Les BTP comme opportunité d’investissement ? Bini Smaghi à Class Cnbc : le problème est la crédibilité des comptes publics | VIDEO

Economie & Finance

L’hypothèse d’une récession dans l’ensemble de la zone euro se concrétise, l’inflation continue d’augmenter et les banques centrales continuent de relever leurs taux, poussant à la hausse les rendements des obligations d’État. Les obligations de la zone euro, et en particulier les obligations italiennes, continuent d’augmenter. Le rendement du BTP à dix ans s’établit à 4,7 %, enregistrant l’une des pires performances en Europe après la Grèce, où le rendement de l’obligation à dix ans reste supérieur à 5 %. La situation ne s’améliore pas lorsqu’on s’intéresse aux échéances courtes, le rendement du Btp à deux ans passant à 3 % et celui du Btp à cinq ans à 3,9 %. L’écart entre le Btp et le Bund reste inchangé à environ 237 points de base, après avoir touché 255 points les semaines précédentes.

Btp comme investissement ? Le problème est la crédibilité des comptes publics.

“Les obligations d’État à 10 ans en Italie rapportent aujourd’hui un peu plus de 4 %. Si ce n’est pas suffisant pour attirer l’épargne des Italiens, il doit y avoir quelque chose qui ne va pas2, a commenté au micro de Classe Cnbc Lorenzo Bini Smaghi président de la Société Générale. “Le problème”, selon l’ancien membre du comité exécutif de la Banque centrale européenne, “est principalement la crédibilité des comptes publics” qui devraient “rassurer les Italiens que s’ils investissent dans des obligations d’État, c’est un bon investissement”. “Cette assurance”, a toutefois précisé Bini Smaghi, “est obtenue avec un projet qui garantit que la dette publique par rapport au pib diminue progressivement, comme cela se passe dans d’autres pays”. Pour l’économiste, il faudra donc “rassurer le pays sur le plan fiscal en ne prenant pas d’initiatives qui risquent ensuite d’augmenter des dépenses publiques hors de contrôle”.

Obligations d’État : ce qui se passe dans les autres pays européens

Dans le reste de l’Europe, l’Allemagne a augmenté ses emprunts obligataires de 54 milliards d’euros pour le marché des pensions et les dépenses énergétiques. L’agence financière allemande a déclaré avoir augmenté la taille de 18 obligations en circulation de 3 milliards d’euros chacune afin de les utiliser sur le marché des pensions et de disposer d’une certaine souplesse pour couvrir les besoins de financement résultant de la crise énergétique. L’augmentation, d’un montant total de 54 milliards d’euros, a été réalisée pour des obligations qui, selon l’agence, sont très demandées.

Les obligations d’État allemandes, garanties essentielles pour les investisseurs sur les marchés de la zone euro, sont rares après des années d’achats d’obligations par la Banque centrale européenne, ce qui rend difficile pour les investisseurs d’emprunter sur le marché des pensions. L’agence financière, qui gère la dette de l’Allemagne, conserve généralement une petite partie des obligations qu’elle vend dans ses livres, les utilisant pour des opérations de pension et les prêtant aux investisseurs en échange de liquidités.

Ces augmentations permettront également au gouvernement allemand de disposer d’une certaine souplesse pour couvrir les besoins de financement résultant de la crise énergétique, a déclaré l’agence financière. L’agence financière peut augmenter ces transactions pour soutenir le bon fonctionnement des marchés et l’a fait plus tôt cette année lorsqu’elle a également augmenté une obligation suite à l’invasion de l’Ukraine.

Si l’on regarde les autres pays, alors qu’en dehors du bloc européen, l’Angleterre traite des Gilts (obligations britanniques, le rendement du 10 ans atteint 4 %) avec des rendements sans précédent, le Portugal a placé 750 millions d’euros en obligations d’État à 11 mois, avec des taux en nette augmentation par rapport à l’adjudication précédente. Selon l’agence de gestion de la dette Igcp, les obligations ont été attribuées à un rendement de 2,104 %, contre -0,314 % précédemment. Le ratio de couverture est passé de 2,12 à 1,74 lors de la dernière adjudication. (reproduit confidentiellement)