Leonardo, pourquoi est-elle en chute libre en bourse malgré des fondamentaux solides ?

Economie & Finance

Forte baisse de l’action Leonardo à la Bourse italienne malgré des comptes du troisième trimestre supérieurs aux attentes des analystes (grâce à l’absence de charges de restructuration, à un faible taux d’imposition de 15% et à la plus-value de la vente de Ges/Aac) et l’amélioration des prévisions pour 2022 en termes de commandes (+13% à plus de 16 milliards) et de dette nette (de 3,1 milliards à 3 milliards avec un free cash flow attendu à 0,5 milliard). L’action a chuté de 6,39 % à 7,67 euros. Certains se plaignent du fait que la direction n’a pas donné d’indication sur les marges prévues pour 2023 (70% du carnet de commandes est à prix fixe), même s’ils se disent confiants dans les mesures prises pour protéger les marges.

Les analystes sont prudents sur la tendance de la rentabilité pour 2023

Ainsi, “nous supposons plus de prudence sur les perspectives de rentabilité pour 2023 avec une estimation de l’ebit abaissée de 4% et de l’eps de 5%”, indique un analyste, tout en confirmant la note positive sur le titre pour tenir compte de l’augmentation structurelle des dépenses militaires. “De plus, Leonardo bénéficie toujours d’une valorisation attractive par rapport aux multiples historiques et la cotation de la filiale américaine Drs est un catalyseur positif pour le titre”, a-t-il ajouté.

Inflation et récession : deux inconnues à ne pas sous-estimer

Pour le bureau d’études d’Intesa Sanpaolo (note d’achat et prix cible à 12,7 euros), le relèvement des prévisions confirme que le groupe est sur la bonne voie pour se redresser et atteindre pleinement ses objectifs pour 2022. Toutefois, ajoute Intesa Sanpaolo, “le scénario macro et l’environnement inflationniste et récessif pour 2023 restent les principaux facteurs à surveiller qui pourraient avoir un impact sur les performances du groupe”.

Equita Sim a apprécié le bénéfice trimestriel plus élevé que prévu et a souligné la bonne qualité des prévisions avec des revenus et un ebit confirmés malgré la déconsolidation de Ges et la contribution négative de Hensoldt. L’agent de change a confirmé ses estimations pour la fin de l’année : chiffre d’affaires à 14,70 milliards d’euros contre 14,13 milliards d’euros en 2021, EBIT à 1,216 milliard d’euros contre 1,123 milliard d’euros l’an dernier, et bénéfice net à 651 millions d’euros contre 585 millions d’euros, tout en augmentant les prises de commandes. La note sur le titre reste “acheter” avec un prix cible de 12 euros.

Mediobanca Securities estime que Leonardo a livré un ensemble de comptes solides avec un ebit substantiellement en ligne avec ses estimations et celles du consensus, malgré les fluctuations des taux de change et la déconsolidation de Ges/Aac. “Le bénéfice net a été de 9 à 10% supérieur aux attentes grâce à la baisse des coûts récurrents et des frais financiers. Nous confirmons une note de surperformance et un prix cible de 12,50 euros sur le titre”, a déclaré Mediobanca Securities.

La décote de Leonardo par rapport à ses rivaux est embarrassante, selon la Banca Akros.

C’est l’évaluation qui attire le plus la Banca Akros : les comptes sont conformes aux attentes. En moyenne, les rivaux de Leonardo, Bae et Thalès, se négocient à environ 16 fois le bénéfice par action de 2023 et à environ 15,7 fois leur flux de trésorerie disponible. Leonardo se négocie à 5,8 et 6,2 fois ces paramètres respectivement ; “la décote est tout simplement embarrassante. Nous maintenons donc notre recommandation d’achat sur le titre et le prix cible à 15 euros, compte tenu également de l’environnement très favorable”, a déclaré Banca Akros.

Le groupe a également confirmé la fusion Drs-Rada d’ici fin novembre/début décembre et a déclaré qu’il n’était pas prévu de vendre des actions de Drs, tout en réaffirmant que l’hypothèse de fusion avec Fincantieri ne crée pas de valeur. Quant à l’impact de l’inflation élevée, la direction n’a donné aucune indication quantitative, mais elle est confiante dans sa capacité à le compenser, bien que 70% du carnet de commandes ait des prix fixes, tandis que l’énergie est couverte jusqu’en 2023. Enfin, le rachat de l’obligation de 350 millions d’euros assortie de taux supérieurs à 6 % permettra d’économiser 20 millions d’euros par an. Le consensus recueilli par Bloomberg enregistre 16 notes d’achat, 1 neutre, 1 vente, avec un prix cible moyen de 12,37 euros. Depuis le début de l’année, le titre a gagné +21% contre -16% pour l’indice Ftse Mib. ()