Naviguer en territoire inconnu, c’est ainsi que l’expert de Bank of America Erjon Satko, dans un rapport recueilli par milanofinana.it, estime que les émissions nettes d’obligations souveraines de la zone euro devraient battre de nouveaux records en 2023. Les annonces du Trésor français et espagnol ont déjà bouleversé les hypothèses déjà relativement agressives de BofA sur les émissions nettes d’obligations pour l’année prochaine.
“Les mesures prises par les gouvernements pour faire face au ralentissement économique et à la crise énergétique signifient que les besoins de financement nets atteindront de nouveaux records sur le marché des obligations souveraines de la zone euro en 2023. Un resserrement quantitatif “passif” de la BCE nécessiterait une plus grande confiance dans les investisseurs privés. En termes de provision pour risque, si la volatilité actuelle des taux persiste l’année prochaine, l’émission nette d’obligations souveraines de la zone euro obligera les bilans privés à absorber des risques de marché plus élevés que le précédent record de 2010″, a expliqué M. Satko.
BofA note un effet positif de l’inflation : l’augmentation des recettes fiscales
En examinant les perspectives pour les questions de la zone euro au quatrième trimestre, l’expert a noté qu’un effet positif de l’inflation était l’augmentation des recettes fiscales. Cela a permis à la plupart des Trésors publics d’éviter de relever leurs orientations de financement cette année, malgré les 200 milliards d’euros de mesures politiques mises en place pour faire face à la crise énergétique depuis fin 2021.
À cette époque, une grande partie des Trésors publics avaient même décidé de réduire leurs prévisions de financement pour cette année, à l’exception de l’Allemagne et de l’Italie. L’offre d’obligations d’État européennes, nette des remboursements, des coupons et du Qe de la BCE, devrait atteindre 49 milliards d’euros en novembre, mais avec des chiffres stables ou négatifs en octobre et décembre. Pour 2023, bien que les budgets nationaux soient loin d’être finalisés, les perspectives ne sont pas aussi favorables.
“Notre scénario de base initial pour les émissions de 2023 reposait sur l’hypothèse que les Trésors publics maintiendraient des objectifs d’émissions obligataires brutes relativement stables, avec une préférence pour les plus petites. La baisse supposée des déficits publics aurait donc été presque entièrement absorbée par la réduction des émissions d’obligations. Toutefois, les indications préliminaires d’émission publiées jusqu’à présent par certains trésors publics nous ont surpris à la hausse”, a déclaré M. Satko.
Par exemple, la France a maintenu un objectif de financement obligataire net pour 2023 largement inchangé par rapport à cette année, malgré un déficit à financer moins important. L’objectif d’offre nette d’obligations de l’Espagne devrait rester relativement élevé, à 70 milliards d’euros en 2023. Ce qui est intéressant dans ces deux cas, c’est que ce sont deux pays qui sont relativement moins exposés au choc énergétique supplémentaire qui s’est produit après notre analyse du scénario de base”, a noté l’expert de BofA.
2023 : un test important pour la stabilité des marchés des obligations d’État européennes
Ce qui attend la plupart des autres pays, en particulier ceux dont les économies sont les plus exposées à la crise énergétique, risque de surprendre encore plus le marché. Si l’inflation continue de surprendre à la hausse, avec une BCE déjà décidée à passer en territoire restrictif, la perspective d’un resserrement quantitatif ne peut être exclue. Pour en tenir compte, l’expert de BofA a élaboré des scénarios alternatifs pour l’offre globale, en supposant un début hypothétique du resserrement quantitatif passif de la BCE au second semestre 2023.
En effet, 2023 pourrait être un test important pour la stabilité des marchés des obligations d’État européennes. “Pour cet exercice, nous supposons une émission obligataire nette d’environ 70 milliards d’euros de plus que notre hypothèse initiale de 2023″, a poursuivi M. Satko, avertissant que pour 2023 en termes nets (émissions obligataires brutes nettes des remboursements, coupons, rachats et flux Qe), l’offre d’obligations d’État européennes devrait approcher 400 milliards d’euros. Ce serait de loin le chiffre le plus élevé jamais enregistré par ce marché et bien supérieur aux 120-145 milliards d’EUR prévus pour cette année”, a-t-il noté. Cela rend également beaucoup plus difficile la mise en œuvre pratique du resserrement quantitatif par la BCE. Même sous la “forme passive”, les flux nets d’obligations d’État européennes pourraient augmenter de 100 milliards d’euros supplémentaires. (reproduction restreinte)
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