Entreprises, Caltagirone : un problème lorsque le dirigeant veut choisir l’actionnaire

Economie & Finance

“L’entreprise ? Elle a une fonction sociale, comme son actionnariat, et lorsqu’un dirigeant veut choisir l’actionnaire, il y a un problème”. L’entrepreneur romain Francesco Gaetano Caltagirone a lancé cet avertissement sur la scène du Festival de l’économie de Trente, lors d’une discussion avec le président d’Intesa Sanpaolo, Gian Maria Gros-Pietro, sur “le capitalisme familial, l’internationalisation et le rôle des banques”. Des propos qui, un an après l’affrontement à Generali sur le remplacement de l’administrateur délégué Philippe Donnet, voulu précisément par Caltagirone, ne peuvent manquer d’être lus comme une attaque contre la procédure de liste du conseil d’administration, avec le risque, redouté à plusieurs reprises par Caltagirone, que la procédure ne devienne autoréférentielle.

Attention à la tentation de céder à la pression des fonds

En ce qui concerne l’importance du passage de génération dans l’entreprise et la nécessité d’assurer une succession ordonnée en laissant l’entreprise au plus doué des enfants en matière de compétences entrepreneuriales, Caltagirone a souligné le danger d’offres très importantes de la part des fonds qui peuvent devenir une incitation à céder la majorité de l’entreprise, mais “la propriété a sa propre fonction sociale, c’est ce qui a rendu le système occidental différent du système soviétique : le rôle de la propriété a permis à l’autre système d’être surclassé et il s’est effondré. Si j’enlève certaines décisions de propriété à l’entreprise, nous arrivons à la société soviétique où les managers faisaient ce qu’ils voulaient. Lorsqu’un dirigeant veut choisir l’actionnaire, il y a un problème”, a-t-il averti.

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“Nous devons examiner attentivement le rôle des fonds dans les entreprises qui peuvent donner lieu à une inversion entre la finance et la production”, a-t-il ajouté. Cela se produit “lorsque vous passez à des fonds qui veulent retirer l’argent de la production réelle : c’est la finance qui devient le point central et non la production de biens”. Si la finance en tant que service a une fonction, il s’agit d’une inversion, je ne suis pas prophète mais cela me semble dangereux”.

Revoir les règles de succession, récompenser le mérite

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Le point délicat du capitalisme familial est le passage de génération, a expliqué M. Caltagirone, car “un fils peut être un entrepreneur ou simplement un homme riche : c’est une chose d’avoir l’esprit, la culture, le sens du sacrifice des entrepreneurs, c’en est une autre de n’avoir qu’un patrimoine. L’entreprise a une fonction patrimoniale mais aussi une fonction sociale” qui doit être préservée, a-t-il averti. “Sécuriser tous les héritiers avec un niveau d’héritage qui garantisse la richesse, le reste doit être remis entre les mains des meilleurs, sinon nous aurons des discordes, des tensions. Et si ce sont les héritiers eux-mêmes qui choisissent, parmi eux, celui qui dirigera l’entreprise, le risque est de ne pas choisir le meilleur mais peut-être de préférer le plus malléable”. Il faut donc aussi “changer les règles de succession”, a ajouté M. Caltagirone. “Aujourd’hui, les règles divisent l’héritage en quotas obligatoires : il faut les abaisser, il faut faire en sorte que la partie disponible de l’héritage soit telle qu’elle donne une majorité aux meilleurs”.

“La compétence, la préparation, la capacité d’adaptation, l’esprit de sacrifice sont nécessaires : qui mieux qu’un père peut comprendre qui est le plus apte parmi ses enfants. Le succès coûte des sacrifices, des larmes, des renoncements. En partant de rien, on est habitué au sacrifice, ce n’est pas le problème des enfants, le profit sans mérite est la pire des choses, l’entreprise peut s’autodétruire. C’est une chose de monter de zéro au cinquième étage, c’en est une autre de monter du cinquième au dixième”.

Gros-Pietro : les banques doivent aider les entreprises à se développer

“En tant que banque”, a déclaré M. Gros-Pietro, “nous estimons qu’il est de notre devoir d’aider ces entreprises à se développer : c’est certainement un élément gagnant du système capitaliste italien, entièrement basé sur des valeurs humaines”, un élément de succès “également pour l’avenir”.
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