Les problèmes ne sont pas terminés pour le Credit Suisse, c’est pourquoi Goldman Sachs estime que le manque de capital est deux fois plus important que pour les autres courtiers.

Economie & Finance

Les ennuis ne sont pas terminés pour le Credit Suisse et la vente de l’action à la Bourse de Zurich ne s’est pas calmée. L’action a perdu 4,06 % à 4,207 francs suisses et reste proche du plus bas niveau historique de 3,518 francs suisses atteint le 3 octobre, dans le sillage d’une information de Bloomberg selon laquelle le ministère américain de la justice enquête sur la possibilité que la banque suisse ait aidé ses clients américains à frauder le fisc. Au centre de l’affaire se trouvent des montants non déclarés aux autorités fiscales s’élevant à des centaines de millions de dollars, selon des sources proches du dossier citées par Bloomberg.

Le Credit Suisse à nouveau dans le collimateur des autorités américaines pour évasion fiscale

Les clients en question auraient pour la plupart des passeports sud-américains et auraient été trahis par d’anciens employés de la banque, qui a nié tout acte répréhensible et assuré qu’elle coopère avec les autorités américaines. Credit Suisse a déjà intensifié ses efforts depuis 2014 pour identifier les personnes qui tentent d’éviter de payer des impôts, après que le géant bancaire a plaidé coupable cette année-là d’avoir aidé des clients américains à échapper au fisc et a accepté de payer 2,6 milliards de dollars pour régler le litige avec le ministère américain de la Justice. “Bien que ce problème ne soit pas entièrement nouveau, il nuit au sentiment autour du Credit Suisse. Pris isolément, l’enquête fiscale n’est probablement pas très pertinente, mais elle s’ajoute à la longue liste d’échecs de gouvernance et de gestion des risques du Credit Suisse”, a commenté Johann Scholtz de Morningstar.

Une pression supplémentaire sur la banque, déjà touchée par un certain nombre de scandales.

Le Credit Suisse, l’une des plus grandes banques d’Europe, tente de se remettre d’une série de scandales, dont la perte de plus de 5 milliards de dollars liée à la faillite de la société d’investissement Archegos l’année dernière. Rien qu’au cours des trois derniers trimestres, les pertes se sont élevées à près de 4 milliards de francs suisses et la semaine dernière, dans un geste inhabituel, la Banque nationale suisse, qui supervise la stabilité financière des banques d’importance systémique en Suisse, a déclaré qu’elle surveillait la situation. Dans le même temps, la deuxième plus grande banque de Suisse a annoncé qu’elle rachèterait jusqu’à 3 milliards de francs suisses de dettes afin de démontrer sa solidité financière face aux spéculations du marché sur son avenir.

La révision stratégique sera dévoilée le 27 octobre lors de la publication des résultats du troisième trimestre 2022. La banque pourrait vendre une partie de ses activités de gestion de patrimoine en Amérique latine et réduire ou abandonner complètement sa division de banque d’investissement. Mais de plus en plus d’analystes craignent une augmentation de capital. Même Goldman Sachs, dans un rapport daté du 11 octobre et recueilli par milanofinanza.it, en réitérant sa note de vente et son prix cible à 4,70 CHF, a souligné que l’affaiblissement des bénéfices, associé aux litiges en cours et aux coûts de restructuration, crée une pression sur le capital de la banque.

Goldman Sachs estime que le manque de capitaux est deux fois plus important que celui des autres courtiers, jusqu’à 8 milliards de francs suisses.

“Les désinvestissements pourraient apporter un certain soulagement, mais les multiples cours/valeur comptable du secteur sont à des niveaux déprimés”, peut-on lire dans la note. “Selon nos estimations, la vente des produits titrisés de la banque pourrait améliorer le ratio de capital Cet1 en 2023/2024 de 30 à 33 points de base.” Mais cela ne suffit pas, “nous estimons un manque de capital potentiel de 4 à 8 milliards de francs suisses en 2024”, soit deux fois plus que les estimations précédentes de la Deutsche Bank et de Kbw (4 milliards de francs suisses). ()