Nord Stream 1 reste fermé, voici combien une nouvelle hausse des prix du gaz pèsera sur l’économie de l’UE même en 2023

Economie & Finance

Le gazoduc Nord Stream 1, principale liaison pour le transport du gaz naturel de la Russie vers l’Europe, reste fermé en raison de nouveaux problèmes techniques présumés et aucune date précise n’a été fixée pour sa réouverture, ce qui alimente les craintes d’une pénurie de gaz en hiver et met en évidence les divergences entre Gazprom et l’entreprise allemande Siemens Energy concernant les travaux de réparation du gazoduc. Déjà aux prises avec la flambée des prix du gaz, les gouvernements européens s’attendaient à ce que le gazoduc reprenne ses activités après une brève maintenance cette semaine, mais la Russie a brusquement annulé le redémarrage le 2 septembre, invoquant une fuite d’huile dans une turbine.

De nouveaux désaccords entre Gazprom et l’entreprise allemande Siemens Energy au sujet des réparations.

Une percée qui a coïncidé avec le projet du G7 d’imposer un plafonnement des prix du pétrole russe, avec l’intention du président russe Vladimir Poutine de réduire les ressources destinées à la lutte contre la guerre en Ukraine. Le géant russe de l’énergie Gazprom a affirmé que Siemens était prête à effectuer des réparations sur le gazoduc Nord Stream 1, mais qu’il n’y avait aucun endroit disponible pour effectuer les travaux, ce que Siemens a démenti, expliquant qu’elle n’avait jamais reçu de demande en ce sens.

Selon Gazprom, les réparations ne peuvent être effectuées que dans un atelier spécialement équipé. Avant le dernier cycle de maintenance, Gazprom avait déjà réduit les flux à seulement 20 % de la capacité du gazoduc. Cette nouvelle interruption de Nord Stream 1, qui, selon la Russie, durera le temps nécessaire pour effectuer les réparations, a renforcé les craintes d’une pénurie hivernale de gaz qui pourrait contribuer à plonger les principales économies européennes dans la récession et le rationnement énergétique.

Nouvelle hausse du prix du gaz attendue le lundi 5 septembre

Les prix du gaz naturel européen, qui ont augmenté de plus de 400 % depuis août 2021, devraient connaître une forte hausse le lundi 5 septembre, les marchés se réadaptant à cette dernière évolution. Après un pic à 346 euros par mégawattheure le 26 août dernier, ils sont tombés à 214,6 euros le vendredi 2 septembre. “Les vents contraires ont continué à souffler fortement ces derniers mois, en grande partie en raison des tensions géopolitiques persistantes entre la Russie et l’Ukraine et de leurs retombées, tandis que les prix des produits de base ont connu une hausse extraordinaire, mettant sous pression la durabilité des revenus des ménages et des entreprises”, ont souligné les analystes de Morgan Stanley.

“Les mauvaises nouvelles sur le front de l’énergie l’emportent sur les bonnes, qui concernent actuellement le débouclage progressif des chaînes d’approvisionnement après le durcissement des politiques anti-Covid en Asie”, poursuivent les experts de Morgan Stanley, qui ont donc revu une nouvelle fois à la baisse leurs estimations de croissance pour la zone euro.

Morgan Stanley : les prix élevés de l’énergie affecteront l’économie de la zone euro également en 2023

“Nous pensons que la hausse des prix de l’énergie risque de porter atteinte à l’économie de la zone euro non seulement cette année, mais aussi l’année prochaine”, prédit-on chez Morgan Stanley. Les experts estiment qu’une augmentation de 40 % des prix du gaz naturel réduirait la croissance du PIB de l’UE d’environ 10 points de base par trimestre. Pour 2022, Morgan Stanley prévoit une croissance du PIB de 2,9 %, mais en 2023, il voit une contraction de 0,2 % (inférieure à l’estimation du consensus) alors qu’il estimait précédemment +0,3 %.

D’autre part, des signaux peu encourageants sont venus des données macroéconomiques : les indices PMI en août se sont contractés (sous le seuil de 50) pour le deuxième mois consécutif, augmentant la probabilité d’une récession. “Selon notre modèle, la probabilité d’une croissance négative au quatrième trimestre de cette année sera plus élevée qu’au moment de l’apparition de la pandémie, oscillant autour des niveaux observés pendant la crise de la dette souveraine de 2011-2012”, expliquent-ils. Ainsi, ils soulignent une plus grande incertitude pour la saison d’hiver 2022-2023 en raison de problèmes persistants sur le front de l’approvisionnement énergétique, en revanche, ils estiment une augmentation des investissements publics et privés dès l’été prochain.

Prix du gaz aux alentours de 300 euros tout au long du quatrième trimestre de 2022 et jusqu’en janvier 2023.

Pour Morgan Stanley, l’offre de gaz devrait encore diminuer de 11 % l’année prochaine. S’ils devaient rester à leur niveau actuel, la baisse d’une année sur l’autre serait d’environ 64 % cette année, -82 % si Nord Stream 1 devait être complètement fermé, comme c’est le cas actuellement. La substitution par d’autres sources, comme le gaz naturel liquéfié, est difficile en raison des goulets d’étranglement persistants et de la lenteur de la production. Dans le même temps, cependant, la demande ralentit assez brusquement : début août, les pays de l’UE se sont mis d’accord sur une réduction de 15 % de la demande pour l’hiver prochain par rapport à la période 2017-2021. “La manière exacte dont la demande des ménages évoluera au cours des mois les plus froids ne sera claire que fin octobre, alors que la demande de gaz pour la production d’électricité reste à la merci des énergies renouvelables”, estiment les analystes de Morgan Stanley. Au moins pour cet hiver, l’approvisionnement devrait être suffisant, même si le débit du gazoduc Nord Stream 1 tombe à zéro. “Toutefois, nous ne sommes arrivés à cette conclusion que parce que nos prévisions de demande sont suffisamment faibles”, conclut-on à la banque d’investissement, estimant que tout au long du quatrième trimestre 2022 jusqu’en janvier 2023, le prix du gaz naturel européen restera proche de 300 euros par mégawattheure (environ 280 euros). ()