Carmignac, l’attention se déplace de l’inflation et des taux vers les rapports trimestriels. Ce à quoi il faut s’attendre

Economie & Finance

La saison de comptes d’entreprise du quatrième quatrième trimestre 2022 et ensuite celle de l’année entière. Et l’attention des investisseurs en actions, étant donné qu’il est maintenant considéré comme acquis que les taux ne baisseront pas de sitôt parce que les banques centrales voudront d’abord voir une baisse de l’inflation, se portera donc à nouveau sur les bilans. Et jamais plus qu’en cette occasion, la résultats sont très attendus face aux craintes de révisions à la baisse, compte tenu du ralentissement attendu de l’économie sur la période. Pour Axelle Pinon, membre du comité d’investissement de la Commission européenne. Carmignac ” le quatrième trimestre de 2022 devrait être la première croissance négative depuis le troisième trimestre de 2020. Les attentes concernant le dernier trimestre de l’année pour l’indice S&P500 ont déjà chuté de plus de 10 % au cours des derniers mois, ce qui laisse de la place pour d’éventuelles surprises.”

Les prévisions pour 2023 n’ont pas suffisamment baissé

“Compte tenu des difficultés conditions macroéconomiques prévues pour cette année, les estimations sur le bénéfices Les bénéfices américains semblent encore optimistes avec une croissance de 4 %. Selon nous, la probabilité d’une récession reste élevée et le scénario d’atterrissage en douceur semble trop optimiste. Nous pensons que les bénéfices seront probablement négatifs cette année, bien qu’ils ne soient pas aussi décevants que ce que l’on pourrait attendre d’une récession classique. Nous pensons donc que la faiblesse des bénéfices sera due à la pression sur les marges”, déclare le gestionnaire de fonds.

Au cours des 12 derniers mois, l’inflation a contribué positivement à la rentabilité des entreprises. Un fort pouvoir de fixation des prix et une consommation résiliente ont permis aux entreprises de répercuter l’augmentation des coûts de production sur les clients.

” Cependant, avec l’augmentation de l’élasticité des prix et la dégradation des perspectives nous assisterons à un affaiblissement de la demande. En conséquence, le pouvoir de fixation des prix devrait diminuer, laissant les entreprises aux prises avec des coûts de main-d’œuvre en hausse et un ralentissement des prix de production ou de la demande. Nous pensons que seules les actions présentant des marges bénéficiaires solides et un endettement relativement faible sont capables de résister à l’impact négatif potentiel de la compression des marges. Nous préférons donc nous concentrer sur la diversification, en équilibrant les secteurs moins coûteux et à faible bêta, ainsi que les valeurs de croissance sélectionnées qui devraient bénéficier de la stabilisation des taux d’intérêt”, poursuit-elle.

Géographiquement, Carmignac s’intéresse à à l’est plutôt qu’à l’ouesten se concentrant sur la Chine et, dans une moindre mesure, sur le Japon. “Les deux pays connaissent des changements majeurs : le premier en raison de la réouverture de l’économie, le second en raison de l’inversion de la politique monétaire. A l’Ouest, en revanche, nous pensons que le marché américain est moins attractif en raison d’une valorisation relative plus élevée et d’un risque plus important pour les bénéfices potentiels. L’Europe, en revanche, est un marché plus axé sur la valeur et l’élimination de l’obstacle énergétique limite le risque de baisse des bénéfices prévisionnels”, explique M. Pinon.

Concentration sur deux secteurs

Biens de consommation et technologie figurent en tête des préférences de Carmignac. Sur le premier front, “nous pensons que les investisseurs devraient se concentrer sur trois points principaux en cette saison des résultats : les entreprises du secteur des biens de consommation les plus à risque sont celles qui ont des problèmes de stocks non résolus et celles dont le pouvoir de fixation des prix est limité ; en l’absence de grandes surprises, il devrait suffire d’assister à un rallye de quelques noms “value”, compte tenu des faibles attentes et du faible positionnement sur le marché ; un segment devrait sortir de la crise ; et le luxe, grâce au pouvoir de fixation des prix, des entreprises comme Hermès ont déjà augmenté leurs prix dans toutes les catégories de produits. Ces augmentations devraient soutenir la croissance des recettes tout au long de l’année 2023. En outre, la reprise de la consommation en Chine devrait soutenir les ventes en Chine et dans le reste du monde.”

Sur le front technologique, le modèle économique de la plupart des entreprises technologiques, qui consiste à mettre en place d’énormes plans d’investissement pour stimuler la croissance à long terme au détriment de la rentabilité à court terme, a été complètement remis en question par les investisseurs au cours de l’année écoulée. En effet, la fin de la politique monétaire accommodante a conduit les investisseurs à se concentrer sur la rentabilité réalisable à court terme. “MétaPar exemple, la Commission européenne, qui continue à être trop agressive avec ses investissements dans des initiatives à long terme malgré les prévisions d’une forte décélération de la croissance des revenus, a été l’exemple parfait de tout ce que les investisseurs ne veulent plus.Cette mentalité prévaudra en 2023. La plupart des entreprises technologiques l’ont compris, comme en témoignent les rapports de licenciements et de réductions budgétaires, même si nous pensons que ce changement de paradigme prendra du temps à être réellement assimilé. La semaine dernière, Satya Nadella, PDG de l’entreprise Microsofta déclaré qu’il y aurait encore deux ans de difficultés avant un rallye technologique massif”, se souvient M. Pinon.

Réduction des coûts, notamment dans les grandes technologies (tels que Meta, Salesforce, Microsoft), auront un effet d’entraînement sur l’ensemble du secteur, puisqu’ils sont les principaux soutiens des investissements technologiques.

“Ces vents contraires devraient affecter le secteur technologique cette saison des résultats et dans les mois à venir. De plus, l’expansion des multiples devrait être beaucoup plus limitée pour ces sociétés qu’au cours des 10 dernières années. Un retour à un environnement inflationniste de 0-2% est peu probable, ce qui implique des taux plus élevés à plus long terme et donc des multiples plus faibles. Cependant, certaines actions, comme Meta, se négocient à des niveaux très élevés, de sorte que la réaction du cours de l’action sera basée sur les données réelles plutôt que sur les données attendues. Toute nouvelle positive sur le front des investissements ou des dépenses d’exploitation pourrait conduire à un fort rebond”, conclut M. Pinon. ()