Dans les banques, il faut plus de femmes au conseil d’administration. L’initiative de Bankitalia et du Trésor

Economie & Finance

La présence accrue des femmes dans les conseils d’administration des banques italiennes n’est qu’une question de temps. C’est la conviction profonde de Chiara Mancini, directrice générale adjointe de l’ABI, qui s’appuie fortement sur le facteur démographique. Les femmes représentent environ 60 % des diplômés universitaires en Italie, avec de meilleurs cursus que les hommes. La mise en œuvre progressive des directives du ministère de l’économie et de la Banque d’Italie sur la protection de la diversité dans les conseils d’administration fera le reste. En bref, la parité hommes-femmes est un objectif sur lequel nous travaillons dur.

Question. Mancini, une étude récente de Bankitalia qui examine la composition des conseils d’administration entre 2007 et 2019 montre que la loi Golfe-Moscou a entraîné une “légère amélioration” de la présence des femmes dans les conseils d’administration des banques, mais pas un changement radical. Quelles en sont, selon vous, les causes ?

Réponse. “L’étude de la Banque d’Italie est un instantané, qui n’est pas sans rappeler celui que nous renvoient des données plus récentes relatives aux stations thermales cotées en bourse dans l’Union européenne, où, en juin 2022, la fonction de président était occupée par 8 % de femmes. Ce scénario devrait être mis à jour et mieux contextualisé en tenant compte des spécificités de la réglementation relative aux conditions requises pour assumer la fonction d’administrateur dans une banque, en particulier le décret 169/2022 du ministère de l’économie et des finances et les dispositions de la Banque d’Italie en matière de gouvernance d’entreprise”.

  • Lire aussi : Banques, Orcel ( Unicredit) : taux, liquidité, inflation, il est presque inévitable que quelque chose de mauvais se produise

D. Même si c’est lentement, il y a donc quelque chose qui bouge. Quelles sont les principales innovations des règlements susmentionnés qu’il convient de mentionner ?

R. “Il est certain que les exigences de professionnalisme et de compétence qui doivent être satisfaites pour occuper le poste d’administrateur d’une banque. En particulier, toutes les banques, quelles que soient leur taille et leur structure opérationnelle, sont soumises à des obligations spécifiques en ce qui concerne la composition de leur conseil d’administration, pertinentes également, mais pas uniquement, du point de vue de la diversité des genres. Cette discipline stricte – qui, en termes de diversité, exige que le nombre de membres du sexe le moins représenté soit d’au moins 33 % et qui dicte d’autres règles pour l’accès aux postes de direction – est progressivement mise en œuvre”.

D. À votre avis, quand les résultats réels de cette voie seront-ils mesurables ?

R. “Les résultats concrets de ce parcours seront mesurables dans un avenir proche, avant même les échéances fixées par la discipline, sur la base de l’adhésion volontaire aux orientations prudentielles de la Banque d’Italie qui, pour les banques de moindre importance, souhaite que l’ajustement au seuil de 33% soit anticipé”.

D. Y aura-t-il des effets divergents entre les grandes et les petites banques ? Et si oui, pourquoi ?

R. ” L’accent mis sur les questions de diversité (qui ne concerne pas seulement la présence de femmes dans les conseils d’administration) est le même entre les grandes et les petites banques. Ce qui change, ce sont les délais envisagés par la réglementation : les grandes banques, y compris celles qui ne sont pas cotées, devront s’assurer du respect du quota d’ici le 30 juin 2024, et les petites banques ou les banques présentant une complexité opérationnelle pourront procéder plus progressivement, en intégrant des conseils d’administration comptant au moins 20 % de membres du sexe le moins représenté au plus tard lors du premier renouvellement complet effectué après le 1er janvier 2022 ; pour les renouvellements suivants, et en tout état de cause au plus tard le 30 juin 2027, le quota de 33 % s’appliquera également à ces banques”.

D. La directive du Mef et les dispositions de Bankitalia ont un impact sur la composition des conseils d’administration, qui deviendront plus “roses”. La présence des femmes est encore limitée au sommet des banques : seulement 1 % d’entre elles occupent le poste de directeur général, selon les données de la Banque d’Italie et de la Consob pour 2021. Pourquoi ce bond en avant n’est-il pas réalisé ?

R. “Les femmes impliquées dans les organes de direction des banques, en particulier dans les comités endoconsiliaires qui, comme le montrent les données de la Consob, ont une incidence de femmes dans les sociétés cotées du secteur financier au moins égale à la moitié des membres, contribuent avec compétence et professionnalisme à assurer leur gestion saine et prudente, dans une logique de proportionnalité et de mise en valeur adéquate des spécificités de chaque intermédiaire. Je crois que nous devrions apprécier le fait que beaucoup a été fait et que la croissance du nombre de femmes impliquées dans des postes de direction suggère une augmentation progressive de leur présence à tous les niveaux de l’entreprise”.

D. Selon une étude de l’association européenne Women on Boards, seules 7 % des entreprises sont dirigées par une femme. Quelles conclusions devons-nous en tirer ?

R. “Nous sommes face à un phénomène qui trouve ses racines et donc ses limites dans un fardeau ancien, mais la trajectoire est la bonne. Les données positives sur le niveau de professionnalisme des femmes – qui représentent près de 60 % des diplômés universitaires en Italie et obtiennent de meilleurs résultats en termes de régularité dans leurs études et de niveau de diplôme – la présence progressivement plus importante des femmes dans les conseils d’administration et l’expérience acquise en conséquence seront également utiles pour augmenter le nombre de candidats potentiels à des postes de direction, à qualifications et mérites égaux à ceux des candidats masculins”. ()