Pourquoi le conflit entre Israël et le Hamas peut avoir des répercussions mondiales. Et apporter de l’inflation importée en Europe

Economie & Finance

L’opération “Al-Aqsa” comporte certains éléments symboliques qui ne peuvent être négligés : elle a été lancée, ce qui n’est pas une coïncidence, pendant la fête de Simchat Torah (au cours d’une période de mécontentement politique important au sein de la population israélienne) et au moment du cinquantième anniversaire de la guerre du Kippour ; aujourd’hui comme hier, le monde semble affecté, au moins émotionnellement, par ce qui se passe.

Le gouvernement a proclamé l’état de guerre et la priorité des forces armées israéliennes est de sécuriser la population ; les analystes notent qu’Israël est passé d’une position “préemptive” à une position “défensive”.

L’analyse : les trois fronts de la guerre israélienne

Les fronts ouverts semblent être au moins au nombre de trois, à savoir Gaza, la Cisjordanie (où se trouve la mosquée Al-Aqsa) et ce que l’on appelle la ligne bleue, c’est-à-dire la frontière nord avec le Liban (avec un œil sur la façon dont la Syrie, la Jordanie, mais surtout l’Égypte vont bouger). Tout cela dans un contexte de guerre, avec des centaines d’otages, non seulement israéliens d’un côté et des prisonniers du Hamas capturés au fil des ans par Israël de l’autre, ce qui complique considérablement une éventuelle évolution vers une “offensive” de l’action israélienne. Au cours des dernières heures, aucune position officielle n’a été communiquée par les différentes parties.

Le scénario évolutif, les mouvements possibles d’Israël contre le Hamas

La situation actuelle envisage la convergence dans une stratégie de contre-offensive israélienne impliquant une synthèse politique et militaire ; une synthèse qui semble compliquée à la lumière de la croissance exponentielle des parties impliquées, en raison des différentes nationalités des otages. L’avantage militaire potentiel du Hamas et des parties impliquées de son côté est d’avoir conservé l’initiative, une initiative gérée, entre autres, par un certain nombre d’anciens prisonniers détenus par Israël.

Il n’est pas exagéré de penser que le traitement des otages pourrait être différent s’il ne s’agissait pas de citoyens n’appartenant pas aux deux parties actuellement en guerre, et que la pression exercée sur le Hamas et les parties impliquées dans le conflit pourrait être plus forte.

Hamas pour ces otages non israéliens pourrait s’avérer être un point de faiblesse, et que la provenance des otages impliquera des négociations différentes.

Israël doit donc maintenant décider comment réagir, militairement et politiquement ; le type d’opération militaire qu’Israël décidera d’entreprendre à Gaza sera le premier signal de réaction mais aussi le discriminateur de ce que d’autres forces, potentiellement déjà impliquées mais partiellement silencieuses aujourd’hui, pourraient à leur tour décider de faire.

Tel-Aviv pourrait décider de procéder à une offensive terrestre. Une décision qui impliquerait des criticités militaires non indifférentes pour l’opération, des risques élevés pour les otages détenus à Gaza et des effets potentiellement inconnus en termes de géopolitique mondiale ; les territoires du Sud-Liban, où l’Italie a historiquement une présence par le biais des Nations Unies, et le Hezbollah a le contrôle par le biais de colonies chiites, après des années de calme apparent se sont réveillés avec des tensions qui n’ont jamais été complètement apaisées.

Le risque de voir le conflit passer du niveau local au niveau mondial

La position iranienne et saoudienne à cet égard, qualifiée de cohérente par les analystes, représente une couche supplémentaire d’analyse et de complexité dans la décision que Tel-Aviv doit nécessairement prendre en ces heures.

Le risque que les trois fronts différents s’ouvrent en même temps et que les fronts représentent, militairement mais encore plus politiquement, des situations qui exigent des réactions différentes est très élevé ; la conséquence qu’Israël puisse être acculé dans un coin par ce scénario est importante et impliquerait une reclassification immédiate du conflit, de local à global.

Ce qui pourrait arriver aux marchés avec la guerre entre Israël et le Hamas

Dans un scénario changeant comme celui qui vient d’être décrit, une analyse précise des effets sur les marchés pourrait sembler anormale ; cependant, elle semble linéaire, sur la base des éléments qui viennent d’être décrits.

Le prix du pétrole continuera à augmenter, en vue de la réunion de l’OPEP en novembre où les Saoudiens seront probablement appelés par les Américains à essayer d’obtenir une augmentation de la production ; une augmentation de la production qui a vu les Iraniens, silencieusement, comme protagonistes au cours des derniers mois.

Le dollar se renforcera dans le cadre d’une tendance trimestrielle établie.

L’inflation importée d’Europe pour un pétrole et un dollar plus forts

La combinaison de ces deux facteurs accentuera encore la question de l'”inflation importée”, c’est-à-dire l’inflation exogène introduite dans des zones macroéconomiques non dollarisées, avec des effets politiques et sociaux immédiats, en particulier dans les zones macroéconomiques importatrices nettes d’énergie (telles que l’Europe, avec l’Allemagne et l’Italie en tête), à l’approche de l’hiver.

La durée des conflits, ukrainien et moyen-oriental (voire mondial), entraînera probablement des lignes de politique monétaire différentes entre les États-Unis et l’Europe, en raison d’un accès différent à l’énergie, avec des risques de récession substantiels, qui sont difficiles à quantifier en raison de la nature de l’origine de la contraction, plus en Europe qu’aux États-Unis. La géopolitique, aujourd’hui de l’énergie, demain de l’espace, de l’eau ou de la technologie, apparaît comme un facteur de plus en plus dominant de la croissance et du déclin mondial. ()

* Senior Partner Hitecvision, Head of Europe