Banques italiennes, pourquoi Moody’s voit un risque de crédit en 2023

Economie & Finance

Moody’s craint une perte de valeur des BTP détenus par les banques italiennes avec un élargissement du spread (aujourd’hui 13 octobre, il est passé de 240 à 234 points de base). “Les banques italiennes ont une exposition d’environ 10 % à la dette souveraine italienne dans leurs bilans. Avec un élargissement de l’écart, il y a un risque de volatilité et de perte de valeur sur ces investissements dans les BTP”, a souligné Guy Combot, vice-président et analyste principal pour la banque dans la région Emea de Moody’s, lors de la conférence bancaire de l’agence de notation à Milan.

Il convient de rappeler qu’en août de cette année, Moody’s a modifié la perspective de la note souveraine attribuée à l’Italie, la faisant passer de stable à négative, et que, par conséquent, la perspective des banques italiennes a également été modifiée pour devenir négative. Alors que le 5 octobre, l’agence a anticipé le risque concret d’une dégradation de la note du pays, Baa3, en cas de nouveau ralentissement de la croissance également dû à la remise en cause des réformes du PNR ou à des mesures qui augmenteraient le déficit ou la dette à moyen terme. “La note de l’Italie est inchangée depuis quatre ans”, a souligné M. Combot, “alors qu’en août, nous avons changé la perspective de stable à négative en raison des changements rapides qui ont eu lieu”, une référence claire à la chute du gouvernement Draghi.

Le risque de crédit n’est pas présent pour l’instant, il est prévu en 2023.

En effet, la crise énergétique peut ralentir l’économie “et cela pèse sur l’activité des banques : s’il y a une crise, il y a moins d’investissements et moins de commissions”. Dans ce scénario, le coût du risque, “qui était assez bas, pourrait augmenter à nouveau, ce qui aurait un impact sur la rentabilité des banques”, a prédit l’expert qui, toutefois, ne voit pas de risque immédiat : “il n’y en a pas”. Déjà avec Covid, on craignait un impact très important, puis il y a eu les interventions gouvernementales et la reprise économique. En outre, une grande partie des provisions constituées pour le coronavirus n’ont pas été utilisées et seront déplacées pour couvrir les pertes liées à la crise énergétique. Ainsi, pour l’instant, le risque de crédit “est très faible”, a-t-il répété.

Une augmentation du coût du risque de 0,3 % à 0,6 % pour Moody’s serait très forte.

En tout cas, poursuit M. Combot, une partie de la clientèle sera en danger “assez rapidement”. Pour une clientèle à forte capitalisation, “nous ne voyons pas d’impact”. La hausse du coût du risque est donc attendue en 2023. De combien ? “Il est également difficile de le quantifier car il y a toujours un peu de décalage entre le moment où le risque est prévu et celui où il se produit effectivement”. Selon Combot, indiquer une valeur moyenne à la hausse ” ne veut pas dire grand-chose “. Un doublement de 0,3 % à 0,6 % serait très fort pour nous, mais il n’est pas certain que nous y parvenions”.

Rassurer sur la rentabilité

Rassurer sur le plan de la rentabilité. Alessandro Roccati, vice-président senior et analyste pour le secteur bancaire Emea chez Moody’s, a estimé un Roe (mesure du taux de rendement des capitaux propres tangibles) de 7-8% pour les banques italiennes cette année et prévoit une amélioration en 2023 “si la situation reste conforme à nos attentes”, a précisé M. Roccati. Quant à l’effet de la hausse des taux d’intérêt sur les bilans des banques, “il se traduira d’une part par une augmentation du revenu net et d’autre part par une légère détérioration du crédit”.

Enfin, M. Combot s’est attardé sur le PNR, qui est très important pour l’Italie, “une occasion unique d’avoir beaucoup d’argent pour faire les réformes structurelles nécessaires”, a-t-il dit, admettant qu’avec le changement de gouvernement, il pourrait y avoir un ralentissement dans le rythme auquel l’argent sera reçu de l’Europe “parce qu’il pourrait y avoir un désir de changer certaines stratégies”. Si, par conséquent, le nouveau gouvernement italien entend renégocier certains des objectifs du PNR, “il y a un risque de déplacer un peu le calendrier”. ()