Simson : un plafonnement des prix du gaz russe à l’étude, mais aussi de toutes les importations de l’UE

Economie & Finance

La Commission européenne souhaite toujours un plafonnement du prix du gaz russe, mais des travaux supplémentaires sont nécessaires pour évaluer l’impact de cette mesure. “Nous continuons de penser qu’un plafonnement du prix du gaz russe importé par gazoduc est justifié, mais il faut encore travailler pour évaluer les effets négatifs sur certains États membres”, a expliqué Kadri Simson, commissaire européen à l’énergie, en présentant le plan de l’UE contre les prix élevés de l’énergie et en ajoutant que Bruxelles analyse également comment un plafonnement plus large des prix sur toutes les importations de gaz du bloc, donc pas seulement sur les importations de gaz russe, pourrait fonctionner.

Les prix du gaz en Europe ont grimpé en flèche cette année (+7,7 % pour atteindre 214 € par mégawattheure le 14 septembre) en raison de la réduction des exportations de carburant par la Russie en représailles aux sanctions occidentales pour son invasion de l’Ukraine, laissant les ménages en difficulté pour payer leurs factures d’énergie et les services publics aux prises avec une crise de liquidités. Ces derniers jours, la Commission européenne a donc proposé de plafonner le prix du gaz russe, mais les États membres ont rejeté cette idée et certains craignent que Moscou ne riposte en réduisant le (petit) gaz qu’elle envoie encore en Europe.

La Norvège est le principal fournisseur de gaz de l’Europe

Actuellement, le niveau de stockage est supérieur à 80% en moyenne et la consommation mensuelle est inférieure de 10% à celle des années précédentes. L’Union européenne a également pris des mesures pour rechercher de nouveaux fournisseurs de gaz, la Norvège étant le principal fournisseur à l’heure actuelle, tandis qu’aux États-Unis, “15 milliards de m3 supplémentaires de gaz naturel liquéfié sont arrivés et, depuis mars, il y a aussi RePowerEu”, a rappelé Kadri Simson. Un indice alternatif des prix du gaz naturel liquéfié est également à l’étude. Le référentiel actuel, en effet, “n’est plus adapté à la situation actuelle du marché”.

La Russie minimise : la réduction des exportations de gaz vers l’Europe compensée par des achats à d’autres pays

La Russie continue de minimiser l’impact de la réduction des exportations de gaz vers l’Europe sur les revenus du pays, affirmant que d’autres nations sont prêtes à acheter l’énergie russe. En fait, le porte-parole du Kremlin, Dmitry Peskov, a déclaré que d’autres acheteurs seront en mesure de compenser la réduction de la demande européenne, soulignant que “l’Europe n’est pas le seul consommateur de gaz naturel et n’est pas le seul continent qui a besoin de gaz”. Il y a des régions qui se développent à un rythme beaucoup plus rapide et qui peuvent compenser la réduction de la demande de gaz russe en Europe”.

Réduction de 10 % de la consommation d’électricité jusqu’en mars 2023

En ce qui concerne les prix élevés de l’électricité, la première chose à faire est de réduire la demande, surtout aux moments où la consommation est la plus chère. La Commission européenne a donc proposé une obligation de réduire la consommation d’électricité d’au moins 5 % pendant les heures de pointe, à définir par les États membres. L’objectif final est de réduire la demande globale d’électricité d’au moins 10 % jusqu’au 31 mars 2023. Les pays pourront choisir les mesures appropriées pour parvenir à cette réduction de la demande, qui peuvent inclure une compensation financière. Selon Bruxelles, la réduction de la demande pendant les heures de pointe entraînera une diminution de la consommation de gaz de 1,2 milliard de mètres cubes pendant l’hiver.

Il est également proposé de plafonner temporairement les revenus des producteurs d’électricité “inframarginaux”, c’est-à-dire ceux qui utilisent des technologies à moindre coût, comme les énergies renouvelables, le nucléaire et le lignite, et qui fournissent de l’électricité au réseau à un coût inférieur au niveau de prix fixé par les producteurs “marginaux”, plus chers. Quant au plafond de 180 euros par Mwh sur les revenus de ces producteurs, il aidera les États membres à réduire leurs coûts. Le gaz et le charbon sont utilisés pour fixer le prix de l’électricité. Les entreprises réalisent des bénéfices supplémentaires considérables.

“Une limite européenne de 180 euros par mégawattheure, également pour toutes les énergies renouvelables, peut générer des fonds pour aider les consommateurs”, poursuit Kadri Simson. Une contribution de solidarité temporaire sur les bénéfices supplémentaires générés par les activités des secteurs du pétrole, du gaz, du charbon et du raffinage qui ne sont pas couverts par le plafonnement des revenus intramarginaux. “Nous voulons également prévoir une contribution directe qui frappera les bénéfices supplémentaires des grandes compagnies pétrolières. Les États membres percevront cette contribution sur les bénéfices de 2022, qui dépasseront une augmentation de 20 % par rapport au bénéfice moyen des trois années précédentes. Cela laisse aux entreprises une marge suffisante pour des investissements futurs”, a assuré M. Simson. Sur la table, enfin, une série de mesures pour aider à résoudre le problème de liquidité sur le marché à terme de l’électricité. ()