Pour déclencher le risque bancaire Unicredit cherche une proie en Allemagne

Economie & Finance

Unicredit est de retour sur le risque bancaire européen et mise sur l’Allemagne, le marché étranger où il est le plus présent grâce à l’acquisition de Hvb en 2005. Mardi 20 septembre, le PDG Andrea Orcel a réitéré son intérêt pour le pays, laissant entendre qu’une acquisition est dans le collimateur : “une croissance de la part de marché en Allemagne serait bonne pour le groupe”, a expliqué M. Orcel dans une interview accordée au quotidien économique Handelsblatt, rappelant que “les fusions et acquisitions peuvent être un accélérateur de croissance et créer une valeur ajoutée pour l’institution sous certaines conditions”. Ces concepts ne sont pas nouveaux pour le banquier, mais ils sont cette fois-ci déclinés dans une optique nettement transfrontalière : “Mon grand objectif est de diversifier davantage nos sources de revenus afin de devenir une banque européenne à part entière”, précise M. Orcel.

Les dernières tentatives de prise de contrôle

Ces dernières années, Unicredit a envisagé à plusieurs reprises une croissance par des lignes externes en Europe du Nord. L’ancien PDG, Jean Pierre Mustier, avait par exemple étudié depuis longtemps une intégration avec la Société Générale française et, dans un deuxième temps, une fusion avec la Commerzbank. Cette deuxième cible a également été examinée par Orcel, qui aurait rouvert le dossier au début de l’année. La guerre en Ukraine a toutefois compliqué les plans d’Unicredit, aux prises entre autres avec une présence directe délicate en Russie. Le gouvernement allemand (actionnaire à 15 % de la Commerzbank) n’a pas aidé non plus. Ces derniers jours, le ministre allemand des finances, Christian Lindner, a refroidi les spéculations sur l’avenir de la participation, réaffirmant que la vente n’était pas imminente.

La privatisation inachevée

L’histoire de la Commerzbank est, après tout, une histoire mouvementée. Après le sauvetage en 2009, dans le sillage de la crise des subprimes, Berlin a tenté à plusieurs reprises de liquider la participation, sondant l’intérêt d’acteurs étrangers tels que Ing et Bnp Paribas. Dans la dernière phase de la chancellerie d’Angela Merkel, l’hypothèse d’un mariage avec la Deutsche Bank, une opération souhaitée par Berlin mais combattue en interne par les cadres et les syndicats, a également échoué. Selon les intentions du gouvernement, l’accord aurait dû renforcer les deux acteurs, en créant une institution ayant une portée internationale qui fait encore défaut aux entreprises allemandes. Il n’en est rien ressorti.

Les alternatives pour Unicredit

En bref, il est difficile de dire si le regain d’intérêt d’Unicredit pourrait déboucher sur une opération réussie. Il est vrai, cependant, que le groupe de la Piazza Gae Aulenti ne manque pas de cibles alternatives. Si Orcel n’a jamais définitivement clos le dossier Banco Bpm, sur lequel elle était sur le point de lancer une offre publique en février dernier, les spéculations reviennent dans les milieux romains sur une intervention de Mps. La banque siennoise est aux prises avec une délicate augmentation de capital de 2,5 milliards d’euros qui doit être lancée d’ici novembre. À la veille d’élections politiques et dans un environnement macroéconomique incertain, l’issue de l’opération est tout sauf gagnée d’avance. C’est pourquoi certains observateurs parient sur une proposition de rachat de la filiale du Trésor par une banque italienne, en profitant des dernières semaines de la législature. Le nom favori reste celui d’Unicredit, qui, en plus de très bien connaître Monte après la due diligence de l’année dernière, a tout récemment intensifié ses contacts avec la capitale.

Orcel ne veut pas donner la branche russe

Dans l’interview accordée au quotidien économique Handelsblatt, M. Orcel a également fait le point sur la présence d’Unicredit en Russie : “Nous cherchons des options de sortie depuis le premier jour de la guerre”, a-t-il déclaré. “Nous avons examiné un certain nombre d’options, mais les limites augmentent car le nombre d’entreprises sanctionnées ne cesse de croître.” Par ailleurs, le numéro un d’Unicredit ne veut pas céder la filiale russe : “Je pense que ce serait une erreur, et aussi incompatible avec l’idée de sanctions, si nous cédions pour un euro une entreprise qui vaut plus de trois milliards d’euros.” ()