Fed, la première baisse de taux s’éloigne. C’est un super dollar, voici pourquoi il le restera longtemps | LA VIDÉO

Economie & Finance

Les propos de Jerome Powell à Jackson Hole repoussent la possibilité d’une première baisse de taux, désormais attendue seulement pour la fin 2023. Les propos de Joachin Nagel (BCE), qui parle de “plus de sacrifices” au prix d’une “récession”, mettent l’accent sur le relèvement des taux lors de la prochaine réunion de l’Eurotower le 8 septembre. Après le discours de Powell, vendredi 26 août, sur une politique monétaire qui doit ralentir la demande globale, il y a ceux qui, comme la Deutsche Bank, insistent sur des taux élevés pour plus longtemps et ceux qui, comme Goldman Sachs, restent d’avis qu’en septembre, la hausse des taux de la Fed ne sera “que” de 50 points de base.

Goldman Sachs trouve du réconfort dans le fait que Powell répète que des augmentations de 75 points de base sont “d’une ampleur inhabituelle” et que l’économie a ralenti. En outre, la banque d’investissement américaine a souligné que les données relatives au marché du travail et à l’inflation, qui doivent être publiées respectivement le 2 septembre et le 13 septembre, fourniront des informations supplémentaires à la Fed. En Europe, nous obtiendrons les données préliminaires de l’inflation pour juillet le mercredi 31 août (précédent : +8,9% en glissement annuel ; consensus : +9% en glissement annuel).

La faiblesse de l’euro résume les craintes de récession

La faiblesse de l’euro résume les craintes de récession. L’euro a chuté de 0,22 % à 0,9939 dollar, se rapprochant à nouveau du plus bas niveau en 20 ans atteint le 26 août à 0,9901. L’indice du dollar, par rapport à un panier de six grandes monnaies mondiales, a déjà atteint de nouveaux sommets depuis 2002, à 109,40. Par ailleurs, lors du symposium de Jackson Hole, M. Powell a adopté un ton résolument “faucon” sur la nécessité de contenir l’inflation. “Pour rétablir la stabilité des prix, il faudra maintenir une politique restrictive pendant un certain temps. L’histoire nous enseigne qu’il faut se méfier d’un assouplissement prématuré de la politique monétaire.”

Le président de la Fed a donc réaffirmé, peut-être de façon plus tranchante que par le passé, que les taux d’intérêt resteront élevés pendant un certain temps et que le resserrement monétaire devra être poursuivi avec une détermination rigide, même s’il a des conséquences négatives pour le public. Par conséquent, l’attente d’un resserrement de 75 points de base lors du FOMC des 20 et 21 septembre s’est accrue.

La BCE est également considérée comme plus agressive.

Il appartiendra maintenant à la BCE, et aux autres banques centrales, de réagir au ton de la Fed. François Villeroy de Galhau, membre du directoire de la BCE, a déjà déclaré que l’engagement de la BCE à agir sur l’inflation est ” inconditionnel ” : une autre hausse ” significative ” des taux d’intérêt est une étape nécessaire en septembre. Isabel Schnabel, un autre membre du directoire de la BCE, a expliqué que les risques de récession ont augmenté, mais a appelé à une action forte pour maîtriser l’inflation. À Jackson Hole, M. Schnabel a fait remarquer que “les banques centrales doivent agir avec fermeté” contre la flambée des prix. “Même si nous entrons en récession, nous n’avons guère d’autre choix que de poursuivre sur la voie de la normalisation”, a ajouté M. Schnabel.

Il est vrai que la BCE devra tôt ou tard soutenir une hausse de 50 ou 75 points de base, mais dans quelle mesure cette hausse pourra-t-elle freiner l’inflation exogène et ne pas provoquer la stagflation qui, pour beaucoup, est désormais une certitude ? “En faveur d’un ralentissement de la descente de l’euro et de la livre sterling, il n’y a qu’une seule raison, c’est que tout le monde pense maintenant qu’il n’y a pas de place pour un mouvement ascendant pour ces devises et donc tout le monde aura tendance à vendre à découvert à ces niveaux, qui sont de toute façon des bas importants”, a déclaré Saverio Berlinzani, analyste principal chez ActivTrades. Techniquement, cependant, l’euro devrait pouvoir descendre au moins jusqu’à 0,9600.

Le seul espoir est que les prochaines données américaines se détériorent.

Mais le yen et les océans pourraient également souffrir de la force de la monnaie américaine. “Préparons-nous, l’automne sera très chaud, et le seul espoir est que les prochaines données américaines se détériorent, afin que nous puissions dire ‘la misère aime la compagnie’, et peut-être voir une Fed moins agressive dans les mois à venir, par rapport à une économie qui se dégrade, ce qui pourrait calmer les marchés boursiers”. Cela semble paradoxal, mais c’est le marché auquel nous sommes confrontés. La semaine à venir sera caractérisée par les chiffres de l’emploi non agricole, les données du marché du travail, mais aussi le PMI et l’Ism américains. N’oublions pas les PIB de l’Italie, du Canada, de l’Inde, de la Turquie et les données sur l’inflation dans la zone euro. Il s’agit encore d’une semaine très volatile avant le début du mois de septembre, qui sera caractérisé par une forte volatilité jusqu’aux décisions des banques centrales”, a prévenu M. Berlinzani.

Prochain support important pour le cross euro/dollar dans la zone 0.82

Pour l’instant, la tendance de fond reste donc fermement en faveur du dollar. “Dans le pire des cas, c’est-à-dire si la crise du gaz et de l’énergie en Europe s’aggrave encore, nous pourrions aller jusqu’au prochain support important dans la zone des 0,82. Une hypothèse extrême que nous avons tendance à écarter pour l’instant”, a déclaré Websim, qui suggère, à des fins de trading, de profiter de la descente vers la parité/basse pour prendre des bénéfices sur le billet vert en attendant un règlement. A ces niveaux, le dollar terminerait la meilleure année du troisième millénaire (+14% provisoire).

Un dollar fort aussi sur le yen et le yuan

Le dollar a également fortement progressé face au yen (+0,89% à 138,69 yens), à son plus haut niveau depuis le 21 juillet, tandis que le yuan est tombé à un nouveau plus bas de deux ans, à 6,92 pour un dollar. Goldman Sachs s’attend à ce qu’il atteigne 7 dans les trois prochains mois, en raison du ralentissement de l’économie nationale, tandis que la Fed poursuit sa politique agressive en matière de taux. Enfin, la livre sterling est à son plus bas niveau depuis deux ans et demi, alors que la Bourse de Londres est fermée pour cause de vacances. ()