La Banque d’Angleterre se renvoie la balle

Economie & Finance

Une autre semaine, une autre intervention vide de la banque centrale britannique. Lundi 10, la Banque d’Angleterre (BoE) a annoncé une augmentation des achats d’obligations d’État et de titres obligataires dans le cadre d’une intervention anticrise introduite il y a moins de sept jours. L’objectif est de calmer les marchés, que la banque est la principale responsable de la déstabilisation, tout en rejetant la faute sur les autres.

Le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Andrew Bailey, tente de stabiliser les fonds de pension.

La banque centrale va doubler, à 10 milliards de livres, la limite quotidienne des gilts (obligations d’État britanniques) à long terme qu’elle est disposée à acheter aux enchères. La BOE a annoncé le 28 septembre qu’elle achèterait jusqu’à 5 milliards de livres sterling par jour ouvrable jusqu’au 14 octobre, mais à partir de lundi, le total des achats d’obligations s’élevait à environ 5 milliards de livres sterling, par rapport au maximum de 40 milliards de livres sterling que la BOE peut acheter.

Le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Andrew Bailey, tente de stabiliser les fonds de pension, qui subissent les conséquences de stratégies de couverture douteuses, maintenant que les hautes eaux de la politique monétaire expansionniste se retirent. Les achats d’obligations ont été annoncés lorsqu’une flambée des rendements des gilts après le 23 septembre a menacé de forcer les fonds à effectuer des ventes hors de contrôle.

Le mieux que l’on puisse dire à propos du changement du lundi 10 est que même si la BoE remplit le quota cette semaine, la taille totale de l’intervention sera inférieure aux 65 milliards de livres sterling impliqués dans l’annonce initiale. La BoE resserre les rênes de sa politique monétaire pour combattre une inflation qui n’a jamais été aussi élevée depuis 40 ans et affirme que ces achats d’urgence ne sont pas en contradiction avec son projet de laisser 80 milliards de livres d’obligations d’État quitter son bilan au cours de l’année prochaine.

Mais les responsables de la BoE semblent maintenant ne pas savoir quoi faire. S’il s’agissait d’une opération de prêteur en dernier ressort pour fournir des liquidités et assurer le bon fonctionnement du marché, est-elle encore nécessaire ? Les marchés ont explosé après que le Premier ministre Liz Truss et le Chancelier Kwasi Kwarteng ont annoncé une réduction du taux marginal supérieur de l’impôt sur le revenu des personnes physiques de 45 % à 40 % le 23 septembre. Ce plan a été le seul ajout surprise à un ensemble plus large de réductions d’impôts. En outre, elle n’aurait réduit les recettes que de 2 milliards de livres et a été retirée. Si c’était effectivement la cause de l’effondrement du marché, l’urgence devrait être passée.

Sans se décourager, la BoE a recours à l’impératif bureaucratique d’auto-préservation.

Au lieu de cela, certains membres de la banque semblent maintenant suggérer que l’intervention concerne moins la liquidité et plus le ciblage d’un taux d’intérêt spécifique pour les gilts à long terme. La banque a réalisé que l’intervention avait fonctionné lorsque le rendement des gilts à 30 ans a baissé d’un point de pourcentage le jour de l’annonce, a écrit le gouverneur adjoint, Jon Cunliffe, dans une lettre adressée au Parlement la semaine dernière. Cela contraste avec l’intention déclarée de la banque de resserrer la politique monétaire. Il n’est pas étonnant que les marchés doutent de la volonté de la BoE de relever les taux d’intérêt à l’avenir.

Sans se décourager, la banque a recours à l’impératif bureaucratique bien connu de l’auto-préservation. La lettre de M. Cunliffe n’hésite pas à accuser le plan fiscal de M. Kwarteng d’être à l’origine de la ruine du marché. Ses collègues Jonathan Haskel et Dave Ramsden (tous trois membres du comité de décision de la BoE) ont repris ce thème dans des discours attribuant les turbulences du marché à une “composante spécifique au Royaume-Uni”. C’est le nom de code pour l’agenda Truss.

Alors que la banque prévoit d’acheter des milliards de livres d’obligations d’État pour calmer les marchés, ses dirigeants s’en prennent à nouveau aux baissiers en leur disant qu’ils ont raison de s’inquiéter d’un paquet fiscal qui pourrait encore passer au Parlement. Peu importe que la stratégie de couverture des fonds de pension au cœur de ce désordre ait été conçue pour protéger les fonds contre les politiques laxistes de la banque, et que l’autorisation de cette stratégie constitue un échec majeur de l’agence de régulation financière que Bailey dirigeait avant d’occuper son poste actuel.

Liz Truss a suggéré de revoir le mandat du Conseil d’administration.

Les banques centrales sont confrontées à une nouvelle menace politique en raison de leur échec quasi universel à contenir l’inflation. Mme Truss a suggéré de revoir le mandat de la BoE, car le bilan de la banque en matière de stabilité des prix depuis 2008 est plutôt médiocre. Bailey n’aide pas sa crédibilité ni l’indépendance de la banque en politisant l’institution comme lui et ses collègues l’ont fait au cours des deux dernières semaines. ()



MF+MIFI + Le Wall Street Journal