Voici pourquoi la récession allemande pourrait freiner le PIB italien, selon Confindustria

Economie & Finance

La croissance de l’économie italienne ralentit, soutenue par les services, mais freinée par des taux élevés. L’inflation est moins élevée, mais les banques centrales augmentent les taux au maximum et le crédit diminue parce qu’il est trop cher. En Italie, les services sont tirés par le tourisme, l’industrie est faible, la construction est en baisse. Les investissements sont freinés, la consommation est incertaine et les exportations de biens sont en baisse. L’Allemagne est en récession, elle sera de courte durée, mais elle peut stopper le PIB de l’Italie. Tel est, en résumé, le tableau dressé par les prévisions économiques rapides du Centro Studi Confindustria, publiées aujourd’hui, 29 juillet.

La dynamique du PIB italien au deuxième trimestre 2023 est estimée très faible, presque stationnaire, comme synthèse du ralentissement de l’industrie et de la construction et de la poursuite d’une croissance (modérée) dans les services. “Les attentes pour le troisième trimestre sont légèrement plus positives. Le prix du gaz a épuisé sa chute et flotte juste au-dessus de son niveau le plus bas, mais l’inflation, qui ne diminue que partiellement, a incité la BCE à relever à nouveau ses taux, ce qui a aggravé les conditions de crédit. Le rapport de la Confédération des Industriels indique que “l’effort d’exportation de marchandises s’est arrêté”.

L’inflation en recul

L’inflation italienne continue sa descente (en juin +6,4% p.a.), grâce au prix du gaz juste au-dessus des plus bas (32 euros par Mwh), qui a finalement ramené les prix de l’énergie à la consommation à un rythme modéré (+2,1%). Les prix des denrées alimentaires restent très dynamiques (+10,7 % après un pic de 12,9 %). mais ralentit, grâce à la stabilisation des prix des matières premières (baisse au cours des deux derniers mois). Les prix de base ralentissent (+4,7 % contre +4,9 %), davantage pour les biens que pour les services, mais le processus ne fait que commencer.

Le coût du crédit en hausse à 4,81% en mai

Avec la poursuite de la hausse des taux d’intérêt (en juillet, la BCE a décidé d’une nouvelle augmentation à 4,25 %, laissant la porte ouverte à d’autres mouvements, jugeant l’inflation encore trop élevée), les entreprises italiennes subissent une augmentation continue du coût du crédit, à 4,81 % en mai. Cela réduit le stock de crédit bancaire (-2,9 % par an en mai).

L’industrie est faible

Si le tourisme reste le principal moteur des services : les dépenses des étrangers en Italie en mai ont été de +13,2% par rapport à 2022 et les passagers des aéroports ont dépassé les niveaux de 2019 au deuxième trimestre, la production industrielle en Italie a rebondi en mai (+1,6%), mais s’est toutefois fortement contractée depuis le début de l’année (-1,9%). Et ce n’est pas tout. En juin, le Pmi manufacturier a continué à baisser, indiquant une forte chute (43,8 contre 45,9) et en juillet, la confiance des entreprises a poursuivi sa chute.

Dans le même temps, la construction ne tire plus l’industrie. En effet, l’activité du secteur a enregistré sa deuxième baisse consécutive en mai (-0,7 %), en recul de 4,3 % depuis le début de l’année. Si les attentes des entreprises en matière de dépenses d’investissement pour les six prochains mois se sont améliorées, elles restent faibles (20,4 contre 14,9 selon l’enquête de la Banque d’Italie). Un crédit plus cher et plus difficile à obtenir pèse sur elles.

Comme si cela ne suffisait pas, Confindustria enregistre une consommation en baisse et des perspectives négatives pour les prochains mois de la part des commandes étrangères des entreprises manufacturières, qui ont atteint en juillet leur plus bas niveau depuis janvier 2021 (-20,6 le solde). Le commerce mondial s’est redressé, en partie seulement, en mai (+0,3%).

La récession en Allemagne sera de courte durée

C’est dans ce sombre tableau que s’inscrit la récession en Allemagne, qui pourrait également freiner l’Italie. C’est pourquoi la Confédération des industriels s’interroge sur son ampleur et sa brièveté. L’économie allemande a débuté l’année 2023 avec un recul du PIB de 0,1 %, après celui de -0,4 % à la fin de l’année 2022. En pratique, elle connaît sa deuxième récession en trois ans. Au deuxième trimestre, l’estimation rapide prévoit une stagnation du PIB. Toujours éloignée de la pré-Covid de plus de 2 points, l’économie allemande croît moins que ses partenaires européens en 2022 (+1,9 %, contre +3,5 % pour la zone euro).

