Le sentiment des investisseurs sur l’économie britannique s’est considérablement affaibli après l’annonce par le chancelier de l’Échiquier, Kwasi Kwarteng, du mini-budget d’urgence le 23 septembre, qui a déclenché une flambée des rendements des Gilt et a encore creusé l’écart entre ceux-ci et les valorisations des banques. Le gouvernement a ensuite fait marche arrière : il renoncera à la réduction d’impôt pour la tranche de revenus la plus élevée, qui passera de 45 % à 40 %, ce qui n’a guère changé le sort du marché britannique, du Gilt et de la livre, qui sont malmenés par une inflation élevée et un vent de récession.
“La forte hausse des taux, la faiblesse de la monnaie et les pressions inflationnistes conduisent à un contexte économique incertain pour le Royaume-Uni”, commentent les analystes de Barclays, ajoutant que “selon le dernier sondage d’opinion, le parti travailliste d’opposition a une avance de 30 points de pourcentage, ce qui alimente la volatilité de l’environnement politique.” La question se pose également de savoir si la Banque d’Angleterre aurait dû tenir une réunion d’urgence pour annoncer une hausse des taux, en réponse aux préoccupations croissantes liées non seulement à l’inflation et à la chute de la livre, mais aussi à la résilience économique générale du pays.
Quel impact sur les banques britanniques ?
Certains investisseurs sont désormais plus pessimistes à l’égard des valeurs bancaires britanniques, compte tenu de leurs préoccupations concernant les perspectives macroéconomiques et la montée des risques. Au cours de la semaine dernière, les banques ont retiré du marché des volumes importants de produits hypothécaires : “Lors de discussions avec les investisseurs, il est apparu que cette décision était principalement due à des raisons opérationnelles, compte tenu de la volatilité des taux d’échange et des difficultés qui en découlent pour fixer les prix de manière appropriée, plutôt qu’à des craintes liées à un ralentissement du marché immobilier”, expliquent les experts. Aujourd’hui, certains de ces produits ont été réintroduits, mais avec des augmentations de prix significatives pour les clients : “en moyenne, nous pensons que les taux ont augmenté de 80 points de base au cours des deux dernières semaines et nous notons qu’un certain nombre de banques réintroduisent des produits avec des taux d’environ 6 %”, commente-t-on chez Barclays.
Les prêts hypothécaires en hausse
Si les coûts des prêts hypothécaires augmentent considérablement, les nouveaux emprunteurs risquent d’être exclus du marché. Cette situation est aggravée par les inquiétudes concernant le refinancement des clients existants : “nous estimons qu’environ 30 %, soit 380 milliards de livres, des prêts hypothécaires à taux fixe seront refinancés au cours des 12 prochains mois”, poursuivent les analystes de Barclays. Si, en moyenne, un emprunteur obtenait une deuxième hypothèque de 210 000 £ à un taux de 5 %, contre le taux précédent de 1,9 %, les remboursements mensuels de la dette augmenteraient d’environ 40 % (de 350 £ à 1 230 £). Si, par contre, le taux passait à 6 %, le montant des versements augmenterait encore d’environ 15 % (soit 125 £ de plus). Ces perspectives amènent de nombreux investisseurs à évaluer l’impact que cela pourrait avoir sur le revenu disponible et le pouvoir d’achat des consommateurs.
Pertes probables sur les avoirs en obligations
Compte tenu de la forte hausse des gilts et des swaps et des hauts et des bas de la livre sterling, les institutions bancaires sont susceptibles d’être confrontées à des pertes de valeur de marché sur les avoirs obligataires, ce qui aurait un impact sur la valeur nette d’inventaire et le ratio de capital Cet1. Dans le même temps, cependant, les investisseurs reconnaissent désormais une certaine solidité des bilans des banques, dont on estime qu’elles sont en mesure de faire face aux pertes sur prêts dues à la hausse des taux. “Des taux plus élevés pourraient toutefois être bons pour les bénéfices des banques”, ajoute-t-on chez Barclays, même si les investisseurs émettent un doute : si l’inflation devait ralentir et les taux ne pas augmenter autant que prévu, ce bénéfice serait moindre. Quoi qu’il en soit, les banques britanniques se négocient aujourd’hui à 5 fois les bénéfices estimés, l’amélioration des fondamentaux étant compensée par les inquiétudes quant à la crédibilité de la politique budgétaire.
Risques de contagion à partir du Royaume-Uni
Les canaux exposés aux risques de contagion sont à la fois financiers et commerciaux. Si l’on considère les différents pays, les entreprises espagnoles sont exposées à hauteur de 278 milliards de livres sterling au Royaume-Uni, alors que l’exposition des banques espagnoles est beaucoup plus faible. Les établissements bancaires français, quant à eux, ont une exposition de 64 milliards de GBP, et les établissements allemands de 59 milliards de GBP. En entrant dans le détail, les banques les plus exposées sont Bnp Paribas (exposition de 109 milliards d’euros), Crédit Agricole (106 milliards), Unicredit (100 milliards), CaixaBank (92 milliards), Intesa Sanpaolo (90 milliards), Bbva (67 milliards), Société Générale (44 milliards), Santander (39 milliards), Deutsche Bank (33 milliards) et Banco Bpm (33 milliards).
Les analystes recommandent ensuite de suivre les tendances trimestrielles des taux, des spreads des obligations gouvernementales et des devises. Si l’on prend en considération les obligations d’État à 10 ans, la plus grande variation concerne le Royaume-Uni, avec une valeur de 186 points de base ; viennent ensuite l’Italie, avec 125 points de base, l’Autriche, avec 91, l’Espagne, avec 86, la France, avec 80 et l’Allemagne, avec 77. En ce qui concerne la variation de l’écart par rapport au Bund allemand (10 ans), l’écart est de 108 points de base pour le Royaume-Uni, 48 pour l’Italie, 13 pour l’Autriche, 9 pour l’Espagne et 3 pour la France. La variation de l’Euribor à 3 mois était de 137 points de base, celle à 6 mois de 155 et celle à 12 mois de 152. Enfin, en ce qui concerne le marché des devises, l’euro a baissé de 6 % par rapport au dollar, la livre de 8 % et le rouble de 9 %. ()
Christian Grolier est un rédacteur sport très passionné. Écrire à propos des sports qu‘il adore et partager ses informations avec les lecteurs lui procure une immense satisfaction. En dehors de son travail, il s‘adonne à de nombreuses activités sportives. Il fait de la randonnée, du vélo et de la natation. Il est également un grand fan de football. Christian a également un grand intérêt pour le tennis et les jeux vidéo sportifs.