La Commission européenne rejette le modèle gazier ibérique, le prix repasse au-dessus de 100 euros

Economie & Finance

Le prix du gaz européen repasse au-dessus du seuil psychologique des 100 euros par MWh (+1,34% à 100,50 euros) après que la Commission européenne a rejeté l’extension du modèle ibérique à l’ensemble de la zone euro. L’extension à l’ensemble du territoire européen du modèle adopté par l’Espagne et le Portugal en juillet dernier – qui prévoit un plafonnement du prix du gaz utilisé pour produire de l’électricité – “comporterait plus d’inconvénients que d’avantages pour les pays de l’UE”, selon un document officieux rédigé par la Commission européenne à l’invitation des dirigeants de l’UE et diffusé en marge du Conseil des ministres de l’énergie à Luxembourg aujourd’hui, 25 octobre. Le modèle prévoit un financement public national pour couvrir la différence entre le plafond fixé et le prix réel du marché, ce qui correspond en pratique à un découplage des prix du gaz et de l’électricité.

Voici les inconvénients du modèle ibérique, selon la Commission européenne

Parmi les inconvénients cités par Bruxelles figurent l’augmentation de la consommation de gaz, l’accroissement des flux vers le Royaume-Uni et la Suisse, et la difficulté d’établir un système de redistribution des coûts entre des États membres ayant des mix énergétiques différents. Pas seulement ça. Avec l’extension du modèle ibérique, “les pays de l’UE dont le système électrique repose largement sur la production d’électricité à partir du gaz seraient confrontés à des coûts plus élevés pour les subventions nécessaires”. C’est le cas, par exemple, en Allemagne, aux Pays-Bas et en Italie. Les États qui sont des importateurs nets d’électricité produite à partir de gaz bénéficieraient de l’électricité subventionnée provenant d’autres États membres et le principal bénéficiaire net serait la France.

Les ministres de l’énergie de l’UE examineront aujourd’hui, 25 octobre, les détails du plafonnement du prix du gaz et d’autres mesures proposées par la Commission européenne et soutenues par les dirigeants de l’UE la semaine dernière, afin de faire face à la hausse des factures d’énergie causée par la guerre économique menée par la Russie contre l’Occident à la suite de son invasion de l’Ukraine.

L’Allemagne le répète : l’achat commun de gaz est plus efficace qu’un plafonnement des prix

Le ministre allemand de l’économie et de l’environnement, Robert Habeck, arrivant au Conseil, a réaffirmé que les “achats groupés” de gaz “dans l’UE sont le moyen le plus efficace de maintenir les prix du gaz à un niveau bas”. L’Europe, a-t-il dit, a un grand pouvoir de marché “et si les pays décident de se coordonner entre eux et de former des groupes d’achat, l’impact d’une Europe qui n’est plus en concurrence fait baisser les prix”, a expliqué le vice-chancelier. “Je pense que c’est l’instrument principal et nous le considérons plus efficace qu’un instrument risqué comme le prix plafond du gaz.” Toutefois, une décision sur le mécanisme de plafonnement du prix du gaz est attendue. “Le travail se poursuit régulièrement”, a assuré M. Habeck, qualifiant de “bon succès” l’accord politique conclu par les dirigeants européens vendredi dernier.

Giorgia Meloni : des pas en avant, mais encore insuffisants

La Première ministre Giorgia Meloni a défini elle-même à la Chambre des députés les signaux issus du dernier Conseil européen comme “un pas en avant, réalisé également grâce à l’engagement de mon prédécesseur et du ministre Cingolani”, mais “ils sont encore insuffisants”, a-t-elle ajouté, expliquant que “l’absence, encore aujourd’hui, d’une réponse commune laisse place aux mesures des différents gouvernements nationaux, qui risquent de miner le marché intérieur et la compétitivité de nos entreprises”. Pour cette raison également, il sera nécessaire de maintenir et de renforcer les mesures nationales de soutien aux ménages et aux entreprises, tant sur les factures que sur le carburant.

Gaz : feu vert pour le regazéifieur de Piombino, Snam prêt à agir

Pendant ce temps, en Italie, le président de la Toscane, Eugenio Giani, en sa qualité de commissaire extraordinaire du projet, a signé l’autorisation pour l’installation du regazéifieur dans le port de Piombino (Livourne). Pour sa part, Snam a exprimé sa satisfaction quant à la conclusion positive du processus d’autorisation du projet Fsru Piombino et a souligné que le regazéifieur “contribuera de manière décisive à la sécurité et à la diversification des approvisionnements énergétiques du pays”. L’acte d’autorisation délivré par le commissaire extraordinaire, ajoute la compagnie, “contient plusieurs prescriptions techniques et procédurales que l’entreprise examinera dans les prochains jours afin de permettre le démarrage des travaux en temps voulu et de tout mettre en œuvre pour que l’unité soit opérationnelle dans les délais prévus”. ()