Voici pourquoi les compagnies pétrolières continuent d’investir et ne craignent pas la récession

Economie & Finance

Les investisseurs sont de plus en plus perplexes quant aux perspectives du marché pétrolier. D’un côté, il y a ceux qui sont pessimistes et qui prédisent un effondrement de la demande d’énergie dans le cadre d’un scénario de récession avec une baisse conséquente de la demande de services pétroliers. D’un autre côté, il y a ceux qui sont optimistes et prédisent que le secteur connaîtra une expansion pluriannuelle des investissements après une période de dépression.

Le scénario baissier

Pour les analystes de Motley Fool, les prédictions de récession ne sont nullement infondées puisque, données en main, elles montrent un ralentissement de la consommation, en plus des difficultés croissantes que connaissent les entreprises les plus exposées à la consommation. “La demande de pétrole diminuera si cela entraîne une récession économique prolongée”, souligne-t-on chez Motley Fool. Lorenzo Simonelli, numéro un de Baker Hughes, le géant des équipements et services pétroliers, a noté une détérioration des perspectives lors de la dernière conférence téléphonique des comptes.

Pendant ce temps, d’autres matières premières “économiquement sensibles”, principalement le cuivre, ont été vendues après des données décevantes sur l’économie chinoise. Compte tenu de son poids considérable sur la croissance mondiale, la performance de la Chine est souvent considérée comme un indicateur de la performance des prix des produits de base économiquement sensibles. Cette vision baissière est soutenue par les entreprises les plus exposées à la Chine, comme Caterpillar, dont la direction a prévu un affaiblissement de son activité pétrolière dès le deuxième trimestre.

Le scénario haussier

M. Simonelli a également déclaré qu'”après des années d’investissements mondiaux léthargiques et compte tenu de l’urgence de remplacer les barils russes, des contraintes d’approvisionnement plus larges peuvent, de manière réaliste, maintenir les prix des matières premières à un niveau élevé, même dans un scénario de destruction modérée de la demande”. Les analystes de Motley Fool précisent ensuite que l’investissement morose fait référence à la réduction des dépenses d’investissement effectuées par les grandes compagnies pétrolières et d’exploration suite à la chute du prix de l’or noir qui a débuté en 2014. “Puisque les entreprises du secteur pétrolier sont des entreprises à cycle long, une période prolongée d’investissement sera désormais probablement nécessaire pour augmenter l’offre, ce qui se traduit par une bonne nouvelle pour les entreprises pétrolières”, expliquent les analystes du Motley Fool.

Un autre thème vient étayer un scénario d’augmentation des investissements dans le secteur pétrolier. Pour faire face à la concurrence des énergies renouvelables, les acteurs pétroliers seront contraints de réaliser davantage d’investissements : ainsi, au lieu de cycles caractérisés par d’énormes dépenses pour augmenter les capacités et l’offre et ensuite faire baisser les prix, on pourrait assister à un cycle durable caractérisé par une croissance progressive et soutenue des investissements : “c’est une bonne nouvelle pour les sociétés de services pétroliers”, ajoute-t-on au Motley Fool. De plus, bien que l’on continue de parler de récession, le prix du pétrole continue d’osciller autour de 90 dollars le baril. Les investisseurs dans les actions des sociétés de services pétroliers auront probablement une meilleure idée des conditions commerciales en regardant ce que les majors pétrolières font en matière de dépenses d’investissement plutôt que ce qu’elles disent des conditions du marché”, poursuivent les experts.

Les prévisions de dépenses d’investissement des grandes compagnies pétrolières

Dans le cas de ConocoPhillips et d’EOG Resources, les prévisions de dépenses d’investissement basées sur les récentes présentations de comptes ont été maintenues à 7,8 milliards de dollars cette année. Pour Exxon Mobil, les dépenses d’investissement sont estimées à 4,6 milliards de dollars au deuxième trimestre ou à 9,6 milliards de dollars depuis le début de l’année, ce qui correspond à la fourchette de 21-24 milliards de dollars pour l’ensemble de l’année.

Le directeur financier de Chevron, Pierre Breber, a fait savoir que “nos prévisions ne changent pas : nous sommes sur la bonne voie, il est probable que les dépenses d’investissement seront inférieures à nos estimations budgétaires de 15 milliards de dollars”, et que “nous augmenterons les dépenses d’investissement l’année prochaine”. Shell s’attend à ce que les dépenses d’investissement se situent entre 23 et 27 milliards d’USD. Enfin, le PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanne, a déclaré que ” les investissements pour 2022 sont estimés entre 15 et 16 milliards de dollars, probablement plus proches de 16 milliards de dollars “.

Ainsi, “compte tenu du prix actuel du pétrole, les perspectives sont toujours positives pour le secteur des services pétroliers, du moins à moyen terme”, affirment les analystes du Motley Fool, qui concluent que “à moins de croire qu’une récession détruira la demande, un positionnement haussier semble mieux refléter les conditions actuelles”. ()