Les dirigeants de l’UE acceptent de réduire le prix du gaz, qui passe sous la barre des 120 euros | LA VIDÉO

Economie & Finance

Après douze heures de discussion, les dirigeants européens ont progressé sur la question de l’énergie, mais il n’y a toujours pas d’accord concret sur le plafonnement du prix du gaz. Il existe une “feuille de route solide pour continuer à travailler sur les prix de l’énergie”, a commenté la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Satisfait, le Premier ministre italien sortant, Mario Draghi, a déclaré : “Tout s’est bien passé”.

Une lueur d’espoir pour la Sûre

D’ici début novembre, la Commission européenne “va s’exprimer très clairement” sur le plafonnement des prix “et nous allons aussi avancer rapidement sur la solidarité financière”, a expliqué Emmanuel Macron, selon qui, sur ce dernier point, les options de Bruxelles sont au nombre de deux : une Sure 2 ou utiliser les prêts encore disponibles (environ 200 milliards) dans le cadre du RePowerEu, “en donnant un peu de flexibilité”.

Le prix du gaz passe sous la barre des 120 euros par MWh

Ainsi, le prix européen du gaz chute de 8,44 % à 116,4 euros par mégawattheure à la bourse d’Amsterdam. Les dirigeants se réuniront aujourd’hui, 21 octobre, pour la deuxième journée du sommet, avec des questions économiques à l’ordre du jour. L’UE doit faire face à la montée en flèche des prix de l’énergie, qui continuent d’alimenter l’inflation, tandis que le spectre d’une récession plane sur l’Europe. Les coupures de gaz effectuées par la Russie après son invasion de l’Ukraine en février ne font qu’aggraver la situation. Les 27 pays ont déjà convenu de reconstituer les réserves de gaz et d’utiliser les bénéfices supplémentaires des entreprises énergétiques pour aider les consommateurs à payer leurs lourdes factures.

La balle passe à la Commission européenne et au Conseil des ministres de l’énergie.

Le Conseil européen a maintenant donné le “mandat” à la Commission européenne et au Conseil des ministres de l’énergie, qui se réunit le 25 octobre puis le 18 novembre, “de présenter d’urgence des décisions concrètes” sur les propositions de Bruxelles et les mesures supplémentaires, qui sont énumérées ci-dessous. Cette formulation est moins ambiguë que les projets initiaux de conclusions, qui indiquaient que le sommet européen avait donné au Conseil des ministres et à la Commission un mandat limité pour “explorer” ou “examiner” les propositions. En outre, la liste des mesures à proposer n’a pas été réduite, supprimant la mention du “plafonnement des prix”, comme le souhaitaient les pays qui continuent à s’y opposer, et surtout l’Allemagne. Ces décisions, a précisé le Conseil européen, devront être présentées “après avoir évalué leur impact, notamment sur les contrats existants et le non-impact sur les contrats à long terme, et en tenant compte des différents mix énergétiques et des circonstances nationales”.

Voici toutes les mesures

1) Achats communs de gaz par les pays membres (et les consortiums de leurs entreprises privées) sur une base volontaire, à l’exception d’une agrégation obligatoire de la demande pour un volume équivalent à 15% des besoins de remplissage des dépôts de stockage de chaque pays. Toutefois, les États membres ne sont pas obligés d’accepter en fin de compte les contrats négociés conjointement.

2) D’ici le début de l’année 2023, la mise en place d'”un nouvel indice de référence, complémentaire” de l’actuel indice Ttf (“Title Transfer Facility”) d’Amsterdam, reflétant plus fidèlement les conditions du marché du gaz, et donnant au gaz naturel liquéfié (GNL) le poids qui lui revient aujourd’hui dans les importations européennes, où il a largement remplacé le méthane des gazoducs russes.

3) Un “corridor dynamique temporaire de prix sur les transactions de gaz naturel pour limiter immédiatement les épisodes de hausse excessive des prix” ; il s’agit, en substance, du “plafonnement des prix” sur le marché de gros du gaz, demandé par l’Italie et une quinzaine d’autres États membres, mais auquel s’opposent l’Allemagne et quelques autres, notamment la Hollande, l’Autriche et la Hongrie.

Le Premier ministre hongrois a déjà levé les bras au ciel en déclarant qu’un accord avait été conclu lors du sommet de l’UE selon lequel tout futur plafonnement du prix du gaz dans l’UE ne s’appliquera pas aux accords de fourniture de gaz à long terme, tels que l’accord de 15 ans que la Hongrie a conclu avec la société russe Gazprom. Viktor Orban a écrit sur sa page Facebook : “Nous avons obtenu une exemption du plafonnement du prix du gaz, ce qui ne mettra pas en péril la sécurité de l’approvisionnement en gaz de la Hongrie”. Selon M. Orban, même si un approvisionnement commun en gaz en Europe devait être convenu à l’avenir, “il ne sera pas obligatoire pour la Hongrie”.

4) Un cadre communautaire temporaire pour plafonner le prix du gaz utilisé pour la production d’électricité, y compris une analyse coûts-avantages de cette mesure, et empêcher une augmentation de la consommation de gaz. Il faudra se pencher sur l’impact financier et l’impact sur la distribution, en particulier sur le flux d’électricité subventionnée au-delà des frontières de l’UE vers les pays voisins, tels que la Suisse et le Royaume-Uni, qui sont intégrés au marché européen de l’électricité.

5) Accélération de la simplification des procédures d’autorisation afin de mettre en place plus rapidement des installations de production d’énergies renouvelables et des réseaux pour leur transport, y compris des mesures d’urgence.

6) Mesures de solidarité énergétique en cas de rupture d’approvisionnement en gaz au niveau national, régional ou de l’Union, en l’absence d’accords de solidarité bilatéraux.

7) Enfin, la question des financements européens pour faire face aux conséquences de la crise énergétique mais aussi pour financer les investissements nécessaires à la transition verte. Les “solutions européennes communes” sont mentionnées ici, mais de manière vague et ambiguë. En effet, des mesures sont nécessaires pour “mobiliser les instruments pertinents au niveau national et européen” afin de protéger “les ménages et les entreprises, et en particulier les personnes les plus vulnérables de nos sociétés”, ainsi que pour “préserver le marché unique et des conditions de concurrence équitables” au sein de celui-ci.

L’Italie devrait donner son feu vert préliminaire au projet de regazéifieur de Piombino

Entre-temps, la France, l’Espagne et le Portugal ont convenu de remplacer le projet de gazoduc Midcat par un nouveau “corridor vert” sous-marin entre Barcelone et Marseille, capable de transporter du gaz naturel et de l’hydrogène. En Italie, le feu vert préliminaire pourrait être donné aujourd’hui, selon certaines sources, au projet de regazéifieur de Piombino, qui devrait permettre d’éviter une éventuelle crise d’approvisionnement au cours de l’hiver 2023-2024. ()