Ubs, bénéfices record de 29 milliards et cours de l’action au plus haut. A partir de 2025, la marque Credit Suisse disparaît : trois mille suppressions dans la banque sauvée

Economie & Finance

La marque Credit Suisse disparaîtra en 2025. Ubs, en effet, intégrera complètement les activités suisses de la banque nouvellement acquise. L’annonce, faite par le géant suisse lui-même lors de la présentation de ses résultats du deuxième trimestre 2023, fait suite à “une analyse approfondie visant à créer une valeur durable pour toutes les parties prenantes”, a expliqué la banque. Plus précisément, les activités suisses d’Ubs et de Credit Suisse fonctionneront séparément jusqu’à la clôture juridique de la fusion en 2024, la marque et les actifs de Credit Suisse étant conservés jusqu’à ce que la migration des clients vers le système soit achevée en 2025.

CEO Ermotti : l’intégration complète du Credit Suisse est la meilleure option pour Ubs

“Sur la base de notre évaluation, l’intégration complète est le meilleur choix pour Ubs, nos parties prenantes et l’économie suisse”, a commenté le CEO d’Ubs, Sergio Ermotti, ajoutant que “notre base de capital encore plus solide nous permettra de maintenir les niveaux d’exposition à la dette combinée inchangés tout en continuant à mettre en œuvre une discipline de risque ferme”. L’objectif, a poursuivi M. Ermotti, “est de rendre la transition pour les clients aussi harmonieuse que possible” et surtout “d’achever substantiellement l’intégration d’ici à la fin de 2026”.

3 000 suppressions de postes prévues en Suisse

L’acquisition du Credit Suisse par Ubs pour un peu moins de 3 milliards de francs suisses entraînera la suppression de 3 000 emplois en Suisse au cours des prochaines années. Parmi ceux-ci, 1 000 seront liés à l’intégration de la banque suisse, tandis que les 2 000 restants seront nécessaires à la mise en œuvre d’une restructuration majeure du Credit Suisse. Des coupes qui s’inscrivent dans le cadre du plan de la banque visant à réduire les coûts bruts annuels de plus de 10 milliards de dollars d’ici 2026. Cependant, l’Association suisse des employés de banque (Asib) a souligné que “le Credit Suisse est voué à disparaître, et non les êtres humains qui en constituent l’essence”. L’Asib a donc demandé un processus d’intégration “équitable et transparent” dans l’UBS, ainsi qu’un traitement égal pour le personnel des deux institutions (l’effectif total de la Confédération est de 37 000 personnes).

Lire aussi :

Bénéfice net record de 28,87 milliards de dollars au deuxième trimestre

Des coupes qui pousseront le bénéfice déjà record de près de 29 milliards de dollars d’Ubs encore plus haut au deuxième trimestre 2023 (les comptes n’incluent qu’un mois de bénéfices de Credit Suisse, l’opération n’ayant été finalisée qu’en juin). Plus précisément, le bénéfice net s’est élevé à 28,87 milliards de dollars, avant la survaleur négative de 29 milliards de dollars liée à l’acquisition du Credit Suisse, avec un bénéfice dilué par action de 8,99 dollars. Ce chiffre est inférieur aux estimations consensuelles des analystes, qui tablaient sur 33,45 milliards de dollars. Credit Suisse Ag, à lui seul, a enregistré une perte avant impôts de 8,9 milliards de francs.

“A deux mois et demi de la finalisation de l’acquisition du Credit Suisse, nous ne perdons pas de temps pour créer une véritable valeur pour toutes nos parties prenantes à partir de l’une des fusions bancaires les plus importantes et les plus complexes de l’histoire”, a souligné le CEO Ermotti. “Nous regagnons la confiance des clients, réduisons les coûts et prenons les mesures nécessaires pour réaliser des économies d’échelle qui nous permettront de mieux concentrer nos ressources et d’orienter nos investissements vers la croissance future.”

Moins de sorties de capitaux de la division Wealth Management du Credit Suisse

Au deuxième trimestre, les nouveaux dépôts du groupe ont totalisé 23 milliards de dollars, dont 18 milliards sont attribuables à la division Wealth Management et aux activités suisses du Credit Suisse. La division Ubs Global Wealth Management a enregistré à elle seule les entrées nettes les plus importantes depuis plus de dix ans, soit 16 milliards de dollars. Le Credit Suisse a fait état d’une sortie nette d’actifs de 39 milliards de francs suisses au deuxième trimestre, soulignant que le plan de sauvetage n’a pas réussi à enrayer la perte de confiance dans sa franchise. Ubs souligne toutefois que les sorties de capitaux de la division Wealth Management de Credit Suisse se sont poursuivies, mais à un rythme plus lent qu’au cours des trimestres précédents, devenant positives en juin.

Ubs observe actuellement une reprise du sentiment et de la dynamique des transactions parmi ses clients de la division Wealth Management. Pour l’avenir, elle prévoit que les nouveaux flux nets d’actifs positifs dans ses activités de gestion de patrimoine et d’actifs et l’augmentation des valorisations d’actifs ” auront un impact favorable sur notre revenu net de commissions récurrentes sur une base annuelle “.

L’action Ubs sur les sommets de 2008, mais encore loin de son plus haut niveau historique

Les chiffres et les perspectives ont poussé l’action Ubs à la bourse de Zurich à son plus haut niveau depuis 2008, à 23,75 francs suisses. Elle se négocie désormais à 23,42 et bondit de 5,69%. Il s’agit d’une nette reprise par rapport au plus bas de l’année, atteint le 20 mars, à 14,38 francs suisses. Il reste cependant hors de portée du record historique de 75,54 francs suisses atteint en 2007, avant la crise financière. Pour les analystes de Bloomberg Intelligence, les résultats d’Ubs mettent en évidence deux aspects essentiels : l’acquisition réussie du Credit Suisse et la décision de conserver et d’intégrer les activités suisses de la banque, ce qui permet à Ubs de tirer parti de sa taille plus importante et de son leadership concurrentiel sur son marché national. ()