Épargne, les familles italiennes demandent à l’État et aux écoles plus d’éducation financière

Economie & Finance

Quatre-vingt pour cent des ménages italiens considèrent que la gestion de leurs finances personnelles est complexe, principalement en raison de l’environnement incertain et de la hausse des prix. C’est ce qui ressort du tableau dressé dans la huitième édition du rapport de la Consob sur les choix d’investissement des ménages italiens (basé sur l’enquête L’approccio alla finanza e agli investimenti delle famiglie italiane administrée en juin et juillet 2022 par GfK Italia à un échantillon représentatif d’investisseurs italiens).
Les données macroéconomiques confirment cette perception : l’inflation érode le pouvoir d’achat du revenu disponible, la détresse économique des ménages repart à la hausse, le patrimoine financier par rapport au revenu disponible se réduit, même s’il reste plus élevé que dans les grands pays de la zone euro. Bien qu’en légère progression, les connaissances financières ne sont pas encore suffisamment répandues, que ce soit en ce qui concerne les concepts de base, les instruments financiers ou les dimensions du risque financier.

Inflation et préférence pour la liquidité

65% de l’échantillon semble comprendre les effets de l’inflation (bien que des différences significatives apparaissent entre les groupes d’âge, les zones de résidence et les tranches de revenus). Cependant, parmi ceux qui préfèrent garder leurs économies sur leur compte courant (12 % des répondants) ou sous le matelas (9 %), plus d’un tiers ne saisit pas pleinement l’impact de la hausse des prix sur leur pouvoir d’achat.

La nécessité d’une éducation financière

Bien qu’en légère progression, les connaissances financières ne sont pas encore suffisamment répandues, que ce soit en ce qui concerne les concepts de base (par exemple, la notion de diversification des investissements n’est comprise que par 50 % des répondants), les instruments financiers (la part de réponses correctes aux questions sur les comptes courants, les actions, les obligations et les fonds communs de placement reste inférieure à 60 %) ou les dimensions du risque financier (en particulier, le pourcentage de répondants connaissant les notions de risque de crédit, de marché et de liquidité oscille entre 20 et 49 %). Un point d’attention est la connaissance du concept d’inflation : 65% de l’échantillon semble comprendre ses effets (bien que des différences significatives apparaissent entre les groupes d’âge, les zones de résidence et les tranches de revenus). Dans ce contexte, la bonne nouvelle est que les investisseurs sont de plus en plus conscients de la nécessité d’améliorer leurs compétences : dans 66% des cas (+10 points de pourcentage par rapport à 2021), ils se déclarent prêts à en apprendre davantage sur des sujets utiles pour faire des choix financiers importants. À cette fin, la référence la plus fréquemment mentionnée est celle des intermédiaires, qui, selon 32% des répondants, devraient également s’efforcer d’accroître les connaissances financières des citoyens, en plus des institutions publiques (mentionnées dans 30% des cas) et des écoles (26%).

Les résultats du bilan financier

Parmi les neuf manifestations possibles de l’anxiété financière explorées dans l’enquête, le sentiment d’impuissance (62% des investisseurs interrogés pensent qu’ils peuvent perdre leur épargne sans en être responsables ; un chiffre en hausse depuis trois ans), la nécessité de déléguer la gestion de ses finances à des personnes de confiance (49%) et le malaise que cette dernière peut générer (48%) sont les plus répandus. L’anxiété financière est plus répandue chez les femmes et les ménages à faibles revenus, tandis qu’elle est négativement associée aux connaissances financières et aux bonnes pratiques de contrôle financier (planification, budgétisation et épargne).

Environ 60 % des répondants trouvent qu’il est difficile d’atteindre leurs objectifs financiers, plus de 50 % trouvent qu’il est difficile de les atteindre lorsque des dépenses imprévues surviennent, et 40 % s’inquiètent des ressources disponibles après la retraite.

En l’absence de plan, l’épargne devient occasionnelle : la proportion de répondants qui planifient et établissent un budget familial est en baisse (12 % contre 16 % l’année précédente), tandis que la proportion d’investisseurs qui épargnent occasionnellement a augmenté (44 % contre 37 % en 2021). 63 % des investisseurs trouvent qu’il est difficile d’épargner pour des objectifs trop éloignés dans le temps.