Pour quelle raison ? Le choc d’inflation, qui a culminé en Allemagne à la fin de l’année 2022 (+11,6% en octobre), a fait reculer la consommation privée pendant deux trimestres consécutifs entre la fin de l’année dernière et le début de l’année 2023 (-1,5% en moyenne). Ceci reflète l’érosion du pouvoir d’achat des ménages allemands, malgré la détente des prix de l’énergie qui s’en est suivie.

La faiblesse de la consommation, explique-t-il, affecte principalement les biens : les dépenses en biens durables diminuent (-2,3 % en moyenne au 4e trimestre 2022 et au 1er trimestre 2023, surtout en début d’année), reflétant des conditions d’accès au crédit plus restrictives ; les dépenses en biens semi-durables (-2,0 %) et non-durables (-2,2 %) reculent également. Les dépenses en services diminuent également, mais légèrement (-0,3%) : l’Allemagne est peu liée au tourisme et ne connaît pas de fort rebond post-pandémique de ce type de consommation.

On observe également une réduction de la consommation publique en Allemagne, concentrée sur le premier trimestre 2023. Cela s’explique notamment par les fortes économies que l’économie allemande a pu réaliser sur la consommation d’énergie dans les bâtiments publics (mais aussi dans les bâtiments résidentiels), aidée en cela par la douceur de l’hiver. Par ailleurs, le rebond de l’investissement dans la construction en début d’année (+3,9 %) ne compense pas les trois baisses précédentes (-7,3 % en cumulé) et la valeur ajoutée du secteur reste inférieure aux niveaux d’avant la crise (-2,1 %). Les commandes et les permis de construire affichent également une tendance à la baisse pour les mois à venir en raison de la hausse des coûts de financement. En outre, la pénurie de main-d’œuvre, qui constitue l’un des principaux obstacles à la production, un facteur problématique qui a été ressenti plus fortement en Allemagne que dans d’autres pays européens, pèse également lourdement.

Ombres et lumières sur l’industrie allemande

Contrairement à 2022, dans la première partie de 2023, l’industrie allemande résiste (+1,2% par an de production en janvier-mai), même si le déclin des secteurs les plus énergivores se poursuit (-18,5% en mai par rapport à fin 2021). Le secteur automobile allemand se rétablit après une forte baisse à partir de 2018 (avec le dieselgate), qui s’est intensifiée au cours des années de pandémie en raison des difficultés d’approvisionnement le long des chaînes d’approvisionnement mondiales. Les signaux récents de l’indice PMI (en baisse à 38,8 en juillet) ne laissent toutefois pas entrevoir de perspectives encourageantes pour l’ensemble de l’industrie manufacturière allemande. Le secteur de l’énergie représente 22 % du PIB du pays (17 % dans la zone euro) : les utilisateurs d’énergie représentent à eux seuls 3,1 % (FMI, 2023).

Ainsi, les perspectives ne semblent pas bonnes pour 2023 : les prévisionnistes estiment une récession en Allemagne, largement déjà installée (-0,3% en moyenne par le consensus, -0,5% par la Bundesbank), en raison de la baisse de la consommation des ménages (-1,4%). Les perspectives pour l’année prochaine sont meilleures avec une reprise modérée (+1,1%, +1,2%). Il s’agirait donc d’une récession de courte durée.

La faiblesse de l’Allemagne pourrait freiner le PIB de l’Italie

Les répercussions sur l’Italie ? L’Allemagne est l’un des principaux marchés pour les produits italiens : nos entreprises sont des fournisseurs de diverses industries allemandes, en particulier dans les secteurs de l’automobile et des biens intermédiaires ; lorsque l’industrie allemande ralentit, il y a un impact négatif sur la production italienne, mais sa résistance en 2023 devrait empêcher de nouvelles impulsions négatives, assure la Confédération des Industriels. Toutefois, conclut-elle, “la faiblesse de la consommation allemande pourrait freiner le PIB italien, en affectant à la fois nos exportations de biens finaux et le tourisme des Allemands en Italie, qui génère pour nous de fortes exportations de services”. ()