Avec l’arrêt total du gaz russe, le PIB de l’UE a diminué de 5 % en 12 mois. Amundi : éviter le Dax

Economie & Finance

Les flux de gaz russe vers l’Europe n’ont jamais été aussi bas, car la capacité du gazoduc Nord Stream 1 n’a pas été entièrement rétablie en raison d’une maintenance supplémentaire. Les prix du gaz en Europe ont de nouveau augmenté (+5,54 % à 201,5 euros par mégawattheure), les États membres de l’UE s’étant empressés de se mettre d’accord sur une réduction coordonnée d’environ 15 % de la demande de gaz (avec des mesures de leur choix) afin de garantir un stockage suffisant avant l’hiver.

Il est désormais plus probable, selon Amundi, que les risques de baisse qu’elle avait prédits se concrétisent. Le scénario simulé allait du rationnement préventif auto-imposé au rationnement induit par une rupture d’approvisionnement en gaz. Les deux rendraient probable une récession, qui pourrait commencer dès le troisième trimestre de cette année. “Nous pensons qu’un scénario de réduction continue des flux et d’interruptions partielles et intermittentes, avec une incertitude prolongée sur les approvisionnements en gaz et des prix du gaz plus élevés, même s’ils ne s’envolent pas davantage, serait le plus favorable au pouvoir de négociation de la Russie et constitue donc le scénario négatif le plus probable”, a prévenu Amundi, analysant les conséquences économiques d’une coupure totale des approvisionnements énergétiques en provenance de Russie.

Impact direct sur le PIB de l’UE

Sur un horizon de 12 mois, dans un scénario défavorable, Amundi a estimé que la zone euro pourrait subir une perte d’environ 3% de la valeur ajoutée brute par rapport à son scénario de base. Cela pourrait pousser la croissance du PIB de la zone euro à 1,9 % cette année, ce qui efface partiellement l’effet de freinage, et à -0,8 % en 2023, en supposant que l’impact du rationnement du gaz commence au quatrième trimestre de cette année.

Impact supplémentaire compte tenu des amplifications macroéconomiques

A cet impact, Amundi ajoute la hausse de l’inflation à la consommation, le resserrement des conditions financières et la détérioration des perspectives de chômage. Tous ces facteurs sont susceptibles de se matérialiser en cas d’arrêt soudain des flux de gaz, ce qui conduirait à un résultat bien pire qui soustrairait jusqu’à 1,5-2 % supplémentaires à la croissance du PIB en 2023. Cela entraînerait une nouvelle réduction de la croissance du PIB de la zone euro plus proche de -5%. Ainsi, dans ce cas, la croissance pourrait être beaucoup plus faible, légèrement supérieure à 1% en 2022 et autour de -2% en 2023.

Les banques centrales nationales ont récemment estimé l’impact d’un scénario de rationnement complet du gaz, dans lequel l’économie est affectée par le rationnement de l’énergie et les réductions de production, une inflation plus élevée et une incertitude accrue, tous ces éléments se traduisant par une hausse des coûts de financement et un resserrement des conditions financières. Le PIB de la zone euro ne progresserait que de 1,3 % cette année et se contracterait de 1,7 % en 2023, ce qui correspond globalement aux estimations d’Amundi. L’inflation serait également beaucoup plus élevée, atteignant en moyenne 8 % (contre 6,8 % pour la référence) en 2022 et 6,4 % (contre 3,5 %) en 2023.

Dans une analyse similaire, le Fonds monétaire international a estimé une perte d’environ 5 à 6 % du PIB pour la Hongrie, la Slovaquie, la Croatie et l’Italie. L’Allemagne subirait une perte d’environ 2 à 3 % (similaire à celle de l’UE dans son ensemble) et la France d’environ 1 %. Pour minimiser les dégâts, il est nécessaire, selon Amundi, d’adopter une approche coordonnée. La clé est de rester intégré au niveau interne (partage au sein du bloc et réorientation si possible) et externe en trouvant des sources d’énergie alternatives et en encourageant les économies d’énergie. Ce type d’approche permettrait de réduire les pertes de production d’environ deux tiers. L’ensemble du bloc et l’Allemagne connaîtraient une perte de production d’environ 0,5 à 1,5 point de pourcentage, la fourchette de l’Italie est de 0,5 à 2 %, et la perte de la France atteindrait 0,6 %. “Cela serait toutefois douloureux, surtout si l’on considère le coût de l’inflation qui y est associé, mais pourrait éviter le scénario du pire”, prédit Amundi.

Amundi : éviter le Dax

Le scénario défavorable d’une réduction totale de la production de gaz n’est que partiellement écarté par les marchés des actions et des obligations, qui se sont tous deux légèrement améliorés récemment grâce à la normalisation des taux d’intérêt. Ce qui est clair, c’est que les pays et institutions européens travaillent activement à l’élaboration de plans d’urgence pour faire face à une réduction plus importante de l’approvisionnement russe, y compris l’utilisation tactique de sources d’énergie alternatives pour atténuer les dommages économiques. En outre, l’impact économique au niveau des pays et des secteurs sera inégal, ce qui ressort des actions politiques en cours. Le gouvernement allemand, par exemple, a renforcé ses plans d’urgence en cas de nouvelles perturbations de l’approvisionnement, tandis que la proposition de la Commission européenne d’imposer des réductions obligatoires de 15 % de la consommation de gaz a rencontré une forte résistance (notamment de la part de l’Espagne et du Portugal) et a été atténuée comme prévu. Bien que les PDG des entreprises d’énergie et de services publics aient indiqué un scénario de stockage moins négatif avant l’hiver, Amundi pense que le scénario extrême de 0% d’approvisionnement par le gazoduc Nord Stream 1 aura un impact majeur sur les bénéfices des entreprises, qui n’est que partiellement escompté dans les rapports trimestriels actuels. “Les actions des producteurs d’énergie propre sont en hausse depuis plusieurs trimestres, en prévision de l’augmentation de la demande d’énergie renouvelable et des mesures de relance budgétaire visant à accélérer la transition énergétique. Dans ce contexte d’incertitude, nous restons prudents sur les marchés d’actions européens, notamment en raison de leur biais cyclique. Cela s’applique, en particulier, aux zones qui semblent plus exposées au scénario défavorable, comme le marché des actions allemand”, a conclu Amundi. ()