La géopolitique de l’intelligence artificielle. Après la loi sur l’IA, des normes internationales sont nécessaires

Economie & Finance

Le développement des technologies liées à l’intelligence artificielle (IA) ouvre de nouveaux scénarios et impose de nouveaux défis au niveau mondial, auxquels les entreprises, les gouvernements et les individus du monde entier devront répondre. En quelques années, l’intelligence artificielle est passée du statut de simple merveille théorique à celui de réalité concrète, présente dans de nombreux aspects de notre vie quotidienne : des smartphones aux systèmes informatiques les plus avancés.

Cela génère, très souvent, un impact positif. Pensons, par exemple, à l’utilisation des technologies spatiales dans le secteur agricole ou à leur application en médecine et en chirurgie, ou encore, plus simplement, aux facilités que l’IA nous offre dans notre vie de tous les jours. Cependant, ces développements sensationnels ne sont pas sans risques, tant pour les individus que sur le plan géopolitique dans un monde hyperconnecté et de plus en plus complexe. L’importance du développement de l’IA se reflète dans la valeur marchande croissante de ces technologies. Selon une récente étude de McKinsey, d’ici 2030, la contribution de l’intelligence artificielle à l’économie mondiale pourrait avoisiner les 15 700 milliards de dollars, soit plus que la production actuelle de la Chine et de l’Inde réunies, pour atteindre l’équivalent de 2 600 milliards de dollars au début de l’année 2024. Un chiffre qui a le potentiel de modifier l’équilibre géopolitique et qui appelle les entreprises et les États à une véritable course à l’IA.

La puissance stratégique et militaire de l’IA

Les pays avancés dans le développement de ces technologies peuvent obtenir d’énormes avantages stratégiques, en augmentant leur puissance militaire et leurs capacités de surveillance, d’influence et de désinformation. En outre, la dépendance économique à l’égard de l’IA est susceptible de générer de fortes inégalités entre les nations, de déclencher une course aux armements technologiques et de contribuer à l’aggravation des déséquilibres mondiaux, avec des conséquences imprévisibles sur la paix et la stabilité internationales.

Dans cette optique, l’approbation récente par l’UE, le 9 décembre, de l’Acte sur l’IA représente une étape importante dans un domaine qui n’avait jusqu’à présent connu aucun périmètre ni aucune frontière au niveau mondial. Il s’agit du premier texte législatif sur l’IA qui se présente comme un modèle absolu dans le domaine de la réglementation éthique de l’utilisation des nouvelles technologies, faisant de l’Europe un acteur inspirant pour le reste du monde dans la construction d’une véritable gouvernance concernant l’utilisation de l’Intelligence Artificielle.

Vers l’adoption de lois internationales

Il est nécessaire que la communauté internationale travaille à l’adoption de normes mondialement partagées sur ces nouvelles technologies, en garantissant une approche pluridisciplinaire axée sur le dialogue et la participation publique, dans le but de concilier l’innovation avec la sécurité et la protection des individus et des libertés fondamentales.

Seule la construction d’un processus réglementaire international responsable, éthique et toujours centré sur l’humain permettra d’éviter que des acteurs malveillants n’utilisent l’IA à des fins néfastes et que les gouvernements ne succombent à la tentation de mettre en place des systèmes “algocratiques” pour aboutir progressivement à une nouvelle forme de “Sagesse Artificielle”. ()

*Ambassadeur d’Italie au Luxembourg