Tim sous 0,17 euro, le facteur S&P s’ajoute à la lenteur du réseau unique. Risques et complexités d’une éventuelle OPA

Economie & Finance

L’action Tim reste clouée à la parité sur la Piazza Affari à 0,1731 euro, après avoir glissé à l’ouverture à 0,1695, testant le plus bas historique. Le vendredi 14 octobre, S&P Global a abaissé sa note à long terme sur le géant des TIC de BB- à B+, en laissant la perspective négative. “La visibilité sur le plan de redressement et le désendettement à partir de 2023 s’est réduite en raison de la dégradation de l’environnement macroéconomique et nous continuons à nous attendre à des conditions difficiles sur le marché intérieur concurrentiel. Cela affectera les bénéfices et les flux de trésorerie”, a expliqué l’agence de notation. “La perspective négative reflète le fait que nous pourrions abaisser notre note à B si la baisse de l’ebitda de la société ne ralentit pas de manière substantielle”, a prévenu S&P qui estime également que la hausse des taux d’intérêt et la nervosité des marchés de la dette constituent un obstacle supplémentaire compte tenu des 8 milliards d’euros d’échéances de la société dans les 24 prochains mois.

La dégradation de S&P Global à B+ n’était pas attendue

Depuis le dernier abaissement de la note à BB-/Négatif en mars de cette année, la situation macroéconomique s’est détériorée en raison du ralentissement de la croissance du PIB italien, de la hausse de l’inflation, de l’augmentation des coûts de l’énergie et de la hausse du chômage, ce qui pourrait avoir un impact sur le commerce de détail et le segment B2B de Tim, compte tenu de l’élasticité de la demande des clients, d’éventuels retards de paiement ou de la réduction des budgets de dépenses des entreprises. En outre, la hausse des taux d’intérêt n’arrange rien, compte tenu des 8 milliards d’euros de dettes arrivant à échéance au cours des 24 prochains mois. Cette dégradation n’était pas attendue par les analystes, même si elle aurait pu être prévue compte tenu de la détérioration du contexte macroéconomique (en août, S&P a confirmé la note de l’Italie à BBB, mais a réduit la perspective de positive à stable). La nouvelle note du Tim est supérieure d’un cran à celle de Moody’s (Ba3, négative) révisée en juillet et de deux crans à celle de Fitch (BB, négative).

Au facteur S&P s’ajoute la lenteur du réseau unique

La saga de la création d’un réseau unique pèse également sur l’action (elle a perdu 50% de sa valeur en un an). En effet, le conseil d’administration de vendredi, auquel n’a pas assisté l’actionnaire français Vivendi en raison d’engagements antérieurs, n’a pas délibéré sur la demande de Cdp de prolonger le protocole d’accord sur le réseau unique. La date limite devrait être reportée au 30 novembre. “Ceci, à notre avis, pourrait être lu comme une tentative de conciliation des tensions internes au sein du conseil d’administration”, commente Equita Sim (note “hold” et objectif de cours à 0,39 € confirmé sur l’action Tim).

Face à une prolongation des échéances du protocole d’accord, la perte éventuelle de l’exclusivité des négociations devrait inciter Tim à poursuivre les pourparlers avec d’autres parties potentielles intéressées par une prise de participation dans NetCo, compte tenu du grand intérêt des fonds d’infrastructure pour les réseaux en fibre optique ou de la possibilité de conclure des accords de co-investissement avec d’autres acteurs. À cet égard, nous notons la nouvelle de ce matin concernant la coentreprise 50:50 entre Vodafone et Altice qui investira environ 7 milliards d’euros dans le développement du FTTH en Allemagne (produit de 1,2 milliard d’euros pour Vodafone), mais aussi l’annonce faite vendredi par le fonds suédois EQT de vendre une participation minoritaire dans Globalconnect, une infrastructure de fibre FTTH et un centre de données en Scandinavie et en Allemagne, à Mubadala (fonds d’Abu Dhabi).

Focus sur le nouveau conseil d’administration

Vivendi serait intéressé par la reprise des négociations sur le réseau avec le nouveau gouvernement, mais vise à obtenir une meilleure offre pour NetCo de la part de Cdp et des actionnaires. Une nouvelle réunion du conseil d’administration de Tim est attendue cette semaine ou, en tout cas, d’ici la fin octobre, avant celle qui approuvera les résultats du troisième trimestre 2022 le 9 novembre.

“Ces derniers mois, le calendrier du réseau unique a été ralenti, encore une fois, par la crise gouvernementale, qui a déclenché des élections anticipées, et par l’affrontement entre Vivendi et Cdp sur la valorisation de NetCo de Tim”, a commenté le bureau d’études d’Intesa Sanpaolo. “Pour ces raisons, même une offre non contraignante, qui était attendue fin juillet/début août, n’a pas été soumise. Par conséquent, compte tenu de la formation du nouveau gouvernement, le report du calendrier n’est pas une surprise, même si l’ensemble du parcours reste fluide, à notre avis.”

Et si le plan Minerva revenait à la mode… ?

” Si les négociations pour NetCo avec les souscripteurs du MdA ou d’autres fonds échouent, le plan Minerva proposé par FdI sur une éventuelle OPA (les cotations sont toujours déprimées avec une capitalisation boursière de 3,6 milliards d’euros, Cette alternative nous semble financièrement moins exigeante pour Cdp et aurait la même finalité que celle envisagée par le protocole d’accord actuel pour l’acquisition de NetCo : dans les deux cas, Cdp en viendrait en fait à contrôler la NetCo de Tim et Open Finer’.

Risques et complexités d’une éventuelle OPA

Les principaux risques et éléments de complexité d’une éventuelle OPA, ajoute l’expert, sont liés à la position de l’antitrust de l’UE sur laquelle Cdp devrait trouver un accord – Cdp détient actuellement 60% d’Open Fiber et 10% de Tim – avant de pouvoir procéder à l’offre ; et surtout dans le cas d’une éventuelle vente des actifs de détail de Tim à un opérateur déjà présent sur le marché, Iliad par exemple. ()