L’épargne des Italiens a augmenté de 50% en une décennie (mais les programmes électoraux la négligent)

Economie & Finance

Non aux biens patrimoniaux et aux nouveaux impôts sur l’épargne des Italiens qui, dans un peu moins d’un mois, devront choisir le nouveau Parlement. C’est ce que demande Fabi, qui prend un instantané de la richesse des familles du pays dix ans après le sauvetage de l’euro par le numéro un de la BCE de l’époque avec la célèbre phrase Whatever it takes.

L’huile d’Italie

L’épargne est le pétrole de l’Italie, et pourtant elle reste en dehors des programmes politiques des principaux partis préparés pour les élections du 25 septembre. On n’en trouve aucune trace dans le document de la coalition de centre-droit, ni dans celui du PD. Renforcer les ressources aux mains des familles et les canaliser vers l’économie tricolore est une priorité, mais elle n’entre pas dans l’agenda politique des partis. D’autre part, la tentation de mettre la main pas de nouvelles taxes sur cet immense réservoir est grande, comme le montre la proposition relancée par le PD il y a quelques semaines d’édicter un actif patrimonial pour aider les nouvelles générations.

L’épargne a augmenté de 50 % en dix ans

L’analyse de Fabi rappelle que le patrimoine financier des Italiens s’élève à plus de 5 256 milliards d’euros, avec une croissance de près de 1 700 milliards (+50%) au cours de la dernière décennie. Les liquidités restent la forme préférée d’allocation de l’épargne : les liquidités, une fois encore les plus aimées des Italiens, ont augmenté de 509 milliards (+45%), passant de 1 119 milliards en 2011 à 1 629 milliards en 2021, le pourcentage d’argent laissé sur les comptes courants et les dépôts étant stable à 31% du total des actifs. Si les obligations semblent vouées à une réduction ostensible dans les portefeuilles des épargnants (-67%, de 712 milliards d’euros à 233 milliards d’euros, soit une baisse de 479 milliards d’euros), les contrats d’assurance conquièrent en revanche un espace de plus en plus important parmi les préférences des ménages : avec 680 milliards d’euros, ils représentaient 19% du total des placements en 2011, un chiffre qui a connu une belle progression de 533 milliards d’euros (+78%), en décembre dernier, pour atteindre 1 213 milliards d’euros, soit 23% de l’épargne totale.

Flux en 2021

Pour la seule année 2021, année où la reprise économique a commencé puis s’est évanouie avec le début de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, l’épargne des ménages italiens a généré un flux de 320 milliards d’euros, mais 61 % de la nouvelle richesse mise de côté (143 milliards d’euros en termes absolus) a été allouée à des actifs financiers (principalement des actions), 16 % (72 milliards d’euros) à des actifs liquides, et le reste à des formes d’épargne alternatives. Le poids des actions a ainsi progressivement augmenté : avec 690 milliards, il représentait 19 % des réserves des ménages en 2011, un chiffre qui est passé à 1 107 milliards en 2020 (22 %), puis à nouveau à 1 251 milliards en 2021, approchant les 24 % du total des portefeuilles financiers.

Ménages en défense

M. Fabi observe que “le solde de l’épargne des ménages italiens montre une fois de plus à quel point les Italiens défendent leur patrimoine les dents serrées, malgré l’emprise de l’inflation et la faiblesse des rémunérations qui pénalisent effectivement les liquidités. Si, en tout état de cause, la liquidité continue de représenter l’abri le plus sûr, la prudence n’est pas le seul levier qui guide les décisions d’épargne et les choix d’investissement : dans le même temps, en effet, il existe un besoin croissant de planification patrimoniale associée à une gestion attentive et prudente des risques financiers, à une époque où l’objectif financier commence à être le juste équilibre entre sécurité et rendement”. Des éléments qui ont pu également déterminer l’évolution des placements en fonds communs de placement : avec un total de 235 milliards d’euros, ce segment représentait 6 % des actifs financiers des ménages à la fin de 2010, pour passer à 13 % en 2020 avec 681 milliards d’euros et à près de 15 % en 2021 avec 661 milliards d’euros ; en pourcentage, il s’agit de la croissance la plus importante (+227 %) de la décennie. Toutefois, la croissance a surtout favorisé les fonds de droit étranger, qui sont passés au cours de la décennie de 89 à 536 milliards d’euros (+60%), tandis que les fonds italiens n’ont augmenté que de 88 milliards d’euros, passant de 146 à 234 milliards d’euros (+498%).

