchés par la guerre en Ukraine et les portefeuilles immobiliers.
2. Relever les défis de la numérisation et renforcer les capacités d’orientation des organes de gestion
“Les banques doivent également s’attaquer aux vulnérabilités et aux risques découlant d’une dépendance opérationnelle accrue vis-à-vis des systèmes informatiques, des services de tiers et des technologies innovantes”, ont-ils souligné à Eurotower. Les banques devraient être en mesure d’élaborer et de mettre en œuvre des plans de transformation numérique solides par le biais de dispositifs appropriés, afin de renforcer la viabilité de leur modèle d’entreprise et d’atténuer les risques liés à l’utilisation de technologies innovantes. Pour cela, les institutions doivent disposer de solides dispositifs d’externalisation des risques ainsi que de cadres de cybersécurité et de cyber-résilience afin de traiter de manière proactive tout risque non atténué qui pourrait entraîner des perturbations importantes des activités ou des services essentiels.
3. Intensifier les efforts pour faire face au changement climatique
“Le changement climatique ne peut plus être considéré uniquement comme un risque à long terme ou émergent, car son impact est déjà visible et devrait s’accroître sensiblement dans les années à venir”, ont souligné les autorités de surveillance. Pour faire face à ce type de changement, les banques devront intégrer de manière adéquate les risques liés au climat et à l’environnement dans leur stratégie commerciale et leurs cadres de gouvernance et de gestion des risques afin d’atténuer et de communiquer ces risques, en alignant leurs pratiques sur les exigences réglementaires et les attentes des autorités de surveillance actuelles. (reproduit confidentiellement)
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