BCE, Lagarde laisse toutes les options ouvertes sur les taux : pas d’engagement sur des hausses ou un arrêt

Economie & Finance

Beaucoup d’incertitudes et des pressions inflationnistes toujours présentes. Près d’une semaine après la dernière hausse des taux d’intérêt, Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne, est revenue sur les prochaines étapes. “Dans un contexte de forte incertitude, il est encore plus important que la trajectoire des taux dépende des données”, a déclaré Mme Lagarde, lors de la conférence… La BCE et ses observateurs XXIII. “Cela signifie que, ex ante, nous ne sommes pas déterminés à relever encore les taux d’intérêt, mais nous n’avons pas fini de le faire”. Par ces mots, le président laisse la porte ouverte à toutes les options concernant les prochaines étapes de la politique monétaire.

Lagarde : l’objectif est de ramener l’inflation à 2 % sans compromis

“En effet, comme je l’ai expliqué la semaine dernière”, a poursuivi Mme Lagarde, “si le scénario de base de nos dernières projections est confirmé, nous aurons encore du chemin à parcourir pour assurer la disparition des pressions inflationnistes”, a-t-elle ajouté. “Le public peut être sûr d’une chose : nous assurerons la stabilité des prix et le retour de l’inflation à 2 % à moyen terme n’est pas négociable”, a poursuivi la présidente, “nous le ferons en suivant une stratégie saine, qui dépend des données, mais qui n’inclut pas de compromis avec notre objectif principal”.

Le numéro un du Conseil a expliqué que l’avenir de la politique monétaire “sera déterminé par trois facteurs : notre évaluation des perspectives d’inflation à la lumière des données économiques et financières les plus récentes, la dynamique de l’inflation sous-jacente et l’intensité de la transmission de la politique monétaire”. En même temps, au vu des tensions sur les marchés boursiers et bancaires au cours des dernières séances, “il n’est pas nécessaire de faire un compromis entre la stabilité des prix et la stabilité financière”.

“Ces tensions ont ajouté de nouveaux risques à la baisse et brouillé l’évaluation des risques. Plus généralement, de nombreuses hypothèses dans les projections, telles que celles sur les politiques fiscales et les prix de l’énergie et des denrées alimentaires, sont volatiles. Cela implique une plus grande incertitude autour de la base de référence pour la croissance et l’inflation”, a déclaré Mme Lagarde.

Lagarde : les banques sont solides mais prêtes à fournir des liquidités

La présidente du conseil d’administration de la BCE a ensuite réitéré la position de Francfort sur la crise bancaire actuelle. “Bien que le secteur bancaire européen soit solide, avec des positions de capital et de liquidité fortes, à la lumière de la récente volatilité des marchés financiers, nous sommes prêts à agir et à fournir des liquidités au système financier, si nécessaire, et à préserver la transmission harmonieuse de la politique monétaire.

Nagel demande à la BCE d’être plus persévérante dans la maîtrise de l’inflation

Les remarques de la présidente Lagarde ont suivi celles du gouverneur de la Bundesbank, Joachim Nagel, qui a déclaré que la BCE devait être “têtue” et continuer à augmenter les taux pour lutter contre l’inflation, malgré les craintes que les turbulences financières puissent avoir un impact sur les banques. “Notre lutte contre l’inflation n’est pas terminée”, a déclaré M. Nagel au Financial Times, après que la BCE, la semaine dernière, n’a pas dévié de ses intentions d’augmenter les taux d’un demi-point. “Il ne fait aucun doute que les pressions sur les prix sont fortes et généralisées dans l’économie. Si nous voulons dompter cette inflation tenace, nous devons être encore plus tenaces”, a déclaré M. Nagel, soulignant que l’inflation dans la zone euro doit encore diminuer “de manière significative et durable” par rapport aux 8,5 % enregistrés en février. Il y a encore du chemin à parcourir, a-t-il expliqué, mais nous nous approchons d’un territoire restrictif.

Selon le banquier allemand, qui continue de s’attendre à un “atterrissage en douceur” de l’économie européenne, la BCE “devrait en faire plus”, notamment en réduisant son portefeuille d’obligations, qui commencera ce mois-ci à un rythme de 15 milliards d’euros. M. Nagel a également minimisé les craintes de contagion pour le système bancaire européen “résistant”. “Nous ne sommes pas confrontés à une répétition de la crise financière de 2008”, a-t-il déclaré, “nous pouvons gérer ce qui se passe”.

L’économiste en chef de la BCE, Philip Lane, s’est également exprimé sur le sujet et a tenu des propos plus accommodants, affirmant qu’il y a des raisons de croire que les mesures de l’inflation sous-jacente s’atténueront avec le temps. ()