Credit Suisse, toujours en crise : plus de 61 milliards de francs perdus au premier trimestre

Economie & Finance

La fuite du Crédit Suisse se poursuit. La banque suisse, même après avoir été renflouée par Ubs en mars suite à une crise potentielle de liquidité, a enregistré des sorties de fonds de 61,2 milliards de francs suisses au premier trimestre de cette année (110 milliards de francs suisses au quatrième trimestre 2022), contre dépôts en baisse de 67 milliards CHF. La plupart des sorties d’actifs ont affecté la division de gestion d’actifs et se sont produites dans toutes les régions où le groupe opère.

Sorties de fonds de 6,9 milliards d’euros pour la seule Suisse

La branche suisse de l’institution a subi à elle seule des sorties de fonds de 6,9 milliards de francs suisses en raison de la de la perte de confiance des clientssoulevant des questions sur l’avenir de la marque Credit Suisse. Lors de l’assemblée générale d’UBS ce mois-ci, le vice-président de la banque, Lukas Gaehwiler, a assuré que le Credit Suisse continuerait à opérer sous son propre nom en Suisse. Dans un contexte de pressions croissantes en Suisse en faveur d’une scission des activités nationales du Credit Suisse, M. Gaehwiler a déclaré qu’UBS n’avait pas encore décidé de ce qu’il convenait de faire et que “… le Credit Suisse continuera à opérer sous son propre nom en Suisse”.toutes les options sont sur la table“.

Le Credit Suisse admet qu’il n’y a toujours pas de renversement de tendance

Le Credit Suisse lui-même a admis que “ces flux sortants se sont atténués, mais qu’il n’y a toujours pas d’inversion au 24 avril 2023”, peut-on lire dans le communiqué de la banque sur les résultats du premier trimestre de cette année, toujours autonomes, probablement pour la dernière fois, étant donné que l’acquisition par Ubs devrait être finalisée prochainement.

Le Credit Suisse revoit son bénéfice à la hausse suite à la réinitialisation des obligations At1

Trimestre clos en bénéfice après cinq pertes consécutives : 12,4 milliards de francs suissescontre une perte de CHF 1,39 milliard à la même période de 2022, grâce à l’annulation de CHF 15 milliards d’obligations At1, demandées par les autorités suisses pour faciliter la fusion avec Ubs. Les revenus se sont élevés à CHF 18,47 milliards, tandis que les actifs sous gestion dans le domaine de la gestion d’actifs sont tombés à CHF 502,5 milliards à la fin du mois de mars, contre 707 milliards CHF à la même période l’année dernière. En revanche, le capital s’est nettement amélioré, le ratio Common Equity Tier 1 passant de 14,1% à la fin du quatrième trimestre 2022 à 20,3%.

Les termes de l’intégration avec Ubs

Le Crédit Suisse a également annoncé qu’il ne rachèterait plus la banque d’investissement de Michael Klein pour 175 millions de dollars, et qu’il prévoyait de s’en séparer en même temps que de sa propre banque d’investissement. Ubs a déjà fait part de son intention de réduire les activités de banque d’investissement de son rival, qui sont entrées en crise à la suite de l’effondrement des banques américaines Silicon Valley Bank et Signature Bank. Les autorités suisses ont mis en place un plan de sauvetage qui comprenait plus de 200 milliards de francs suisses de garanties financières et qui a vu Ubs accepter de reprendre Credit Suisse pour 3 milliards de francs suisses d’actions, en assumant des pertes allant jusqu’à 5 milliards de francs suisses.

Ubs : Bluhm, responsable du risque, reste en poste pour l’intégration avec le Credit Suisse

Alors que la première banque suisse est en train de finaliser l’acquisition de sa concurrente chef de la direction des risques, Christian Bluhm, continuera à exercer ses fonctions “dans un avenir prévisible”.. M. Bluhm avait annoncé en novembre qu’il quitterait ses fonctions. La prolongation de son mandat à Ubs retardera le transfert à Damian Vogel, qui prend ses nouvelles fonctions de responsable de l’intégration du contrôle des risques, initialement prévu pour le 1er mai. “L’engagement actif de ces deux hauts responsables de la gestion des risques nous permettra de nous assurer que nous sommes bien préparés et correctement mis en place dans un domaine essentiel à notre réussite future”, a expliqué Sergio Ermotti, directeur général d’Ubs. Le géant suisse n’a pas encore annoncé le nombre d’emplois qui seront supprimés, mais immédiatement après le rachat, certains dirigeants ont déclaré qu’ils prévoyaient une réduction des coûts de 8 milliards d’euros d’ici 2027, dont 6 milliards proviendraient de la réduction du nombre d’employés à temps plein.

Les actions du Credit Suisse en hausse à Zurich, les analystes divisés

A la Bourse de Zurich, l’action Credit Suisse est en hausse de 1,22% à 0,7996 CHF (en baisse de 74,3% sur les trois derniers mois) et l’action Ubs en hausse de 0,89% à 18,21 CHF (en baisse de 7,1% sur les trois derniers mois). Pour certains analystes, les sorties de fonds de Credit Suisse n’étaient pas aussi alarmantes que redoutées, pour d’autres, elles l’étaient. “La capacité de Credit Suisse à générer des revenus est apparue si affaiblie que la fusion pourrait rester un frein aux résultats opérationnels d’Ubs, à moins qu’un plan de restructuration plus profond ne soit annoncé”, prévient Thomas Hallett, analyste chez Kbw. ()