Plus de poids dans les agendas politiques

“Les décisions prises pour sauver l’euro à tout prix en juillet 2012 par la Banque centrale européenne, alors dirigée par le président Mario Draghi, ont protégé l’épargne des Italiens, qui a augmenté de près de 50 %. Ces mesures ont donc non seulement préservé la monnaie unique, mais aussi renforcé le patrimoine financier de nos familles, ce qui, aujourd’hui, devrait être davantage pris en compte dans les programmes électoraux des partis en vue du 25 septembre et du futur gouvernement. Nous lançons donc un appel à toutes les forces politiques pour protéger, par des propositions sérieuses et concrètes, l’épargne des Italiens : il s’agit de plus de 5 200 milliards d’euros, qui pourraient jouer un rôle essentiel dans la reprise et la croissance économiques. Il serait préjudiciable, dans cette perspective, de taxer des interventions, telles que les biens patrimoniaux, ce qui augmenterait la charge fiscale sur de l’argent qui est le fruit de l’épargne sur les revenus des travailleurs, et donc déjà fortement taxé par l’État. Une politique adéquate de protection et d’incitation de l’épargne vers des investissements productifs, en revanche, peut être la bonne recette pour accompagner l’utilisation des fonds européens du Plan national de relance et de résilience “, commente Lando Maria Sileoni, secrétaire général de Fabi.

Pressions sur les entreprises

Sileoni a également ajouté que “la question de l’épargne est étroitement liée à celle de la pression commerciale indue, exercée par la direction des banques sur les travailleurs bancaires pour la vente de produits financiers : en mai, nous avons informé en détail la commission d’enquête parlementaire sur le secteur bancaire, et sur cette question également, une action décisive est nécessaire de la part des politiciens, qui ne peuvent pas faire comme si de rien n’était et doivent intervenir pour éviter que des épisodes désastreux de trahison de l’épargne ne se répètent. Il ne s’agit pas d’une question strictement syndicale, mais d’une question sociale”.

La comparaison européenne

Dans la comparaison européenne, poursuit l’analyse de Fabi, il est évident que la capacité de faire face aux urgences avec des réserves de liquidités n’est pas seulement un art italien. La composition de la tirelire financière de nombreux pays de l’autre côté de la frontière montre le point de vue des Allemands et des Espagnols sur la destination de leur épargne : eux aussi préfèrent, encore plus que les Italiens, les liquidités, les considérant comme une bouée de sauvetage pratique et vitale pour les familles. Les actions et les fonds communs de placement, immédiatement après les dépôts et les liquidités, constituent la part la plus importante du patrimoine financier des citoyens dans de nombreux États européens, avec des pourcentages du total variant de 26 % en Allemagne à 29 % en France et au record de 43,8 % en Espagne. L’Italie, avec sa part de 39% investie dans des actions, se place juste derrière l’Espagne en termes de préférence pour les instruments financiers autres que les obligations, mais revendique la suprématie de la part du portefeuille allouée aux obligations d’État, représentant 4,3% du total, contre une moyenne européenne de 1,6% ; bien plus faible pour des pays comme la France (0,6%) et l’Espagne (0,4%). En proportion des investissements totaux, la France et l’Allemagne sont les pays qui ont engagé le plus de ressources dans l’assurance en 2021 (34,3 % et 32,9 % respectivement), dépassant également la moyenne européenne de 32,7 %. En Italie, en Allemagne et en Espagne, la part de l’épargne investie en dépôts et en liquidités a dépassé 30 %, mais avec des préférences différentes : Italie 31,9 %, Allemagne 39,2 % et Espagne 36,4 %. Seule la France se situe en dessous de la moyenne européenne, avec un faible pourcentage de 29,2 %. Dans le panorama de l’Europe occidentale, explique enfin Fabi, la carte de la richesse financière nette décrit les Italiens comme un peuple vertueux et, malgré les incertitudes sur les revenus et l’augmentation des dépenses due également à la flambée de l’inflation, le moins enclin à soutenir les besoins et la consommation en recourant à l’endettement. ()