Parmi les investisseurs qui trouvent la gestion de leurs finances personnelles complexe en raison d’un environnement économique incertain (24 %) ou de l’inflation (21 %), environ la moitié n’ont pas de plan financier qui pourrait les aider à réduire leur exposition aux chocs financiers.

Ménages les plus vulnérables

Le pourcentage d’investisseurs signalant une baisse temporaire ou permanente de leurs revenus s’élève à 23 %, contre 17 % en 2021. Le pourcentage de ménages fragiles, c’est-à-dire ayant du mal à faire face aux dépenses fixes et récurrentes, a également augmenté pour atteindre 37 % de l’échantillon (33 % en 2021). En revanche, la part des individus déclarant être incapables de faire face à une dépense imprévue de 1 000 euros (ménages exposés) reste stable à 23%.

Le rôle du professionnel

Les investisseurs qui suivent les conseils d’un professionnel ne sont pas toujours pleinement conscients des caractéristiques du service de conseil. Seuls 39% des répondants savent que le service est réservé aux personnes inscrites au registre unique des conseillers financiers. Seuls 15% identifient le mode de rémunération comme l’une des caractéristiques typiques du conseil indépendant. Seuls 34% de l’échantillon savent que le conseil est un service payant, tandis qu’environ 60% disent qu’ils ne sont pas prêts à payer.

Les particuliers assistés par un professionnel détiennent un portefeuille plus diversifié et sont plus fréquemment orientés vers l’investissement durable, par rapport au reste de l’échantillon pour lequel les actifs les plus populaires restent les certificats de dépôt et les bons d’épargne postaux (50% des ménages), suivis des fonds communs de placement (29%) et des obligations de l’État italien (18%).

Cryptocurrencies et trading en ligne

L’enquête 2022 a également évalué, pour la première fois, la familiarité des investisseurs italiens en ce qui concerne l’utilisation sûre d’Internet et la connaissance des actifs numériques et des services d’investissement fournis par les plates-formes en ligne. Par exemple, en ce qui concerne le commerce en ligne, 29% des sujets ne sont pas en mesure d’identifier correctement les obligations de l’opérateur de la plate-forme envers l’investisseur qui a l’intention de négocier en ligne. Néanmoins, la proportion de répondants accédant au net pour négocier des crypto-monnaies et pour effectuer des transactions en ligne semble augmenter (respectivement de 2% à 8% et de 8% à 11%), tout comme l’intérêt potentiel, associé notamment à la perspective de gains faciles et à la propension à surestimer ses connaissances en la matière.

Investissements durables

Seuls 11% des répondants possèdent des investissements durables (17% dans le sous-échantillon des investisseurs conseillés par des professionnels). Le manque de connaissances à leur sujet est le principal facteur qui dissuade de choisir des investissements durables, suivi par la perception d’un risque élevé (87 % des personnes interrogées considèrent qu’il s’agit d’options plus risquées que les options traditionnelles), de faibles performances financières (86 % des personnes interrogées considèrent qu’il s’agit d’options plus coûteuses), le manque d’informations utiles et claires et la crainte de l’écoblanchiment. Mais un intérêt généralisé se dégage, qui, en perspective, pourrait se traduire par une augmentation significative de ces investissements : d’ici deux ans, en effet, 57% des personnes interrogées se disent enclines à investir davantage dans des produits durables (74% parmi les personnes intéressées et 93% parmi celles qui en possèdent déjà.

Les forces et les faiblesses de l’épargne rose

Le rapport se termine par un examen approfondi des différences entre les sexes sur la base d’un échantillon élargi qui inclut également les femmes codécideuses en matière de finances des ménages (2 085 personnes). L’aversion au risque, l’aversion aux pertes et le manque de confiance, c’est-à-dire la propension à sous-estimer ses propres connaissances financières, se retrouvent plus fréquemment chez les femmes. Les femmes ont tendance à être moins familières avec les produits financiers numérisés, la durabilité et les services d’investissement, et sont moins susceptibles de faire du commerce en ligne, mais sont plus susceptibles de rechercher un soutien professionnel. Les femmes sont également plus vulnérables financièrement, c’est-à-dire plus sujettes à la variabilité de leurs revenus. Toutefois, lorsque les femmes sont les principaux décideurs financiers du ménage, les différences entre les sexes s’atténuent. (reproduit confidentiellement)