Cimolai, le tribunal de Trieste protège 100 millions de liquidités. Les poursuites en matière de produits dérivés doublent à Londres

Economie & Finance

Cimolai, le groupe de Pordenone mis en difficulté par un flot de produits dérivés couvrant le taux de change du dollar, a entamé une bataille juridique contre plusieurs sociétés financières qui ont aidé à organiser des produits dérivés sur des devises qui, selon le groupe de construction, n’auraient eu “aucun sens logique” et auraient coûté des centaines de millions d’euros.

Le groupe a passé des contrats, selon le budget 2021 lu par milanofinanza.itpour 420 millions USD sur des instruments de type TARF (Targeted accrual redemption forward) de différentes échéances, jusqu’en novembre 2023, sur la base du pari d’un taux de change par rapport au dollar allant jusqu’à 1,155 alors qu’en 2022 l’euro a cassé la parité par rapport au billet vert et se négocie à 0,99.

Le tribunal de Trieste gèle 100 millions d’euros de garanties

Le groupe, dirigé paradministrateur délégué Luigi Cimolaicélèbre pour son des structures en acier pour les ponts, les bâtiments, les stades (comme la Coupe du monde au Qatar) et les systèmes complexes tels que la protection du réacteur de Tchernobyl, afin de ne pas tomber sur une marée de produits dérivés découverts soudainement, comme l’a déclaré la société elle-même, a obtenu du tribunal de Trieste un gel temporaire d’environ 1,5 million d’euros. 100 millions d’euros de garantie (la liquidité fournie en garantie par un intermédiaire pour couvrir un produit dérivé, augmente si le prix sous-jacent du produit dérivé baisse) liés aux contrats signés. Ceci est rapporté par Mercredi, 2 novembre Bloomberg citant les documents juridiques disponibles et une source ayant connaissance des faits.

Les documents font référence à certains noms d’entreprises qui ont émis des produits dérivés. Parmi eux, JB Drax Honoreun courtier britannique pour l’ensemble 81 millions d’eurostandis qu’une deuxième instance judiciaire révèle six autres entreprises (parmi eux Ballinger et Alpha FX), qui identifient une garantie totale pour 19,6 millions d’euros de garanties. Les dirigeants de Cimolai affirment qu’ils n’étaient pas au courant des contrats jusqu’en septembre, lorsque certains sont arrivés à terme, et qu’ils ayant licencié les deux directeurs financiers du groupe qui supervisait ce secteur.

Des pertes de 300 millions

La société basée à Pordenone, qui conçoit et construit des structures en acier pour des ponts, des bâtiments et des stades dans le monde entier, affirme que les produits dérivés en question n’étaient pas des produits standard que les entreprises utilisent habituellement pour se protéger contre d’éventuelles pertes, mais des instruments à haut risque construits au profit des vendeurs.

Cimolai a conclu un important portefeuille de produits dérivés avec de multiples banques et courtiers en plus de ceux mentionnés dans les documents, notamment NatWest e Deutsche Bank. Les pertes totales associées aux sociétés de holding et d’exploitation du groupe sont de l’ordre de 10 millions d’euros. 300 millions d’eurosselon des documents analysés par Bloomberg, bien que le chiffre ne soit pas définitif.

Les banques poursuivent Londres

“Les transactions que nous avons exécutées pour Cimolai étaient des transactions de marché normales et nous n’étions qu’une des parties impliquées dans ces contrats de couverture pour cette société”, a expliqué un porte-parole de JB Drax. “Nous avons agi correctement à tout moment”, a réaffirmé le courtier britannique, qui entend défendre sa position devant les tribunaux.

Ces dernières semaines, plusieurs sociétés ont intenté des poursuites contre Cimolai à Londres, notamment la Deutsche Bank, Natixis SA et Morgan Stanley.selon les documents. Cimolai s’est placé sous la protection de ses créanciers à Trieste la semaine dernière et a engagé la banque d’investissement Lazard pour l’aider à lever des capitaux et à restructurer son bilan.

Un juge a fixé une audience pour le 13 décembre et a accordé un ordre de suspension empêchant JB Drax d’accéder à la garantie jusqu’au 20 décembre. Le tribunal de Trieste a ensuite donné temps au groupe Cimolai jusqu’au 20 décembre d’élaborer un plan de restructuration, en assurant la protection contre les créanciers.

Cimolai affirme également que JB Drax n’a pas fourni les documents contractuels en dépit des “principes les plus élémentaires de bonne foi et de loyauté”. La société a demandé au tribunal d’émettre une injonction pour obtenir les documents auprès du courtier.

Lazard étudie un renforcement du capital à hauteur de 150 millions

Dans cette situation LazardL’entreprise, au nom de la famille Cimolai, est en train d’analyser les comptes et la stabilité financière du groupe avec la possibilité d’une augmentation de capital avec l’aide d’un partenaire externe, peut-être industriel, pour soutenir la famille Cimolai dans sa croissance également à l’étranger. Les premiers chiffres tournent autour de 100-150 millions d’euros pour le renforcement du capital. Dans le cadre du plan, un éventuel rééchelonnement de la dette avec effacement. Il est fort probable que l’on tentera d’empêcher les créanciers d’agir afin d’avoir le temps de préparer le plan. En plus de Lazard, la société est assistée par Ifa Consulting pour l’analyse des produits dérivés, le comptable Ippolito Gallovich, les avocats Bruno Malattia et Luca Zamagni, et le cabinet Molinari Agostinelli. ()