BCE, comment une nouvelle hausse des taux de 75 points de base en octobre et de 50 en décembre affecte les bénéfices des banques de l’UE, selon Citi

Economie & Finance

De nouvelles hausses de taux à l’horizon de la part de la BCE, voici toutes les implications pour les banques européennes, selon Citi. La Banque centrale européenne a relevé ses taux de 75 points de base, conformément aux attentes des économistes de Citi et du consensus. Lors de la conférence de presse explicative, la présidente d’Eurotower, Christine Lagarde, a prévu une nouvelle hausse des taux pour atteindre l’objectif d’inflation de 2 % à moyen terme. “La hausse des taux est un pilier essentiel de notre position de surpondération, surpondération des banques européennes, car le bénéfice sur les revenus nets d’intérêts devrait plus que compenser la détérioration potentielle de la qualité du crédit et pousser à la hausse des estimations du consensus”, a indiqué Azzurra Guelfi, analyste chez Citi.

BCE, Citi prévoit une nouvelle hausse des taux de 75 points de base en octobre et de 50 points de base en décembre.

La BCE a augmenté (décision unanime) les taux d’intérêt de 75 points de base, portant le taux de dépôt à 0,75 %, le taux des opérations principales de refinancement à 1,25 % et le taux de prêt marginal à 1,50 %. “Nos économistes et le marché s’attendaient tous deux à une augmentation de 75 points de base, soit plus que l’augmentation de 50 points de base d’il y a quelques mois. La BCE a indiqué qu’il y aura d’autres hausses de taux car les prévisions d’inflation pour 2024 sont toujours supérieures au taux cible, à 2,3 % ou environ 0,3 % au-dessus de l’objectif). Nos économistes s’attendent à une nouvelle hausse des taux de 75 points de base en octobre et de 50 points de base en décembre, estimant un taux d’environ 2 % d’ici la fin de l’année, en ligne avec le taux implicite du marché. La courbe prospective actuelle prévoit des taux Euribor à trois mois à 2 % d’ici la fin de 2022 et autour de 2,4 % en 2024, ce qui laisse entrevoir la possibilité de nouvelles hausses de taux”, a noté Azzurra Guelfi.

Positif pour les bénéfices des banques

Les hausses de taux sont un facteur clé pour les bénéfices des banques. En moyenne, l’espera de Citi a calculé que chaque hausse de 50 points de base des taux augmente le bénéfice par action des banques de la zone euro d’environ 8 %. Les banques ayant le plus fort effet de levier sont les banques espagnoles et italiennes, en particulier les valeurs moyennes, Commerzbank (prix cible à 10 euros), AIB (prix cible à 2,8 euros) et Société Générale (prix cible à 33 euros). L’effet positif de la hausse des taux sur les bénéfices est l’un des principaux piliers de notre position surpondérée sur les banques européennes, car il peut plus que compenser l’augmentation potentielle du coût du risque, compte tenu du scénario de récession imminente, et continuer à entraîner de nouvelles révisions à la hausse des estimations du consensus”. a expliqué Azzurra Guelfi, qui suppose de manière conservatrice des taux de la BCE de 1% à la fin de l’année, bien en deçà des attentes du marché, “cependant, nos estimations sont supérieures au consensus pour la plupart des banques européennes, ce qui suggère que de nouvelles mises à jour des estimations de bénéfices du consensus pourraient se matérialiser dans les mois à venir”, a prédit l’expert de Citi.

Plus d’avantages également sur les dépôts en espèces, désormais rémunérés à 0,75 %.

Les banques européennes disposent actuellement d’une réserve de liquidités d’environ 4,6 milliards d’euros auprès de la BCE (dont environ 2,1 milliards d’euros dans le cadre des opérations de refinancement à long terme). Des détails techniques concernant le coût des opérations de refinancement à plus long terme peuvent affecter l’effet positif de la hausse des taux. “Nous pensons que l’accent doit être mis sur l’ampleur et le rythme de la hausse des taux. Le coût du LTRO passera à 75 points de base pour la période restante, ce qui augmentera les coûts mixtes : nous calculons environ 0,20 % du 22 juillet au 24 décembre, mais les banques devraient également bénéficier d’un avantage plus important sur leurs dépôts de liquidités, désormais rémunérés à 0,75 %, et cet avantage pourrait déclencher un débat politique”, a prévenu Azzurra Guelfi.

Un secteur bancaire européen bon marché avec un rendement du capital important

Le secteur bancaire européen, poursuit l’analyste de Citi, reste bon marché sur une base absolue et relative (les multiples P/E et P/TB sont proches des plus bas historiques), car le marché reste sceptique en raison des risques liés à la récession, à la politique de la BCE, aux taxes potentielles sur les plus-values et au rationnement de l’essence. Le coût implicite des fonds propres (CoE) du secteur est désormais supérieur à 15 %, soit le niveau le plus élevé depuis 2011. D’où la surpondération des banques européennes : “Nous sommes surpondérés sur les banques européennes. Nous pensons que les hausses de taux permettront de relever encore les estimations du consensus sur les bénéfices par action, tandis que les risques liés à la qualité du crédit semblent gérables en l’absence d’un risque de forte hausse du chômage, un facteur clé des prêts douteux. Les bilans solides offrent également la possibilité d’un rendement important du capital. Nos meilleurs choix sont Lloyds (objectif de cours à 95 pence), Société Générale (objectif de cours à 33 EUR) et Ubs (objectif de cours à 20 CHF)”, conclut Azzurra Guelfi. ()